Les existentialismes
Publié le 14/05/2014
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Introduction : Le fait de l'existence humaine
L'existentialisme est une philosophie qui prend l'existence comme
centre de sa réflexion. On ne cherchera pas d'abord à mettre en question
des doctrines philosophiques, on n'essayera pas de donner des réponses
ou même d'expliciter des problèmes rencontrés par les sciences ou par la
morale. L'existence humaine est à décrire dans ses traits spécifiques et
c'est à partir de la «réalité humaine« qu'on pourra comprendre ensuite les
efforts des grands philosophes antérieurs, fonder la morale si elle doit être
fondée, interpréter la science dans son sens pour l'existence humaine.
Centrer la réflexion philosophique sur l'existence de l'homme, ce n'est
donc pas limiter la philosophie à cette existence. Tous les problèmes
classiques vont se retrouver posés. Mais l'originalité de l'existentialisme,
c'est de montrer que les réponses aux questions: «qu'est-ce que
l'homme? qu'est-ce que le monde? qu'est-ce que Dieu?« ou dans leur
formulation kantienne: «que dois-je faire? que puis-je savoir? que m'est-il
permis d'espérer?« dépendent toutes de l'idée que l'on se fait de
l'existence humaine.
De quel droit mettre alors l'existence humaine au point de départ de
la philosophie? Pourquoi ne pas partir de Dieu, du monde ou de tout autre
chose? Cela tient à ce que l'existence humaine est pour nous un fait, le
fait sans lequel tous les autres faits ne seraient pas même des faits. Il
n'est pas question de partir d'une hypothèse sur le monde, d'une idée de
Dieu ou de l'homme; mais bien de quelque chose d'indubitable,
l'expérience de mon existence qui m'accompagne. Si, en effet, je ne
disposais pas de cette expérience constamment, je ne pourrais faire
aucune autre expérience, je ne pourrais constater aucun autre fait. Avec
le «j'existe«, l'existentialisme va disposer d'un guide sur lequel il peut
compter dans ses investigations. Il lui suffira de se reporter à cette
expérience primitive pour dissiper des chimères que l'imagination ou le jeu
déréglé de la logique nous entraînent parfois à construire, en guise de
réflexion authentiquement philosophique.
«
compte de la rhapsodie des expériences existentielles des individus
humains?
1) L'existence est le cœur du problème
Dès qu'on quitte la simple constatation «j'existe» pour essayer de
déterminer ce que chacun entend quand il d it «j'existe», on abandonne la
certitude première.
Autrement dit, sortir du pur sentiment de son
existence, c'est se livrer à la séduction, à la tromperie de l'expression.
Dès
lors, le point de départ de la philosophie existentialiste apparaît aussi
comme son problème majeur.
Et c'est dès ce point de départ que vont
diverger ceux qu'on désigne sous le nom de philosophes de l'existence.
Comment procéder pour rendre compte du «j'existe»? Faut -il, à la
manière de Kierkegaard, de Gabriel Marcel ou de Jaspers, r ecommencer
perpétuellement à partir de points de vue divers ce retour vers
l'expérience originaire de l'existence? Faut -il, au contraire, à la manière de
Sartre ou de Heidegger, se lancer dans une investigation systématique
qui essayera de ressaisir l'ens emble de tous les points de vue possibles
sur l'existence? Déjà le mouvement existentialiste se scinde dès qu'il s'agit
de décider des moyens pour réaliser le projet commun.
Mais cette scission
au niveau de la méthode n'est que la première.
On opposera un
existentialisme chrétien (Kierkegaard, Gabriel Marcel) et un
existentialisme athée (Heidegger, Sartre); un existentialisme
individualiste, qu'on rencontre aussi bien chez les chrétiens (Kierkegaard)
que chez des athées (Sartre), et un marxisme fortement te inté
d'existentialisme (Henri Lefebvre, Roger Garaudy).
Même en multipliant
ces dichotomies, on ne parvient pas à une vision claire des parentés et
des clivages.
Prenons un exemple.
Si on retient l'opposition banale:
existentialisme chrétien -existentialism e athée, on obtient bien, d'une part,
l'existentialisme «protestant» avec Kierkegaard, catholique avec Gabriel
Marcel, d'autre part, l'existentialisme athée avec Heidegger et Sartre.
Où
placer Jaspers ou Merleau -Ponty? Malgré ses déclarations, Jaspers
n'ap paraît pas toujours comme un chrétien.
A l'inverse, certaines formules
du dernier livre de Maurice Merleau -Ponty, «le Visible et l'invisible» 1, sont
troublantes sous la plume de quelqu'un qu'on a pris l'habitude de classer
parmi les existentialistes athées , si bien qu'on pourrait se demander si
toute tentative pour distinguer des tendances ou des écoles à l'intérieur
1 M.
Merleau -Ponty: le Visible et l'invisible, ouvrage inachevé, publié après la mort du
philosophe (Gallimard.
Paris, 1964)..
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