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Les faits humains peuvent-ils être traités comme des choses ?

Publié le 06/11/2009

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Un tel sujet, en abordant la comparaison entre les faits humains et les choses, en introduisant la possibilité d’une réification de l’Homme, remet en cause la notion même de nature humaine et tend à la dévaloriser. Cette dernière est en effet composée, entre autres, de deux importants critères, totalement incompatibles avec la notion de chose. La nature humaine est tout d’abord imprévisible et irrationnelle, et ce naturellement car l’Homme a une entité psychique laquelle, de surcroît, il ne contrôle pas toujours (l’inconscient, les pulsions de vie ou de mort, les lapsus…). Ceci est illustré par un extrait de L’introduction à l’étude des sciences humaines, dans lequel l’auteur, Wilhelm Dilthey, montre que si la nature est composée de lois simples, s’explique et est donc PREVISIBLE, il en est tout autrement pour la nature humaine : «Les sciences sociales ne pourraient apporter à l’intelligence de pareilles satisfactions «.  En effet, les sciences humaines, elles, ne s’expliquent pas mais se comprennent d’où une dimension d’imprévisibilité. La nature humaine est également caractérisée par le hasard et la contingence : l’existence du monde se doit en effet au plus  grand hasard (une distance au soleil parfaite,ni trop proche, ni trop éloignée) et n’est pas nécessaire, tout comme l’existence de soi-même (rencontre des deux parents, sélection d’un seul spermatozoïde lors de la conception…).

« Nous avons donc vu que si on considère l'intitulé de l'énoncé « peut-on » dans son aspect de ‘capacité', il est indéniablement possible de traiter les faits humains comme des choses.

Cependant, il est aisé de se rendrecompte que le résultat est opposé lorsqu'on considère le verbe pouvoir sous l'angle de la légitimité.

Il n'est en effet pas légitime, pas éthiquement correct de comparer les faits humains aux choses, et doncles sciences humaines aux sciences de la nature.Ceci est tout d'abord dû au fait que les faits humains sont, en tous points, diamétralement opposés aux choses.Alors qu'une chose est une matière inerte, passive et matérielle, dépourvue de spontanéité et de conscience,l'adjectif humain caractérise, au contraire, tout ce qui est lié à l'actif, à l'immatériel, à la spontanéité et à laconscience.

Cet aspect de l'immatériel implique donc a fortiori les émotions, les valeurs et le langage, puisquel'Homme est sur Terre un animal (et donc qu'il est vivant) et, de surcroît, le seul animal pensant.

Le fait de vouloirappliquer sur lui une science comparable aux sciences de la nature est donc éthiquement intolérable.

L'impossibilitéde comparer les choses aux faits humains peut être illustrée par les notions de causes introduites par Aristote :selon le philosophe grec, les choses sont en effet déterminées par des causes matérielles (c'est-à-dire sous uneaction physique ou chimique) alors que les faits humains sont caractérisés par des causes finales, ce qui veut direque tout action humaine est réfléchie, définie par la recherche d'un but.

De façon parallèle, les sciences de lanature sont nécessaires : ainsi la loi de gravitation, qui montre qu'une attraction s'exerce entre tous les corps,n'aurait pas pu ne pas être.

Par contre, les sciences humaines sont contingentes.

L'anthropologie, par exemple, quiest la science humaine qui étudie les cultures des différentes collectivités humaines montre que celles-ci sont trèsvariées et variables : elles auraient donc pu ne pas être.

Il en découle donc que, comparées aux sciences de la nature, les sciences humaines ne peuvent pas êtreobjectives, c'est-à-dire qu'elles n'ont pas un discours adéquat à leur objet.

En effet, contrairement aux sciences dela nature qui sont obtenues au terme de procédures d'observation et d'expérimentation dans un environnementneutre , les sciences de l'Homme sont, elles, obtenues dans un environnement chargé de valeurs.

Ceci semble logique car, puisque l'Homme pense, il donne une signification à tout ce qui l'entoure et y attache des valeursparticulières.

Ainsi, lorsqu'il s'agit de l'histoire, il paraît impossible de ne pas douter de l'objectivité de cette sciencehumaine.

En effet, il semble extrêmement difficile de reconstruire des connaissances impartiales à partir detémoignages (qui sont forcément subjectifs) et d'évènements chargés de valeurs.En outre, si l'objectivité estvéritablement difficile à atteindre, c'est aussi parce qu'en sciences humaines, le sujet qui étudie est aussi l'objet .

En effet, alors qu'en sciences de la nature, l'Homme étudie autre que soi, ici il s'étudie soi-même ! Dans ce cas précis,comment (malgré toute la bonne volonté du monde !), ne pas faire preuve d'égocentrisme et narcissisme, ou même,dans le cas inverse, de dénigrement en ce qui concerne l'espèce humaine, c'est-à-dire en deux mots, être partial etsubjectif ? Nous avons donc vu que si on considère « peut-on » comme étant de l'ordre de la capacité, il est possiblede traiter les faits humains comme des choses, alors que d'un point de vue de la légitimité et de l'éthique, cecisemble être totalement hors de question.

Face à un tel sujet, on peut donc se demander si ce dernier n'est pasfinalement révélateur de l'esprit du XXI ème siècle, un esprit qui tend à dévaloriser l'humain, et même à ledéshumaniser.

Un tel sujet, en abordant la comparaison entre les faits humains et les choses, en introduisant lapossibilité d'une réification de l'Homme, remet en cause la notion même de nature humaine et tend à la dévaloriser.Cette dernière est en effet composée, entre autres, de deux importants critères, totalement incompatibles avec lanotion de chose.

La nature humaine est tout d'abord imprévisible et irrationnelle, et ce naturellement car l'Homme aune entité psychique laquelle, de surcroît, il ne contrôle pas toujours (l'inconscient, les pulsions de vie ou de mort,les lapsus…).

Ceci est illustré par un extrait de L'introduction à l'étude des sciences humaines , dans lequel l'auteur, Wilhelm Dilthey, montre que si la nature est composée de lois simples, s'explique et est donc PREVISIBLE, il en esttout autrement pour la nature humaine : « Les sciences sociales ne pourraient apporter à l'intelligence de pareilles satisfactions ».

En effet, les sciences humaines, elles, ne s'expliquent pas mais se comprennent d'où une dimension d'imprévisibilité.

La nature humaine est également caractérisée par le hasard et la contingence : l'existence dumonde se doit en effet au plus grand hasard (une distance au soleil parfaite,ni trop proche, ni trop éloignée) etn'est pas nécessaire, tout comme l'existence de soi-même (rencontre des deux parents, sélection d'un seulspermatozoïde lors de la conception…).

Enfin, la formulation d'un tel sujet remet en cause la notion d'unicité inhérente à l'Homme et semble tendre. »

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