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Les hommes ne vivent-ils ensembles que par intérêt ?

Publié le 16/08/2012

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Il me paraît clair que les hommes ne vivent pas ensembles seulement par intérêt – même si beaucoup utilisent la société à des fins personnelles, cela est plus une conséquence qu’autre chose – puisque vivre en société peut avant tout être considéré dans la nature de l’homme. L’homme ne peut se passer de la vie en communauté. Tout ce qu’il apprend, tout ce qui le forme, il le doit à la société. Sans elle il ne pourrait communiquer, ou aimer… Elle lui est indispensable pour apprendre à vivre, et survivre. Enfin, l’intérêt collectif permet à la société d’avancer et d’être de plus en plus autonome. Cela est utile à l’homme pour sa survie, donc indispensable. La liberté, l’égalité des hommes n’auraient pu s’obtenir sans une union, une volonté de changer pour le bonheur de l’humanité, pour un avenir meilleur. Toutes ces idées sont propres à l’homme et pointent l’amour des hommes les uns pour les autres, excluant totalement l’idée d’un profit individuel. Même si, attention, il ne faut pas se tromper, l’intérêt personnel, l’égoïsme, sont bien présents dans la société et l’ont toujours été. Seulement cela ne constitue pas la motivation des hommes à vivre en société, ou pas uniquement.

D’ailleurs, une des critiques de notre société actuelle, est justement de favoriser un intérêt individuel plutôt que collectif. Surtout depuis la mondialisation et l‘influence du système libéral des Etats-Unis : l’homme semble être à la recherche de son intérêt égoïste, des vertus de la société libérale et de la compétition (c’est la reproche du Homo oeconomicus).

« individu devrait être autosuffisant et penser d'abord à lui.

Emerson dira même : « Ne me parlez pas, comme un homme vertueux m'a parlé aujourd'hui, de monobligation de mettre tous les pauvres dans des bonnes situations ».

L'homme qui paraitrait faire partie de la société par obligation, trouverait bien davantage qu'unepromesse à sa survie.

Il chercherait uniquement un profit individuel en tirant du partage humain des bénéfices qui le mèneraient au bonheur.

Machiavel dénoncel'opportunisme de l'homme qui, aspirant au pouvoir, se sert de la société pour arriver à ses fins.

Il ne croit pas en la sociabilité de l'homme.

Tout est rapport de force.Et, pour revenir à l'exemple de Bill Gates, il est clair qu'un tel acte de générosité n'est pas totalement dépourvu d'intérêt personnel.

Sûrement souhaitait-il (rien qu'unpeu…) donner une bonne image de lui à l'opinion publique.C'est d'ailleurs en observant l'échec des sociétés contemporaines que se sont formés certains mouvements, comme les mouvements anarchistes.

Il est vrai que lesinégalités entre les hommes et que l'égoïsme des plus riches a conduit certains à une dénonciation de la société en elle-même : il faudrait la détruire et toutrecommencer à zéro.

Les hommes ont tendance à agir en fonction de leur intérêt propre, à ne pas aider les plus pauvres, mais à les écraser au contraire.

Cesmouvements ont voulu se battre contre une société qui leur semblait être fondée sur le simple intérêt personnel.

L'anarchie revendique la multiplicité face à l'unicité.Il s'agirait d'abolir toutes les formes de l'exploitation de l'homme par l'homme pour que règnent égalité entre les individus, liberté et même collectivisme.

Cesmouvements ne sont pas du tout basés sur un intérêt personnel, mais prouvent que la société l'est et ils veulent se battre contre cela. Ainsi, pour certains, l'homme et la société sont en fait dissociés : il y entre non pas par nécessité mais par intérêt strictement personnel.

Cependant, dans la question,on peut aussi comprendre le mot intérêt dans un sens plus fort : l'intérêt commun.

Et au cours des siècles, les hommes ont montré qu'ils ne vivaient pas ensemblesseulement égoïstement puisqu'ils se contraignent, ils agissent bien souvent avec sagesse pour un bien être commun.

