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Les opinions sont-elles des jeux d'enfant ?

Publié le 10/09/2013

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Les opinions sont-elles des jeux d'enfant ? Analyse du sujet - la citation joue avec un vocabulaire imagé. Dans l'Antiquité, la philosophie n'était pas toujours bien délimitée des autres domaines -tels la mathématique ou la poésie- ainsi beaucoup de philosophes ont écrit en vers. Héraclite, s'il est un des seuls philosophes de son époque à écrire en prose, ne s'abstient pas d'utiliser des tournures poétiques, si bien qu'il a été considéré comme un auteur difficile à aborder par ses propres contemporains qui le surnommaient « l'Obscur «. Ainsi il faudra que que l'élève joue lui-même sur les deux sens du couple enfant/adulte, qu'il prenne ces notions aussi bien dans leur sens métaphorique que dans leur sens littéral. - PB1 : les opinions sont-elles réservées à l'enfance ? Sont-elles nécessairement ce qui s'oppose à la maturité ? N'y a-t-il pas une sagesse de l'opinion et des opinions ? Doit-on dire que les adultes qui ont des opinions sont restés des enfants (car à partir de là, je ne connais pas beaucoup d'adultes) ? D'autre part, l'opinion n'a-t-elle pas une utilité pratique dans la vie quotidienne ? Ainsi tu vois apparaître une tension (très) classique entre la théorie-la connaissance-la pensée et la pratique-la vie pratique. - PB 2 : Le passage de l'opinion au savoir vrai est-il un processus de maturation comme on pourrait le dire du passage de l'enfance à l'âge adulte, ou y a-t-il au contraire une rupture si nette entre l'opinion et la connaissance qu'il soit préférable de renoncer à ses opinions, de les effacer pour trouver le vrai ? Je travaillerais donc sur ces deux tensions (sens métaphorique//sens littéral et domaine spéculatif (=Théorique qui se fonde uniquement sur la théorie et non sur la pratique)//domaine pratique) car c'est toujours grâce à ce genre de grandes oppositions on construira des renversements dans une dissertation. Je précise que j'ai écrit ces éléments de corrigé pour aider une jeune élève de terminale qui faisait sa première dissertation. Les adresses et la deuxième personne sont donc circonstancielles mais ça n'empêche pas que n'importe quel élève puisse se servir de ce travail pour commencer à travailler sur ce sujet classique. D'un point de vue purement SPECULATIF, il faut admettre qu'aucune réflexion sérieuse, adulte, philosophique ou scientifique, ne peut se contenter des opinions parce que les opinions ne sont ni vraies ni fausses. Le propre de l'opinion est d'être aléatoire et réversible (deux opinions portant sur la même chose peuvent être contradictoires, affirmer le contraire de ce qu'affirme l'autre). Donc dans le cadre d'un cheminement vers le savoir vrai l'opinion est ce qui doit être dépassé de même que l'enfance doit être surmontée par l'âge adulte (sens métaphorique). Pour illustrer cela, Platon prend un exemple dans le Ménon qui est resté célèbre, c'est celui de la route pour Larissa (ville grecque). Une personne qui n'est jamais allée à Larissa peut affirmer que L. se trouve dans telle ou telle direction. Cette affirmation qui n'a pas été démontrée ou prouvée relève de l'opinion et non du savoir vrai. Tu trouveras le texte sur cette page : http://www.hansen-love.com/article-4932327.html et tu pourras méditer dessus. Pourtant, si pour Platon, l'opinion apparaît comme un degré de la connaissance (cf. l'analogie de la ligne qui est très bien résumée dans ce pdf : http://www.akadem.org/medias/documents/12_allegorieLigne.pdf ), s'il y a pour lui une sorte de continuité entre opinion et science, on peut aussi considérer qu'il est nécessaire d'admettre une rupture entre ces deux niveaux. C'est le point de vue de Descartes. Comme je te le disais hier, Descartes considère qu'on ne peut accéder à rien de vrai tant qu'on n'a pas rompu avec ce qu'on croyait savoir, tant que l'on n'a pas fait « table rase «. Pour comprendre cela tu peux lire en entier la première des méditations métaphysiques de Descartes que je te mets en annexe et qui est un texte à connaître pour tout élève faisant de la philosophie (tu verras, contrairement à certains philosophes, Descartes -qui n'a pas un style formidable- se laisse lire très facilement). D'un point de vue purement PRATIQUE, il semble impossible de renoncer à toutes ses opinions. La vie pratique, la vie en adulte, la vie en tant qu'acteur (=personne qui agit) repose en grande partie sur des choix. Or, comment prendre une décision, comment juger de ce que l'on doit faire si l'on n'est pas sûr de détenir la vérité, si l'on n'a pas de certitude ? Et comme il est très difficil...

