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LES ÉCHANGES - MONTESQUIEU

Publié le 30/08/2014

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montesquieu

L'effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l'une a intérêt à acheter, l'autre a intérêt à vendre ; et toutes les unions sont fon­dées sur des besoins mutuels.

Mais, si l'esprit de commerce unit les nations, il n'unit pas de même les particuliers. Nous voyons que dans les pays où l'on n'est affecté que de l'esprit de commerce, on trafique de toutes les actions humaines, et de toutes les vertus morales : les plus petites choses, celles que l'huma­nité demande, s'y font ou s'y donnent pour de l'argent.

L'esprit de commerce produit dans les hommes un certain sentiment de justice exacte, opposé d'un côté au brigandage, et de l'autre à ces vertus morales qui font qu'on ne discute pas toujours ses intérêts avec rigidité, et qu'on peut les négliger pour ceux des autres.

 

MONTESQUIEU.

Analyse du sujet

·    Texte qui ne présente pas de gros problèmes de compréhension, à l'exception de l'expression «justice exacte «, que l'on s'attachera à définir correctement en fonction de ce à quoi elle est opposée par l' auteur.

·    Puisque Montesquieu affirme ici que le commerce produit aussi bien des effets positifs que des effets négatifs, de quoi dépendra sa valeur ?

·    L'esprit de commerce, d'après ce qui en est dit ici, peut-il suffire pour organiser correctement les relations entre les hommes ?

Plan

Introduction

I.   — Le commerce entre collectivités

II. — Le commerce entre individus

— Justice « exacte « et vraie justice Conclusion

montesquieu

« CORRIGÉ [Introduction] Du commerce, on peut se demander, lui appliquant une formule célèbre : «Est-il bon? Est-il méchant?».

Si l'on suit l'analyse de Mon­ tesquieu, il n'est en fait ni l'un ni l'autre, puisqu'il est capable, selon les aspects que l'on en souligne, de produire aussi bien des conséquences positives que des effets déplorables.

On doit donc d'interroger sur ce qu'il pourrait convenir de lui adjoindre pour garantir que son orientation soit toujours bonne.

[1 -Le commerce entre collectivités] Entre deux nations, l'effet des échanges semble être automatiquement positif, puisqu'il favorise des relations pacifiques.

Ces dernières résultent d'une situation de dépendance réciproque : la nation qui achète comble des besoins, celle qui vend y trouve son intérêt (elle pourra remettre la monnaie reçue en circulation pour combler d'autres besoins).

L'équilibre des intérêts déterminerait ainsi une paix durable.

On peut objecter que, dans un tel point de vue, on ne tient pas encore compte de l'inégalité qui peut apparaître entre les nations commerçantes : si ce que l'une propose a peu de valeur, elle aura ensuite du mal à combler ses propres besoins ...

Montesquieu réfléchit en supposant que les valeurs d'usage sont toutes semblables, ou qu'elles sont du moins susceptibles de donner naissance à des échanges suffisamment égaux pour que la nation qui vend ne s'appauvrisse pas relativement à celle qui achète.

On peut ainsi considérer qu'il fait preuve d'un certain optimisme, caractéristique d'une pensée qui ne conçoit pas encore que les exigences des systèmes économiques déterminent fortement les autres aspects de la vie collective.

[Il -Le commerce entre individus] Cet optimisme s'efface lorsque Montesquieu évoque les conséquences du commerce entre particuliers.

Il constate en effet que lorsqu'une popu­ lation n'obéit qu'au seul esprit de commerce, elle en vient nécessairement à considérer que tout peut devenir objet d'échange.

Il n'y a plus alors de différence entre les choses, les actions et les valeurs.

Tout peut s'acheter ou se vendre.

Paradoxalement (relativement à ce qu'affirmera plus tard Marx), c'est ainsi entre les individus que l'économique joue un rôle pervers, en inci­ tant à un trafic généralisé, qui transforme les « vertus morales » en simples marchandises.

On peut ainsi vendre son honneur, ou son prestige,. »

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