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Les beaux-arts sont les arts du génie ?

Publié le 13/04/2004

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  • GÉNIE: a) Disposition innée, aptitude naturelle pour une chose (le génie des affaires). b) En art, dispositions permettant de rompre avec une tradition esthétique et de faire preuve de créativité et d'originalité. Beaux-artsArts qui ont pour objet de représenter le beau : ce sont essentiellement la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, la danse et la poésie. • Les beaux-arts s'opposent à la technique et à l'artisanatC'est à partir du XVIIIe siècle que l'art se distingue aussi bien de l'artisanat que de la technique et acquiert ainsi un statut spécifique. D'où l'apparition de l'esthétique comme théorie des beaux-arts. Et, dans la Critique de la faculté de juger esthétique (1791), Kant, même s'il ne prétend pas faire une théorie des objets beaux (car selon lui le beau n'est pas une qualité des objets : il n'y a pas de règles du beau et donc de science du beau), affirme qu'il n'existe pas de belles sciences, mais seulement des beaux-arts. Il accorde même, d'une certaine manière, une supériorité à l'art sur les sciences et la technique, puisqu'il considère qu'il n'y a de génie que dans les beaux-arts. Application rigoureuse de la science, la technique repose sur une méthode scientifique précise dont toutes les démarches sont enseignables, répétables. Il suffit généralement de savoir ce qu'il faut faire pour réussir. Quant à l'artisanat, s'il exige une certaine habileté voire un tour de main qui ne se réduit pas à des recettes d'une application mécanique, il ne requiert, cependant, aucune faculté d'invention ou génie particulier.

  • beaux-arts:

Arts qui ont pour objet de représenter le beau : ce sont essentiellement la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique, la danse et la poésie.

« nature, bien que l'on ait conscience qu'il s'agit d'art ».Le naturel dans l'art est donc le génie produisant comme la nature, sans règle préétablie.

Il s'ensuit que la premièrequalité du génie doit être l'originalité.

Comme l'absurde ou l'insensé peut aussi passer pour de l'originalité, il faut queles produits du génie « soient en même temps des modèles, c'est-à-dire qu'ils soient exemplaires ».

Le génie estdonc aussi originaire.

Autrement dit, il doit être à l'origine d'une école à laquelle il transmet les diverses règles et lesprocédés de son art.Ainsi, le génie se distingue aussi bien de la simple imitation scolaire (l'élève qui reprend le procédé d'un maître pourlui-même, indépendamment de ce qu'il exprimait dans l'œuvre et sans lui donner une nouvelle signification) que dumaniérisme, cette «forme de singerie qui consiste à n'être personnel (singularité) que pour tâcher de s'éloigner leplus possible des imitateurs, sans posséder le talent d'être en même temps un modèle ».Tout artiste, au fond, commence par le pastiche, et s'éveille à son propre génie au contact des œuvres de sesprédécesseurs.

De l'imitation scolaire se distingue « la filiation qui se rattache à un prédécesseur sans l'imiter ».Auquel cas on parle d'inspiration car « les Idées de l'artiste éveillent chez son disciple des Idées semblables, lorsquela nature a doté ce dernier d'une proportion semblable des facultés de l'esprit ».Il n'existe, sans doute, pas de meilleur exemple filiation que celui invoqué par Malraux dans Les Voix silence : latransformation des tableaux rouge et noir Caravage en l'œuvre nocturne de Georges de La Tour.

dernier prend auCaravage ses joueurs, son musicien, s miroir, sa Madeleine, son saint François, son Couronnement d'épines quideviendra le Christ de Pitié, son sain mais aussi et surtout sa relation d'un fond sombre étoffes rouges, et parfoisjusqu'à son rouge; il en éclairage semblable au sien.

Et, pourtant, il abouti presque opposé.

Tandis que, chez leCaravage, sombres sont là pour la lumière, la lumière pour ce qu'e éclaire, ce qui est éclairé pour devenir plus réelque ri pour prendre plus de relief, de caractère ou de drame, contraire, chez La Tour, la nuit règne sans partage etpré la forme séculaire du mystère pacifié.

Le monde devient semblable à la vaste nuit sur les armées endormies dejour, sous la lanterne des rondes, surgissaient, pas formes immobiles.Dire que « les Beaux-Arts sont les arts du génie » signifie donc que l'art exige un talent complémentaire à l'espritd'imitation et qui ne peut être ramené à un savoir transmissible par enseignement.

