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Les autres peuvent-ils nous aider à être heureux ?

Publié le 27/02/2008

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Quant à ce Dieu, il est très important de remarquer qu'il est souvent pris comme synonyme de la « loi naturelle », c'est-à-dire, par opposition aux conventions et à l'arbitraire des lois de la société, « la raison souveraine et innée, qui nous commande ce que nous avons à faire » (Cicéron, De legibus, I, VI, 18). Aussi, le bonheur dans ce cadre ne pourra être compris que dans l'autonomie et l'indépendance à ce qui ne dépend pas de soi, ainsi, on ne peut compter sur les autres pour être heureux, car ils ne dépendent pas de nous. Certes autrui ne fait pas tout notre bonheur, mais le bonheur semble difficilement accessible dans la solitude.   2) Le bonheur et la solitude sont incompatibles.     Etre heureux, c'est ne plus rien désirer, ne plus vivre dans le manque, la recherche perpétuel de biens. Car : « À désirer toujours ce que tu n'as pas, explique Lucrèce (III, 957-958), à mépriser les biens présents, ta vie s'est écoulée incomplète et sans joie... » Et Pascal : « Nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais » (Pensées, éd. Brunschvicg, fragment 172). Le bonheur manque toujours, et c'est pourquoi tout homme veut être heureux, et ne peut l'être, et en souffre... De là le divertissement.

Demander à autrui que nous soyons heureux, c’est aussi fuir ses responsabilités, se décharger d’un poids ou penser que tout nous ait dû. Il s’agit en vérité de se demander dans quel mesure les autres peuvent construire notre bonheur, si le bonheur est de nature purement personnel, individuel ou s’il doit être vécu dans le partage au milieu des autres. Il s’agit d’opposer une conception du bonheur comme autonomie, autarcie ou d’un bonheur basé sur l’amitié et l’amour. Et si le bonheur n’était tout simplement pas le juste équilibre entre ces deux conceptions, aimer et savoir se suffire qu’à soi-même quand il le faut, partager, et être autonome ?

« 3) Joie et amour : la nécessité de l'autre pour construire le bonheur.

Cette joie réelle, pour Spinoza, ne va pas sans amour.

Qu'est-ce en effet qu'aimer ? C'est se réjouir, explique Spinoza, à l'idée de quelque chose : « L'amour est une joie qu'accompagnel'idée d'une cause extérieure » ( Éthique , III, déf.

6 des affections).

Cette définition, si elle paraît abstraite, rencontre pourtant l'expérience commune :dire à quelqu'un « je suis joyeux à l'idée que tu existes », c'est bien luidéclarer son amour.

Mais, d'ordinaire, nous sommes surtout joyeux - encoren'est-ce vrai, le plus souvent, qu'en imagination - à l'idée de posséder l'autre(auquel cas ce n'est pas lui que nous aimons mais sa possession) ou bien d'enêtre aimé (auquel cas ce n'est pas lui que nous aimons mais son amour), etc'est ce qu'on appelle la passion, toujours égoïste, toujours narcissique, etpromise à l'échec seulement : on ne peut posséder personne, ni être aiméjamais comme on le voudrait, et c'est la seule déception peut-être à laquelleon ne s'habitue pas.

L'amour, au contraire, le véritable amour (celui qui estamour non de soi, mais de l'autre), est généreux toujours : il ne manque derien (il est désir non de ce qui n'est pas, mais de ce qui est), il ne demanderien (puisque rien ne lui manque), il n'espère rien...

Ce n'est pas l'éros dePlaton mais la philia d'Aristote ou d'Épicure, l 'agapè de Jésus ou de saint Paul (1 Cor ., XIII), bref cet amour que les scolastiques appelaient non de concupiscence, mais d'amitié, et c'est bien le nom en effet qui lui convient.L'amant veut posséder l'aimé, et souffre de ne le pouvoir, puis s'ennuie del'avoir pu...

L'ami véritable se réjouit au contraire non de posséder ses amis (il sait bien que c'est impossible, que l'amitié n'illumine jamais que la solitude), pas même d'en être aimé (voilàlongtemps qu'il n'y tient plus, qu'il est libéré de ce petit commerce des sentiments), mais qu'ils soient.

Comment,sauf à aimer des cadavres, en serait-il privé ? Sa joie n'est pas une caractéristique de son amitié, mais sa définitionmême.

Il n'y a pas d'amour ( éros ) heureux ; il n'y a pas d'amitié ( philia, agapè ) malheureuse.

Cela, qui redonne une chance au couple peut-être, donne aussi la formule de la sagesse : le sage est l'ami du monde, de ses amis et desoi-même.

Que cela soit également, et par là même, la formule du bonheur, c'est ce que chacun a compris et, deloin en loin, expérimente.

Sans l'amitié, dit à peu près Aristote, la vie serait une erreur ( Éthique à Nicomaque , VIII et IX), et c'est en quoi, ajoute Épicure, de tous les biens que la sagesse nous procure, « l'amitié est de beaucoup leplus grand » ( Maxime capitale XXVII) : la sagesse ne serait rien sans le bonheur, ni le bonheur sans l'amitié.

C'est aussi ce que Spinoza, bien plus tard et avec d'autres mots, confirmera : il n'est bonheur que de joie ; il n'est joieque d'aimer.

Il n'y a pas d'amour (éros) heureux, et c'est notre part de folie ; il n'y a pas de bonheur sans amour(philia, agapè ), et c'est notre part de sagesse. Conclusion.

La sagesse et le bonheur sont indiscutablement liés dans le problème de l'autonomie de l'individu.

Le bonheur estsavoir faire « bon usage des autres ne pas être dépendant d'eux mais savoir s'entourer des bonnes personnes,comprendre qu'ils peuvent nous construire, nous élever, modifier notre vision du monde et en cela nous aider à êtreheureux.

Mais il n'appartient qu'à nous d'élaborer notre rapport à autrui, nous sommes seul à pouvoir décider lafaçon de nous pouvons nous comporter.. »

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