Les preuves du libre arbitre
Publié le 11/05/2012
                            
                        
Extrait du document
                                
1. L'argument. - Cet argument invoque la conscience, c'està- dire l'intuition de la liberté. Il peut revêtir plusieurs formes. Tantôt il fait appel au sentiment, commun à tout homme, d'être un être libre. «Que chacun de nous s'écoute et se consulte soimême, écrit BossuET (Traité du libre arbitre, ch. II), il sentira qu'il est libre comme il sentira qu'il est raisonnable. - Tantôt (W. JAMES), il consiste à montrer que l'acte volontaire n'est intelligible que par la liberté, car ni la délibération, ni la décision, ni l'exécution n'ont de sens que par la liberté qu'elles impliquent et manifestent. - Tantôt, l'argument souligne, non pas précisément le sentiment général de liberté,
                                «
                                                                                                                            ou hien 	la 	liberté  n'est rien, 	ou 	bien elle est déjà  présente 	dans  la 
question  que 	je 	me 	pose sur elle.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Elle 	y ·est 	présente  comme une 
volonté  originelle  d'être libre : 	la liberté 	se 	veut, 	et 	s~ 	vouloir, 	pour 	elle, 	c'est  exister.
                                                            
                                                                                
                                                                    Notons  enfin que les défenseurs  du libre  arbitre  (surtout  comme 
liberté  d'indifférence)  invoquent souvent comme preuve les 	actù,ités 	gratuites 	1
• 	
2.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Discussion.
                                                            
                                                                                
                                                                    	-	On 	a  opposé 	à l'argument  psychologique 
deux  sortes  d'objections.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
a) 	Il 	n'y 	a pas 	de 	conscience 	de 	pouroir.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il n'y 	a' de 	conscience 
réelle, 	
dit 	S.
                                                            
                                                                                
                                                                    	MILL, 	que 	de 	l'acte, 	et 	non 	du 	pouvoir  ou 	du 	
possible  : 	la 	conscience 	peut 	bien me dire 	ce 	que 	je 	fais 	hic 	et 	
nunc, 	mais  non 	ce 	que 	je 	suis capable 	de 	faire  et' que 	je 	ne 	fais 
pas,  puisque  cela u'existe  pas.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
· 	
Cette objection  est certainement efficace  contre les deux  premières 
formes  de l'argument,  ainsi que contre 	le 	point  de vue  des activités 
gratuites,  dans la mesure 	où 	ils  invoquent  une conscience  de 	pou~·oir 	nu.
                                                            
                                                                                
                                                                    	On 	peut d'ailleurs  rétorquer  que 	l'acte gratuit, 	c'est-à-dire  totale	ment indéterminé,  ne peut  pas 	~tre 	un 	acte libre.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Un 	tel acte  est 	incon	cevable  chez 	un 	être raisonnable  : l'homme  de 	REID 	ne 	choisit pas 
la  guinée  qu'il paye,  précisément  parce qu'il n'a aucune  raison de 
la  choisir  (c'est-à-dire  parce qu'il a une  raioon  de 	
ne 	pas la choisir).
                                                            
                                                                                
                                                                    	En 	d'autres  cas, la volonté  de poser 	un 	acte  absolument  gratuit 	(le 	Lafcar!io de 	GIDE) 	fait que cet acte  précisément  n'est plus gratuit 	2
• 	
D'autre  part, les 	"actes 	insignifiants»  de 	REID, 	accomplis sans 
conscience  de motif  déterminant, 	ne 	sont évidemment  pas des  actes 
volontaires,  mais des actes  automatiques 	ou 	semi-automatiques.
                                                            
                                                                        
                                                                    	
On 	répond  souvent  à l'argument 	de 	S.
                                                            
                                                                                
                                                                    	MILL 	que  si la 	cons	
cience 	ne 	peut 	en  effet  percevoir  l'acte 	possible, 	qui 	n'est 	pas, 	
(l) 	Cf.
                                                            
                                                                                
                                                                    BossuF.T, 	Traité 	du 	libre  arbitre, 	ch.
                                                            
                                                                                
                                                                    2  : 	• Je sens  que 	levant 	ma 	main,  je 	puis 	ou vouloir 	la tenir 	immobile, 	ou 	vouloir 	lui 	donner 	dl'  mouve	ment, 	et 	que, 	me· 	résolvant 	à la 	mouvoir,  je 	puis 	la 	mouvoir 	à droite ou 	à 	gauche  avec une égale  facilité  ; 	car 	la nature 	a tellement  disposé les organes 
du  mouvement  que je 	n'ai 	ni plus  de peine  ni plus  de plaisir 	à l'une 	de 	ces 
actions 	qu'à 	l'autre 	;  de 	sorte 	que  plus  je considère  sérieusement 	et profondé	ment 	ce qui 	me 	porte 	à celui-ci 	plutôt 	qu'à 	eelui-là, 	plus je ressens  clairement 	qu'il 	n'y 	a que 	ma 	volonté 	qui 	m'y 	détermine, 	sans 	que  je puisse 	trouver 	aucune 	autre 	raison  de le faire.
                                                            
                                                                                
                                                                    	• -	REID 	écrit  de son  côté  : 	• Quant 	à moi, 
je  fais  éhaque 	jour 	un 	grand 	nombre 	d'actions 	insignifiantes  sans 	avoir 	conscience 	d'aucun 	motif qui 	m'y 	détermine.
                                                            
                                                                                
                                                                    	• Un 	homme  qui a 	unp 	gvinée 	à payer 	et 	qui 	en possède 	deux 	cents,  donne 	n'importe 	laquelle 	de 	celles-ci, 	sans 	aucune  raison de choisir 	l'une 	plutôt 	que  1 	'autre.
                                                            
                                                                                
                                                                    	(Th.
                                                            
                                                                                
                                                                     REID, 	Œuvres 	(Jouffroy).
                                                            
                                                                                
                                                                    	t.
                                                            
                                                                                
                                                                    VI, 	p.
                                                            
                                                                                
                                                                    214.)  · 	(2) 	Cf.
                                                            
                                                                                
                                                                    	LEIBNIZ, 	Théodicée, 	I, 45 	: «Lorsqu'on 	prend 	un 	parti 	par 	caprice, 
pour 	montrer 	sa liberté, 	le  plaisir 	ou 1 'avantage 	qu'on  croit 	trouver 	dans 	cel 	te 	aff•'ctation, 	est 	une 	des raisons 	(]IIi 	y porte.
                                                            
                                                                                
                                                                    	•.
                                                                                                                    »
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