« tout élève faisant de la philosophie (tu verras, contrairement à certains philosophes, Descartes –qui n’a pas un style formidable- se laisse lire très facilement). D’un point de vue purement PRATIQUE, il semble impossible de renoncer à toutes ses opinions.

La vie pratique, la vie en adulte, la vie en tant qu’acteur (=personne qui agit) repose en grande partie sur des choix.

Or, comment prendre une décision, comment juger de ce que l’on doit faire si l’on n’est pas sûr de détenir la vérité, si l’on n’a pas de certitude ? Et comme il est très difficile dans la vie quotidienne, de faire ce que Descartes propose, de tout « révoquer en doute » pour essayer de démontrer ce qui est indubitable, on est souvent forcé de recourir à des opinions auxquelles nous donnons notre assentiment.

Ainsi, ironiquement, nous retrouvons ces deux mêmes philosophes (Platon et Descartes) en proie au même problème : celui de la confrontation, de la déchirure entre la pensée et l’action.

C’est pour ça que Platon admet l’existence d’opinion « droites » qui tombent justes sans être démontrées mais qui sont plus utiles que l’absence d’opinion dans la vie pratique (cf texte de la route de Larissa).

Il t’est sûrement arrivé d’être perdue et de ne pas avoir de carte.

Tu as pu alors demander ton chemin.

Quand on t’a donné une réponse, plus ou moins claire, tu savais bien qu’il ne s’agissait pas d’une connaissance, d’un savoir sûr.

Et pourtant tu as dû t’y fier pour retrouver ton chemin.

Voilà ce que c’est que l’opinion, voilà ce qui fait sa force.

Descartes, dans un autre texte très célèbre du Discours de la méthode prend un exemple similaire : celui du voyageur perdu dans la forêt qui doit suivre une voie qu’il a choisi et s’y tenir même s’il ne sait pas où il va.

Ce texte illustre une partie importante de l’œuvre de Descartes que tu dois aussi connaître : la morale par provision.

Je te laisse y réfléchir t’aider pour cela de cet article http://www.philolog.fr/descartes-la-morale-provisoire- discours-de-la-methode-iii/ que j’ai trouvé sur un site que je te recommande vraiment pour toute ton année de terminale, c’est une vraie mine d’or qui te permet de compléter tes cours de philo.

C’est un blog qui s’appelle philolog et qui est tenu par une prof de philo qui est très claire et prend même le temps de répondre à tes questions.

Ce qui est commun à tous les exemples que je te propose, tu le remarque c’est la notion de choix, de décision, de carrefour pour le dire d’une manière plus imagée.

La vie pratique nous oblige à prendre des décisions alors que nous ne possédons pas de certitude.

Il est donc de ce point de vue impossible de renoncer totalement à ses opinions. Ainsi il apparaît que le problème posé par l’opinion est principalement celui de la valeur que nous lui attribuons.

Ici, je te propose de revenir à la fois au sens littéral et au sens métaphorique de l’opposition enfant/adulte.

L’enfant joue avec ses opinions sans réfléchir sur elles, sans distance avec elles.

Les opinions qui sont une forme de savoir reçu, ne sont pas remises en question par l’enfant qui les accepte comme des vérités.

Peut-être que le propre de l’âge adulte (ss litt) et en même temps, de la réflexion adulte est de faire la différence entre l’opinion et le savoir vrai, de ne pas prendre ses opinions pour des vérités absolues.

Se tromper sur le statut de ses opinions c’est en quelque sorte devenir le jouet de ses opinions, en être en quelque sorte prisonnier, être prisonnier de sa propre ignorance (cf allégorie de la caverne).

Avoir un rapport adulte au monde, ce n’est donc pas renoncer toujours à ses opinions – car alors la vie et l’action deviennent impossibles, mais instaurer une distance, prendre conscience du caractère fragile de nos opinions.

Tu parlais hier de ces adultes obstinés qui s’accrochent à leurs opinions, ne veulent pas en découdre, alors même que tout concoure à prouver qu’ils ont tort.

Ces adultes là, en effet, se comportent comme des enfants.

Il en va de même pour les gens qui, en matière de politique, se targuent d’avoir « une opinion sur tout » et affirment leur point de vue avec véhémence comme s’il s’agissait de vérités indubitables.

S’il est vrai que dans la sphère politique il est important de s’engager, de rester fermes sur ses positions, sans quoi on se fait manger par l’adversaire (en situation de débat par exemple), cette attitude n’est peut-être pas la preuve de la plus grande sagesse ou de la plus grande intelligence dont l’homme soit capable.. »

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