Devoir de Philosophie

Les historiens ne se bornent-ils pas à raconter des histoires ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

.../...

Le deuxième risque d'une telle approche positive de la réalité historique réside dans l'affirmation d'une théorie de la causalité historique. Les faits politiques permettraient de rendre compte de toute la réalité historique. Par exemple, l'historien Seignobos, en 1924, conclut que la crise mondiale ouverte en 1914 oblige «à reconnaître à quel point les phénomènes superficiels de la vie politique dominent les phénomènes profonds de la vie économique, intellectuelle et sociale« (ibid.). Sur le plan des événements politiques, l'explication positive mettrait en oeuvre «une philosophie déterministe du changement, du devenir humain «, puisque « la succession des faits en un récit chronologiquement ordonné [...] postule des relations simples de cause à conséquence« (R. Mandrou, article cité). Ainsi, l'historien positiviste qui voudrait n'exposer que le simple récit des faits, tels qu'une méthode objective les établit, ne dit pas simplement ce qui s'est passé; il exprime nécessairement, sans les critiquer, des thèses philosophiques, celles qui sont dominantes à son époque ou celles qui lui sont propres.

   L’historien n’est-il pas un romancier qui s’ignore ? Si l’histoire est la connaissance du passé humain et si le passé est dépassé, n’est-ce pas dire que tout historien est condamné à inventer le passé humain ? L’histoire comme science n’est-elle pas un roman vrai, une fable authentique ? Il est vrai que le mot ‘histoire’ est polysémique. Il signifie, en son sens grec historia, enquête, recherche ; puis récit ; enfin histoire. Comment l’historien peut-il, par son étude de l’histoire-réalité, rattraper ce qui a vraiment eu lieu dans le passé ? Comment dire la réalité passée qui n’est plus autrement que par le recours à la fiction ? Ces questions pour surprenantes soient-elles reçoivent leur légitimité lorsque l’on cherche à dissocier le récit historique du roman historique. En effet, comment dissocier un manuel d’histoire d’un roman historique relatant les mêmes faits ? L’histoire est-elle un pur roman ou un savoir indispensable accédant à la scientificité des sciences humaines ? Il est donc nécessaire de questionner les conditions de possibilité pour l’histoire de se présenter comme science. L’enjeu philosophique ne porte pas seulement sur le travail effectif des historiens, il engage l’être de l’homme comme être historique, c’est-à-dire implique une redéfinition de l’homme en son humanité.

  • I) Les historiens se bornent à nous raconter des histoires.

a) On ne peut être sûr que de ce dont on est le témoin.
b) L'histoire change d'époque en époque.
c) L'historiens est un conteur.

  • II) Les historiens ne se bornent pas à raconter des histoires.

a) Plus le temps avance, plus la connaissance se précise.
b) L'historien travaille sur le long terme.
c) L'historien n'est plus un conteur mais un authentique scientifique.

.../...

« L'impossibilité d'éviter la forme du récit dans la discursivité historique Comment choisir les faits significatifs?Si rigoureuse que soit la méthode, si objective et parfaite que puisse être sa connaissance des faits, l'historien doitcommencer par choisir, parmi tous les faits possibles, ceux qu'il considérera comme significatifs, par opposition àceux qui seront insignifiants.

Un tel choix est nécessaire : il serait impossible de tout retenir, le passé est trop riche.Refuser de choisir, c'est accepter et entériner d'autres choix, ceux que dicte l'époque historique dans laquelles'inscrit l'historien et qui s'imposent à lui éventuellement à son insu, ou encore ces choix qui expliquent l'abondanceet l'«évidence» de certains documents sur certains faits (par exemple les événements politiques) et l'absence, ou larareté et l'obscurité d'autres données, portant sur d'autres faits, dont l'insignifiance peut être et a été discutée (parexemple les mentalités, les faits économiques, etc.).

Le choix des faits significatifs s'appuie sur des critères,explicites ou non, qu'aucune «méthode scientifique» ne peut donner, puisqu'elle les suppose.