La façon dont l'artiste réalise sonproduit ne peut être exposée scientifiquement même décrite :« Le créateur d'un produit qu'il doit à son génie ne sait pas lui-même comment se trouvent en lui les idées qui s'yrapportent et il n'est pas en son pouvoir ni de concevoir à volonté ou en suivant un plan de telles idées ni de lescommuniquer aux autres dans des préceptes, qui les mettraient à même de réaliser des produits semblables.

»En cela, l'art se différencie radicalement de la technique, mais aussi de la science dont les démarches sonttransmissibles :« Newton pouvait rendre parfaitement évidentes et réitérables, non seulement pour lui-même, mais aussi pour toutautre et pour ses successeurs, toutes les démarches menant des premiers éléments de la géométrie à ses grandeset profondes découvertes, mais aucun Homère, ou aucun Wieland ne peut montrer comment ses idées riches depoésie et cependant en même temps pleines de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau, parce qu'il nele sait pas lui-même, et du même coup ne peut l'enseigner à personne.

»C'est pourquoi, dans le domaine scientifique ou technique, le plus remarquable auteur de découvertes ne sedistingue que par le degré de l'imitateur et de l'écolier le plus laborieux.« Même si un homme pense ou invente par lui-même au lieu de concevoir simplement ce que d'autres ont pensé,bien plus s'il fait maintes découvertes dans la technique ou la science, donc s'il est un « cerveau » [...], on n'estpas encore fondé par là à l'appeler génie, car tout cela précisément, il eût été également possible de l'apprendre...

»Mais cette faiblesse des sciences et de la technique est aussi ce qui fait leur force puisque les connaissances sonttoujours susceptibles de progrès.

Tandis que l'art rencontre une limite au-delà de laquelle il ne peut aller, «limite qu'ila d'ailleurs vraisemblablement atteinte depuis longtemps et qui .

ne peut être reculée ».

En outre, « l'aptitude propreau génie ne peut être communiquée » et « disparaît donc avec lui ».On retiendra que l'originalité doit être la première qualité du génie.

En tant que talent naturel de donner des règles àl'art, le génie ne peut se plier à aucune règle préexistante.

C'est en ce sens que toute création artistique estoriginale; mais elle l'est aussi en un autre sens, dans la mesure où le génie, en créant des règles, fait école: il peutêtre suivi ou imité.

L'histoire de l'art confirme cette vision de Kant, car il n'est pas de grand artiste qui n'ait eu, enses débuts, des maîtres avant de devenir lui-même un maître.

Tout artiste naît de l'art, participe au monde de l'art.Mais si on ne décide pas de devenir artiste comme on peut décider de devenir ingénieur ou médecin, nul n'est nonplus artiste impunément.

Car si le génie donne l'impression de la facilité, c'est au prix du travail et de la souffrance.Dans les lettres de Van Gogh, le mot travail revient sans cesse, et jusque dans la dernière, celle qu'il portait sur lui,le jour de juillet 1890 où il s'est suicidé: «Eh bien, mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison y a sombré amoitié.

» Tout véritable artiste est poussé par une nécessité interne devant laquelle il est vain de se presser.Comme l'écrit si justement Rilke dans ses Lettres à un jeune poète « Être artiste, c'est ne pas compter, c'est croîtrecomme l'arbre qui ne presse pas sa sève... • Les beaux-arts sont les arts du génie Dire que « les beaux-arts sont les arts du génie », cela signifie donc que l'art exige un talent complètement opposéà l'esprit d'imitation et qui ne peut être ramené à un savoir transmissible par enseignement.

La façon dont l'artisteréalise son produit ne peut être exposée scientifiquement ni même décrite.

En cela, l'art se différencie radicalementde la technique, mais aussi de la science dont les démarches sont enseignables, communicables.

Le génie ne sepliant à aucune règle préexistante semble créer avec la même heureuse spontanéité que la nature.

Mais c'est auprix du travail et de la souffrance.

Dans les lettres de Van Gogh, le mot travail revient sans cesse, jusque dans la dernière, celle qu'il portait sur lui, le jour de juillet 1890 où il s'est suicidé : « Eh bien, mon travail à moi, j'y risque ma. »

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