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Le vraisemblable est-il toujours condamnable ?

Publié le 09/11/2005

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Tous les massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l'idéologie juste ; bref au nom du combat contre la vérité de l'autre, du combat contre Satan.[...]             A la fin de ce XXe siècle, il devrait être clair pour chacun qu'aucun système n'expliquera le monde dans tous ses aspects et tous ses détails. Avoir contribué à casser l'idée d'une vérité intangible et éternelle n'est peut-être pas l'un des moindres titres de gloire de la démarche scientifique. »         II - L'usage du vraisemblable               1) La vérité est réfutable               Pour un grand nombre de philosophes des sciences, la vérité scientifique n'existe pas en tant qu'absolu mais est sans cesse réfutable, notamment par les tests. Elle est donc vraie tant qu'elle n'est pas réfutée. Ainsi, on peut dire que la démarche scientifique évolue dans le vraisemblable : un phénomène est vrai tant qu'il est perçu comme vrai.   Popper, Conjectures et réfutations :               « La connaissance, et la connaissance scientifique tout particulièrement, progresse grâce à des anticipations non justifiées (et impossibles à justifier), elle devine, elle essaie des solutions, elle forme des conjectures. Celles-ci sont soumises au contrôle de la critique, c'est-à-dire à des tentatives de réfutation qui comportent des tests d'une capacité critique élevée. Elles peuvent survivre à ces tests mais ne sauraient être justifiées de manière positive : il n'est pas possible d'établir avec certitude qu'elles sont vraies, ni même qu'elles sont « probables » (au sens que confère à ce terme le calcul des probabilités). »     3)      La vérité s'inscrit dans un système de pensée               La vérité est ainsi souvent considérée comme un discours accepté par une société donnée à une époque donnée parce qu'elle s'inscrit bien dans le système de pensée déjà existant.

             La vraisemblance désigne ce qui paraît vrai, ce qui a les apparences du vrai. Dans le cadre de la recherche de la vérité, le vraisemblable représente donc l’erreur masquée, l’erreur non détectée et donc un obstacle, voire un danger, pour la vérité.

            Mais est-il toujours possible de dissiper le vraisemblable ? Celui-ci ne peu-il être que source d’erreur et ainsi toujours assimilé au mauvais ?

« 1) Raisonner c'est appliquer une méthode Descartes nous explique que pour avoir une raison qui soit juste et vraie, il faut appliquer une méthode.

Pour atteindre la vérité, il faut commencer par éloigner préjugées et opinions trompeurs.

Le vraisemblable est ainsi àexaminer pour savoir s'il est suffisamment fondé en raison ou non. Descartes, Discours de la méthode : « Au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je cru que j'aurais assez desquatre suivants, pourvu que je prisse une ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à lesobserver. Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire d'éviter soigneusement la précipitation et la prévention ; et de ne comprendre rien de plus en mesjugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement a à mon esprit que je n'eusse aucuneoccasion de le mettre en doute. Le second, de diviser chacune des difficultés que j'examinerais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour les mieux résoudre. Le troisième, de conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu, comme par degrés, jusques à la connaissance des plus composés ; etsupposant même de l'ordre entre ceux qui ne se précèdent point naturellement les uns les autres. Et le dernier, de faire partout des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.

» 1) Quitter la seule vraisemblance, savoir admettre de ne pas savoir Platon nous invite à accepter notre ignorance pour commencer à marcher vers la vérité.

Toutes nos connaissances vraisemblables sont des fruits de cette ignorance mais font que nous croyons savoir.

Le vrai sage neprend pas ces assentiments trompeurs pour des vérités et accepte tout simplement de ne pas savoir plutôt que deremplacer le vrai par le vraisemblable. Platon, Apologie de Socrate, 20d-22b : « Or, un jour qu'il était allé à Delphes, il osa poser à l'oracle la question que voici – je vous en prie encoreune fois, juges, n'allez pas vous récrier -, il demanda, dis-je, s'il y avait au monde un homme plus sage que moi.

Orla pythie lui répondit qu'il n'y en avait aucun.

Et cette réponse, son frère, qui est ici, l'attestera devant vous,puisque Khairéphon est mort.

[...] Lorsque j'eus appris cette réponse de l'oracle, je me mis à réfléchir en moi-même : « que veut dire le dieu et quel sens recèlent ses paroles ? Car moi, j'ai conscience de n'être sage ni peu niprou.

Que veut-il donc dire, quand il affirme que je suis le plus sage ? Car il ne ment certainement pas ; cela ne luiest pas permis.

» Pendant longtemps je me demandai quelle était son idée ; enfin je me décidai, quoique à grandpeine, à m'en éclaircir de la façon suivante : je me rendis chez un de ceux qui passent pour être des sages, pensantque je ne pouvais mieux que là, contrôler l'oracle et lui déclarer : « cet homme-ci est plus sage que moi, et toi, tum'as proclamé le plus sage.

» J'examinai donc cet homme à fond.

[...] Il me parut en effet, en causant avec lui, quecet homme semblait sage à beaucoup d'autres et surtout à lui-même, mais qu'il ne l'était point.

J'essayai alors de luimontrer qu'il n'avait pas la sagesse qu'il croyait avoir.

Par là, je me fis des ennemis de lui et de plusieurs desassistants.

Tout en m'en allant, je me disais en moi-même : « je suis plus sage que cet homme là.

Il se peutqu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien,tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir.

Il me semble donc que je suis un peu plus sage quelui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir ».

» Conclusion : Le vraisemblable n'est pas toujours condamnable ; il fait partie de la réalité humaine.

Nous ne savons pastout et nous ressentons le besoin de nous inscrire dans un système de pensée qui explique le monde et nousrassure.

Ainsi, nous nous accrochons à du vraisemblable qui joue ce rôle. Mais, il est source d'erreur pour le philosophe qui recherche une vérité absolue.

Dans ce cas, mieux vautaccepter d'avoir des failles dans sa connaissance que de vouloir les combler par du vraisemblable. La condamnation ou la tolérance du vraisemblable est finalement une question de degré.

Il est humain defaire appel au vraisemblable dans une certaine mesure.

Cela devient dangereux lorsque cet usage est systématiqueet surtout lorsque l'on n'est plus capable de le distinguer du vrai.. »

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