Le simple intérêt n'est alors pas toujours l'uniquejustification de l'existence de la société. Freud, en étudiant l'homme avec sa psychanalyse, nous apprend que la vie en communauté exige de l'humain des sacrifices qu'il ne lui est pas naturel de consentir.L'homme, dans la société, est ainsi contraint à la frustration et au refoulement.

« Un homme, ça se retient » disait même Camus.

Il s'agit en effet de se retenir et de nepas s'adonner gratuitement à toutes nos pulsions comme Sade pouvait, lui, le penser.

Sinon, il n'y aurait plus de société, Margaret Thatcher aurait raison.

Si leshommes n'agissaient qu'en fonction de leur propre intérêt, cela serait terrible.

Où serait la morale ? Si tous les hommes n'écoutaient que leurs pulsions et qu'aucunesrègles au nom d'un bien commun n'étaient fixées, viols et meurtres seraient omniprésents aujourd'hui.

Mais le fait que l'homme se restreigne, qu'il n'écoute passeulement son « appétit » est une preuve que la société n'est pas un artifice inventé par les êtres seulement pour survivre et pour leur propre intérêt.

L'individu n'estpas un moyen pour la société et la société n'en est pas un pour l'individu.

L'altruisme existe et a toujours existé.

L'égoïsme aussi, sûrement, mais pas seulement.

Il nepeut constituer le seul fondement d'une vie en société entre les hommes.

Cela serait considérer l'homme comme un animal que d'affirmer cela.

Et justement, ce quidifférencie les sociétés animales et humaines, c'est que les premières sont gouvernées par l'instinct alors que les deuxièmes sont gouvernées par des lois, desdémocraties parfois, ou des organisations.

En effet l'homme s'adapte à des règles, des lois institutionnelles.

Il doit se contraindre, et ne pas se laisser aller à ses simplesdésirs, ses simples envies, ses simples ambitions.

L'intérêt personnel ne suffit pas en société.

Sinon il n'y aurait pas de monde humain, pas de société et pas deculture … Tout serait un gigantesque chaos.

C'est donc un leurre de croire que les hommes s'arrêtent à penser à leur intérêt propre en société.

D'ailleurs, le sociologueJoseph Fichter définit la société comme étant « l'ensemble des modèles d'organisation et d'interrelation, des individus et des groupes, des associations, desorganisations et des institutions qui concourent à la satisfaction concertée des besoins de la collectivité ».L'homme va au-delà de ses propres intérêts.

Et dans l'histoire, de nombreux exemples existent.

En avril 1859, lorsque Godin concrétise l'idée de Fourier (lephalanstère) en créant son familistère, c'est au nom de l'égalité et pour une amélioration de la vie des hommes, et notamment ici des ouvriers.

Le familistère prendd'ailleurs comme deuxième nom le « palais social ».

Il s'agit avant tout d'un espace de logement pour les ouvriers de son usine.

Mais le projet est aussi politique etsocial : il s'agit de permettre aux habitants des équipements d'infrastructures, mais aussi une protection sociale et une morale nouvelle.

Il propose l'abolition dusalariat, en associant capital et travail.

Tout ce qu'il invente se fait pour le bonheur des hommes.

Il organise une proximité entre les habitants : il crée une sorte decommunauté.

De plus, le familistère est une innovation architecturale (réalisation d'une utopie).

Il entreprend des constructions monumentales (un lavoir, des jardins,un théâtre…).

Tout est très grand.

A propos de l'architecture, Godin parlera de « la représentation de l'union parmi les hommes ».

Et lui-même se prête au jeu, il n'estpas plus privilégié que les autres.

Dans cette manoeuvre, il n'a rien à gagner personnellement.

S'il réalise tout ceci, c'est plutôt par altruisme que par égoïsme.

Sonprojet, contrairement aux constructions paternalistes, influencent réellement le progrès social, les moeurs.

Il y a véritablement un projet politique.De plus, nous avons vu dans la deuxième partie que certaines actions philanthropiques pouvaient être intéressées, ou du moins pas totalement sincères.

Mais nous nepouvons pas généraliser cela.

Par exemple un donateur anonyme qu'a-t-il à gagner ? Personne ne lui sera reconnaissant pour ce geste, ni ne le félicitera, car il n'aurapas divulgué son identité.

