Les sciences peuvent-elles produire des vérités ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
ignorant.
Il y aurait donc un lieu où résident toutes les vérités, qui sont en nombre fini, dans le « ciel des idées ».Ces idées latentes, comme dans notre inconscient, ne demandent qu'à revenir à notre esprit, à l'aide de la réflexiondialectique qui permet leur enfantement.
Selon cette doctrine, les sciences peuvent donc permettre la réminiscencede la vérité, mais nullement les produire.
3ème partie : Les sciences ne produisent pas de vérité absolue. - La science ne n'est pas figée mais s'inscrit dans une évolution permanente.
L'histoire nous montre que ce quenombre de « vérités » produites par les sciences à un moment donné ont été réfutés plus tard par de nouvellesconclusions scientifiques.
La vérité scientifique n'est donc jamais absolue, mais relative a une certaine époque, uncontexte.La vérité acquise doit constituer un point d'appui pour élever la pensée, un mouvement déclencheur de la recherchespéculative, et un élan vers la vérité absolue.
Bachelard, dans La formation de l'esprit scientifique explique que les scientifiques n'acquièrent un savoir que pour réinterroger à nouveau.
Ainsi,l'élan de la pensée ne doit jamais s'arrêter, mais au contraire être stimulé parles connaissances obtenues.
Celles-ci ne doivent alors jamais être prises pourdéfinitives, mais aussitôt critiquées, remises en causes, pour permettre deprogresser de manière toujours plus juste vers la vérité.
Parce que la vériténe se dévoile pas d'un seul coup, la connaissance première pour Bachelardn'est jamais une vérité certaine et définitive, elle n'est au mieux qu'unencouragement à l'investigation de la pensée.
On a du mal à reconnaître lavérité car cela demande du temps, de la patience, et de l'attention.
Le réelne se révèle pas d'un seul coup, il faut se méfier de la connaissance première,celle des phénomènes.
« La connaissance du réel n'est jamais immédiate etpleine », écrit Bachelard au chapitre 1.
Il explique ainsi qu'on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant les connaissances mal faites.
Lavérité se construit petit à petit en se heurtant à des « obstaclesépistémologiques », c'est-à-dire des remises en cause radicales des véritésétablies ultérieurement.
Une hypothèse scientifique qui ne se heurterait à aucune contradiction estune hypothèse inutile.
De même, une expérience scientifique qui ne rectifieaucune erreur ne sert à rien.
Une expérience ne peut être scientifique que sielle contredit l'expérience commune.
La pensée scientifique se caractérise parune succession d'erreurs rectifiées, à la différence de l'expérience commune, qui ne se contredit jamais, mais secontente d'établir de plates équivalences.
"C'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de laconnaissance scientifique." Ces obstacles ne sont pas seulement et simplement externes, ils ne relèvent pas de lanaturelle complexité du monde et de ses phénomènes, mais procèdent de l'acte même de connaître.
Les obstaclesépistémologiques qui motivent et font progresser la connaissance, sont inhérents à l'esprit de connaissance.
Jamaison ne peut connaître pleinement et de manière immédiate la réalité.
Ce n'est pas tant que celle-ci se cache ourésiste à nos efforts d'appréhensions, mais c'est que la lumière que projette la connaissance sur les chosescomporte une part d'ombre inévitable.
La vérité se donne toujours après coup, une fois que se sont dissipées toutesles erreurs et les opinions fausses, premières dans l'ordre de la connaissance, car immédiates et spontanées : "Leréel n'est jamais ce qu'on pourrait croire, mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser." Au premier abord, la penséeempirique se donne comme opaque, trouble et obscure.
La mise en oeuvre d'un appareil de raisons est nécessairepour la clarifier, l'analyser, la dépouiller de l'inessentiel.
On ne peut trouver la vérité qu'en retournant sur un passéd'erreurs.
Dans le domaine de l'histoire des sciences, on peut voir que la connaissance vraie ne s'établit qu'ens'opposant à une connaissance antérieure qu'elle corrige, et ce faisant, surmonte les obstacles qui nous eninterdisaient l'accès.
La vérité peut donc être réfutée et abandonnée pour laisser place à une autre vérité.
Popper montrera lui aussi cette dialectique à l'oeuvre en science.
L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.
Les théories n'ont qu'une valeur provisoire.
Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.
Tout succèsscientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.
Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'iln'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie del'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper , dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.
Il écrit : « C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.
En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisseêtre choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'ilpuisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de lascience empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.
».
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