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Les objets mathématiques sont-ils « du ciel »ou « de la terre » ?

Publié le 18/01/2004

Extrait du document

Cela suppose qu'entre ces deux triangles je perçoive une relation d'identité. d)     Ce que Locke critique, en réalité, c'est l'existence d'idées innées. Les objets mathématiques procèdent de l'expérience. L'idée du chiffre 2 provient par exemple de l'expérience de 2 poires et 2 pommes dont nous l'avons abstraite. Le problème qui se pose, néanmoins, c'est que selon le principe des indiscernables, rien n'est identique à rien. Un pomme n'est jamais identique à une autre pomme, il faut au préalable que l'homme ait la capacité de considérer comme strictement identique ce qui en réalité ne fait que se ressembler. En outre, la réalité ne présente aucun triangle parfait.   Les objets mathématiques sont du ciel.   a)      Dans la nature, il  n'y a ni cercle, ni triangle, ni chiffre. Comment dès lors pourrions-nous en avoir l'idée seulement par expérience ?

Analyse du sujet :

Pour traiter un tel sujet, il faut commencer par cerner, dans un premier temps,  ce que sont les objets mathématiques :

Les mathématiques sont une science non-expérimentale qui consiste à construire des univers à partir de propriétés arbitraires : les axiomes. Ces axiomes définissent les lois fondamentales de construction. La démarche mathématique est hypothético-déductive, c’est-à-dire qu’elle pose des hypothèses et procède par déduction à partir de ces hypothèses. La valeur de vérité de ces hypothèses peut être discutée.

Un objet mathématique, c’est donc un objet construit selon des règles de construction posées à l’avance.  Un triangle, un carré peuvent être réduits en une formule mathématique. Un carré parfait n’existe pas dans la nature. Ce sont des objets essentiellement abstraits et construits qui se situent dans l’esprit.

Dans un second temps, il faut comprendre ce que signifie l’image métaphorique « du ciel « ou de « la terre «. Il s’agit de se demander comment nous venons à pouvoir penser de tels objets ?

L’alternative « ciel « ou « terre « renvoie à deux grands courants de la philosophie de la connaissance : l’idéalisme et l’empirisme.

Problématisation :

            L’objet mathématique n’existe pas dans la nature. Il semble donc que ces objets soient essentiellement des idées dont l’origine n’est pas l’expérience sensible. D’un autre côté si tel est le cas il faut expliquer comment ces objets sont constitués, à partir de quels éléments premiers. Enfin, il faut rendre compte des mathématiques appliquées, comment l’application des mathématiques dans le monde est possible, si les objets qu’elle pense ne renvoie à aucune réalité ?

« SUPPLEMENT: LA NATURE DE L'OBJET MATHEMATIQUE Et d'abord: de quoi parlent-ils? Quelle est la nature de l'objet mathématique? 1) Un être idéal... Lorsqu'un géomètre fait une démonstration sur, par exemple, un cercle, il appuie sa démonstration par une figure, un dessin.

Mais sadémonstration ne porte pas sur ce dessin.

Pour que son raisonnement ait une valeur générale, il doit porter sur le "cercle en soi", surl'idée de cercle, pas sur le cercle qu'il a dessiné. Si on veut trouver le rayon d'un cercle dont on connaît la superficie, il y a deux manières de procéder. 1) Soit on dessine un cercle qui ait la superficie requise et on mesure son rayon: c'est la méthode empirique, approximative (le cerclen'aura jamais la superficie requise, on mesure le rayon avec une certaine marge d'erreur, etc...), qui vaudra pour ce cercle-ci, paspour un autre. 2) Soit on construit l'idée de cercle dans sa tête, et on cherche le rapport qui peut exister entre rayon et superficie (S = pi R²).

Cecalcul aura une valeur générale (valable pour tous les cercles) et sera exact.

Finalement, pour le géomètre, il n'y a qu'un seul cercle,c'est l'idée de cercle qui contient en elle tous les cercles possibles, c'est un cercle sans diamètre précis, mais qui contient tous lesdiamètres possibles.