On voit qu'il estimpossible d'opposer le savant qui, «dit-on, reconstitue les faits » et le philosophe qui «les apprécie»: l'historienexprime par ses choix une certaine évaluation qui peut être dite philosophique, puisqu'elle n'est pas le constatscientifique, et ne peut l'être.Comme l'écrit encore R.

Aron: «L'historien, selon la formule courante, doit être impartial.

Mais toujours il rattache unacte à ses causes ou à ses conséquences: réponse adaptée ou inadaptée, décision efficace ou inefficace [desacteurs historiques].

En ce sens, il utilise le critère que suggère l'éthique historique: le succès.» On voit qu'il sembleimpossible de tracer la frontière qui séparerait une histoire exposant les faits tels qu'ils se sont passés et unehistoire construisant son objet, un passé jugé significatif. Fonction de la synthèse historiqueOn oppose souvent à l'établissement des faits – qui n'impliqueraient aucune thèse philosophique – l'élaboration d'unesynthèse historique, l'articulation des faits à l'intérieur d'un ensemble qui permet de les interpréter, de définir causeset conséquences, etc.

C'est sur ce plan que l'historien ferait appel à des philosophes ou à des thèsesphilosophiques.

Une telle opposition, cependant, est un peu artificielle: le choix des faits, nous l'avons vu, mais aussileur détermination, requièrent une idée de leur sens, de leur valeur, qui engage déjà une démarche de synthèse.

Parexemple, Lucien Febvre remarque que l'historien ne cherche pas des faits à travers le passé «comme un chiffonnieren quête de trouvailles, mais part avec, en tête, [...] une hypothèse de travail à vérifier».

Car, précise-t-il, «le faiten soi, cet atome prétendu de l'histoire, où le prendrait-on ? L'assassinat d'Henri IV par Ravaillac, un fait ? Qu'onveuille l'analyser, le décomposer en ses éléments, matériels les uns, spirituels les autres, résultat combiné de loisgénérales, de circonstances particulières de temps et de lieux, de circonstances propres enfin à chacun desindividus, connus ou ignorés, qui ont joué un rôle dans la tragédie : comme bien vite on verra se diviser, sedécomposer, se dissocier un complexe enchevêtré...

Du donné ? Mais non [...] de l'inventé et du fabriqué, à l'aided'hypothèses et de conjectures, par un travail délicat et passionnant » (Combats pour l'histoire, A.

Colin, 1965). Conclusion L'historien ne semble décidément pas pouvoir se contenter d'être celui qui raconte simplement les faits, tels qu'ils sesont passés.

Én effet, un tel projet n'est pas réellement praticable.

S'il veut parvenir à une connaissance objective,l'historien est conduit à prendre conscience de prénotions, préjugés et autres théories naïves à travers lesquels ilchoisit et analyse certains faits dans des perspectives discutables.

Son travail serait alors de substituer à cescatégories des hypothèses théoriques qui le conduiraient à re-interroger les documents connus (ou à en chercherd'autres) pour les confirmer ou les infirmer.

Ce faisant, l'historien ne se borne pas à «raconter des histoires», il neraconte pas simplement ce qui s'est passé.

Il cherche à établir et son enquête est interminable. PLAN IntroductionI.

« Raconter des histoires » suppose un travail préalable de l'historien.1.

L'historien doit déterminer quelles histoires il doit raconter.2.

Les histoires elles-mêmes sont des reconstitutions de l'historien.3.

L'historien doit rassembler et juger ses sources.II.

Quelles conceptions de l'histoire guident le travail de l'historien ?1.

L'historien est soumis à l'épreuve des faits.2.

L'historien s'oriente selon différentes approches : « raconter des histoires » n'est qu'une manière de faire del'histoire.3.

Les approches de l'histoire sont elles-mêmes historiquement situées : l'historien est à la croisée de deux esprits.III.

Des histoires ou l'histoire?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles