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LES IDÉES CHEZ PLATON

Publié le 15/03/2011

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Leur nature. — Les Idées, fulgurations du soleil intelligible, sont invisibles pour les yeux du corps et ne peuvent être senties ; il faut se garder de prendre au pied de la lettre le mythe du Phèdre où Platon parle poétiquement d'une promenade des âmes dans le champ des Idées; aucune expérience ne peut livrer aucune Idée ; si elles sont des essences, si elles ont des propriétés fixes, définies, c'est précisément parce qu'elles ne peuvent tomber sous les sens ; des choses égales peuvent en un certain sens devenir inégales; mais l'égalité en elle-même est toujours identique à elle-même.    Elles sont séparées des choses sensibles et séparées les unes des autres. Un nombre aussi considérable qu'on le voudra de faits ne remplira jamais l'universalité de l'Idée ; de même que le Bien est d'une autre nature que l'Idée, l'Idée est d'une autre nature que la chose. Et cette différence tient à ce que dans la chose les contraires se transforment sans cesse l'un dans l'autre, tandis que, dans l'Idée, ils restent purs de tout mélange.    Les Idées sont parfaites; elles sont comme remplies d'être; elles sont purement et simplement, absolument. Parfaites et ne pouvant se rencontrer en aucun lieu, elles sont également en dehors du temps; elles ne sont pas perpétuelles, mais éternelles.

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« celles-ci et impénétrables les unes aux autres.

Alors des difficultés insurmontables surgissent : l'Idée est toutentière dans chaque objet, ou seulement en partie, mais dans le premier cas elle perd son unité, et devient multiplecomme les choses mêmes qui y participent; et, dans le second, un objet petit, par exemple, qui, dans l'hypothèse,serait une partie de la petitesse, serait plus grand que la petitesse même, ce qui est absurde.

Il est impossible de sereprésenter, à la manière de certains amis des Idées, au-dessus et en dehors du monde sensible, des Idéesabsolues, parce qu'alors, nous qui faisons partie de ce monde sensible, nous ne pourrions avoir la science de cesIdées et que, d'autre part, la science parfaite et le dieu qui peut-être la possède ne nous connaîtraient pas, nousqui existons.

Toutes ces impossibilités viennent de ce qu'on s'obstine à considérer les Idées comme des choses, dece qu'on se les représente comme des objets étendus, en dehors par conséquent du monde sensible étendu, etimpénétrables les unes aux autres.

[Parménide, 131-135.) Dans cette longue et subtile discussion qui se développe à travers les trois dialogues du Parménide, du Sophiste etdu Politique, et que nous ne pouvons reproduire dans ce court exposé, le principe directeur de Platon est celui-ci(Sophiste, p.

249 C) : « Il faut combattre avec toutes les armes du raisonnement celui qui, détruisant la science, lapensée, l'intelligence, prétend encore pouvoir affirmer quelque chose de quoi que ce soit.

» Or il montre que c'estdétruire la science que de soutenir que les Idées sont absolument séparées les unes des autres ; car la science,nous le savons, est un cheminement à travers les Idées ; c'est donc qu'elles ne sont pas parfaitement définies, quequelque chose de la nature de chacune d'elles est répandu dans toutes les autres, que dans chaque Idée il y abeaucoup d'être, mais infiniment de non-être.

Mais n'est-ce pas là un scandale pour la raison; quoi! jusque dansl'être se glisserait ce principe de destruction qui fait périr sans cesse le monde sensible ; jusque dans l'être, il yaurait du non-être ! Que devient le principe posé par le philosophe d'Élée, le grand Parménide : « L'être est, le non-être n'est pas, tu ne sortiras jamais de cette pensée ? » Platon hésite longtemps avant de rompre avec l'anciennephilosophie : « Mais quoi, par Zeus ! s'écrie-t-il (Sophiste, 249 A), nous persuadera-t-on si facilement que lemouvement, la vie, l'âme, l'intelligence ne conviennent pas à l'être complètement réel, que cet être ne vit ni nepense, et qu'il demeure immobile, immuable, sans avoir part à l'auguste et sainte intelligence? » Et, pour sauverl'intelligence, il nt craint pas de commettre un parricide , il rejette le principe de Parménide et proclame que l'êtreabsolu, définitif, figé dans une immobile perfection n'est pas, et qu'au contraire le non être, mobile, insaisissableexiste, et pénètre même dans le monde intelligible.

Il en est des Idées comme des lettres de l'alphabet, dont lesunes s'accordent et les autres ne s'accordent pas; tout le monde ne sait pas distinguer les lettres qui peuvent êtrealliées entre elles de celles qui ne le peuvent pas ; pour opérer comme il faut ces alliances, il faut un art, lagrammaire.

De même la musique est l'art de connaître les sons qui peuvent ou non s'accorder.

De même enfin, lascience des hommes libres, la dialectique, est l'art de diviser par genres, de ne pas prendre pour différentes lesespèces qui sont identiques, ni pour identiques celles qui sont différentes. Ainsi l'influence du principe contraire au Bien se fait sentir jusque dans la première production du Bien, dans lesIdées; il y a du non-être, c'est-à-dire du changement dans les Idées.

Mais alors leur fixité est détruite? Il est peut-être permis de supposer qu'ici intervenait la mystérieuse théorie des Idées — nombres que Platon professa, dit-on,dans son enseignement secret, et sur laquelle Aristote ne nous a laissé que des renseignements ambigus.

Si chaqueIdée peut s'allier aux autres, et par suite devenir multiple par ses relations avec celles-là, dans le mélange des Idéestoutefois certaines proportions doivent être gardées ; le dialecticien est celui qui a le sentiment de cette harmonie,dont Platon croyait pouvoir donner une formule mathématique.. »

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