Le diamètre n'est pas autre chose qu'un rapport avec la circonférence. On peut donc dire que l'objet mathématique est un être idéal ; même si le géomètre trace des figures pour illustrer son raisonnement, il ne raisonne pas d'après ce qu'il voit sur cette figure.

La figure sensible du cercle n'est pas le vrai cercle.

Si l'on y regarde de prèsd'ailleurs, le cercle que je peux tracer, même au compas, n'est jamais tout à fait sphérique.

Le cercle n'existe vraiment comme cercle qu'en idée. Cf.

le texte suivant de Platon Ils (les géomètres) se servent de figures visibles et ils raisonnent sur ces figures, quoique ce ne soit point àelles qu'ils pensent, mais à d'autres auxquelles celles-ci ressemblent.

Par exemple c'est du carré en soi, dela diagonale en soi qu'ils raisonnent, et non de la diagonale telle qu'ils la tracent, et il faut en dire autant detoutes les autres figures.

Toutes ces figures qu'ils modèlent ou dessinent, qui portent des ombres etproduisent des images dans l'eau, il les emploient comme si c'étaient aussi des images, pour arriver à voirces objets supérieurs qu'on n'aperçoit que par la pensée. Platon République, VI, 510c-510e Sens du texte: opposer au cercle que l'on dessine, le vrai cercle, celui sur lequel porte la démonstration, etdont le premier n'est que le reflet lointain, sensible. Conclusion: retenir que les mathématiques sont le domaine du raisonnement pur.

On commence par ne pastenir compte de ce qu'on voit ( élimination de l'intuition sensible ), pour ne plus considérer que l'idée abstraite.

C'est-à-dire que le géomètre n'a pas le droit de se servir de ce qu'il peut voir sur le dessin qu'iltrace: il doit tout démontrer, même ce qui paraît "évident". 2) ...mais réel Mais que les êtres mathématiques (nombres, figures...) soient des idées ne veut pas dire qu'ils ne sont que des productions de l'esprit,qu'on peut les changer à son gré.

Les êtres mathématiques ont ceci de particulier que tout en étant des "idées", ils n'ont rien depsychologique ou de subjectif. Le paradoxe, c'est que alors même qu'on ne les voit jamais, qu'on ne les rencontre jamais dans le monde réel, ils n'en sont pas moinsréels... Exemple: on rencontre bien trois arbres, mais pas le nombre trois: on rencontre des arbres! Comment peut-on dire que ces idées sont douées de réalité? Et bien, par exemple, si j'affirme que "la dixième décimale de pi est un nombre impair", il suffit de faire le calcul pour vérifier si c'estvrai ou faux. Si j'affirme que " la dix-milliardème décimale de pi est un nombre impair", même si personne, aucun ordinateur au monde ne l'aencore calculé, cette proposition est pourtant dès maintenant, soit vraie, soit fausse.

Simplement je l'ignore. Quel est le sens de cet exemple? C'est que le mathématicien, dans son travail, découvre progressivement une réalité préexistante, il n'invente rien..

De tout temps, la dixième ou dix-milliardème décimale de pi était ce qu'elle est, même si personne n'en savait rien.

En ce sens, les objets mathématiques sont doués de réalité: leurs caractéristiques et leur existence ne dépendent en rien de l'esprithumain qui les conçoit (on ne peut pas dire n'importe quoi à leur sujet).

Ils existent avant nous, sans nous. C'est pourquoi tout mathématicien est un platonicien: il parle d'une réalité des Idées .

A tel point que Platon voyait dans les mathématiques une introduction à la dialectique ( République , livres VI et VII): elles nous apprennent qu'il n'y a que les Idées qui aient de réalité.

On dit même qu'au fronton de son école il aurait fait gravé la devise "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre". Conclusion: les êtres mathématiques sont donc des idées mais douées de réalité.

Elles sont mêmes en un sens plus réelles que cequ'on désigne couramment comme le réel: elles sont inaltérables, éternelles, alors que dans le monde sensible, tout finit par disparaîtreou passe dans son contraire (le chaud devient froid, le vivant devient mort, etc...).. »

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