De même, pendant la seconde guerre mondiale, des « justes » ont caché des juifs sans en attendre récompense, ni médaille.

Bien sûr, encorenous pouvons nous demander s'ils ont fait cela pour soulager leur conscience, ou encore par compassion… La question est complexe et nous ne pouvons généraliser.Cela montre tout de même assez bien que l'homme ne vit pas en société toujours pour son intérêt propre, mais qu'il a également un comportement altruisteindispensable pour une cohérence sociale.

Et Sénèque disait « Ma patrie, c'est le monde ».

Les objectifs de l'homme ne doivent pas s'arrêter à ses intérêts propres, ildoit considérer le monde autant qu'il se considère.

Aujourd'hui, dans un contexte de mondialisation, tout cela est encore plus vrai.

Les hommes, tout en gardant uneidentité nationale qui leur est propre, doivent considérer le monde comme étant leur « patrie ».

Ils doivent agir pour que règne un équilibre mondial, ils doivent lutterpour le développement des pays les plus pauvres parce que cela les concerne.

Ils ne peuvent pas rester enfermés, face à leur propre sort, uniquement.

Ils doivents'ouvrir et réagir, au nom d'un bien être commun.

Altruisme et solidarité doivent être plus forts dans le monde actuel. Il me paraît clair que les hommes ne vivent pas ensembles seulement par intérêt – même si beaucoup utilisent la société à des fins personnelles, cela est plus uneconséquence qu'autre chose – puisque vivre en société peut avant tout être considéré dans la nature de l'homme.

L'homme ne peut se passer de la vie en communauté.Tout ce qu'il apprend, tout ce qui le forme, il le doit à la société.

Sans elle il ne pourrait communiquer, ou aimer… Elle lui est indispensable pour apprendre à vivre,et survivre.

Enfin, l'intérêt collectif permet à la société d'avancer et d'être de plus en plus autonome.

Cela est utile à l'homme pour sa survie, donc indispensable.

Laliberté, l'égalité des hommes n'auraient pu s'obtenir sans une union, une volonté de changer pour le bonheur de l'humanité, pour un avenir meilleur.

Toutes ces idéessont propres à l'homme et pointent l'amour des hommes les uns pour les autres, excluant totalement l'idée d'un profit individuel.

Même si, attention, il ne faut pas setromper, l'intérêt personnel, l'égoïsme, sont bien présents dans la société et l'ont toujours été.

Seulement cela ne constitue pas la motivation des hommes à vivre ensociété, ou pas uniquement.D'ailleurs, une des critiques de notre société actuelle, est justement de favoriser un intérêt individuel plutôt que collectif.

Surtout depuis la mondialisation etl‘influence du système libéral des Etats-Unis : l'homme semble être à la recherche de son intérêt égoïste, des vertus de la société libérale et de la compétition (c'est lareproche du Homo oeconomicus).

Mais justement, l'altruisme semble s'être lui aussi mondialisé, médiatisé, « internétisé ».

Dans la Théorie des sentiments moraux(1759) Adam Smith affirmait : « Il y a dans la nature de l'homme des principes qui le conduisent à s'intéresser à la fortune des autres et qui lui rendent nécessaire leurbonheur, quoi qu'il n'en tire rien d'autre que le plaisir de les voir heureux ».

Amartya Sen également, prix Nobel d'économie en 1998, s'aligne dans son dernierouvrage (l'Idée de justice, 2010) sur l'approche d'Adam Smith, montrant qu'à côté de l' « amour de soi », les comportements individuels peuvent être justifiés par« l'empathie, la générosité et l'esprit public ».

La société d'aujourd'hui, celle qu'on nomme la « génération internet » n'est pas plus égoïste que les précédentes.D'ailleurs, nous le voyons bien, lors de la révolution tunisienne qui a conduit à la démission du dictateur Ben Ali, si les gens ont pu se réunir si rapidement et sinombreux c'est grâce à internet.

La société actuelle est solidaire et agit encore pour le bien commun.

La « société internet » est loin d'être fermée à toute formed'émancipation de l'homme en société, et non à l'extérieur.. »

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