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Les critères d'humanité de LEROI-GOURHAN

Publié le 06/01/2020

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Les critères d'humanité

A. LEROI-GOURHAN (1911-1986)

L'anthropologie moderne confirme l'importance de l’outil et de l’activité technique dans la définition de l’humanité. Dans le texte qui suit, l’anthropologue André Leroi-Gourhan montre ainsi que la transformation de la nature par l’homme a un fondement biologique.

 

Un peu plus d’un siècle après la découverte du crâne de Gibraltar, quelle image peut-on se forger qui rassemble des critères communs à la totalité des hommes et de leurs ancêtres ? Le premier et le plus important de tous, c’est la station verticale. (...) Tous les fossiles connus, aussi étranges soient-ils que l’Australopithèque, possèdent la station verticale. Deux autres critères sont corollaires du premier : ce sont la possession d’une face courte et celle d’une main libre pendant la locomotion. (...)

 

La liberté de la main implique presque forcément une activité technique différente de celle des singes et sa liberté pendant la locomotion, alliée à une face courte et sans canines offensives, commande l’utilisation des organes artificiels que sont les outils. Station debout, face courte, main libre pendant , la locomotion et possession d’outils amovibles sont vraiment les critères fondamentaux d’humanité.

 

On peut s’étonner que l’importance du volume du cerveau n’intervienne qu’ensuite. En réalité, il est difficile de donner la prééminence à tel ou tel caractère, car tout est lié dans le développement des espèces, mais il me semble certain que le développement cérébral est en quelque sorte un critère secondaire. Il joue, lorsque l’humanité est acquise, un rôle décisif dans le développement des sociétés, mais il est certainement sur le plan de l’évolution stricte, corrélatif de la station verticale et non pas, comme on l’a cru pendant longtemps primordial.

 

André Leroi-Gourhan, Le Geste et la parole, Albin-Michel, 1964, pp. 32-33.

« développement cérébral est en quelque sorte un critère secon­ daire.

Il joue, lorsque l'humanité est acquise, un rôle décisif dans le développement des sociétés, mais il est certainement sur le plan de l'évolution stricte, corrélatif de la station verti­ cale et non pas, comme on l'a cru pendant longtemps primordial.

André LEROI-GOURHAN, Le Geste et la parole, Albin-Michel, 1964, pp.

32-33.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE André Leroi-Gourhan cherche un critère permettant de caractériser tous les hommes, et donc d'abord les premiers hommes.

Contrairement à une idée longtemps admise, ce n'est pas la taille du cerveau qui est le critère premier, mais la station verticale.

Celle-ci a deux conséquences.

Premièrement le raccourcissement de la face.

L'évolution du crâne est caractérisée par la diminution de l'importance de la denture, le développement' du menton et du front.

La face courte permet l'apparition d'organes phoniques qui auto­ risent le langage.

La seconde est la libération de la main, qui permet la trans­ formation de la nature, c'est-à-dire le travail (la disparition des canines offensives, liée au raccourcissement de la face rend d'ailleurs nécessaire l'utilisation de ces organes artificiels que sont les outils).

Ainsi, technique et langage naissent en même temps, et en même temps que l'humanité 1• 1.

Cf.

Le Langage, coll.

«Profil-Notions philosophiques», Hatier, 1993: p.

19.. »

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