Les surréalistes et le langage

« de cette Hbem et de la spontan�� dans la cr&tion qu'ils revendiquent Avec des moyens simples, rudimentaires meme parfois, ces artistes ciÛDt du merveilleux.

Or, "le merveilleux est toujours beau, n'impone quel merveill eux est beau, il n'y a que le merv eilleux qui soit beau" (Premier Manifeste dM Surréalisme, 1924).

Si l'an doit !tte magique.

r�riture sera magie verbale (cf.

Aloysius Bertrand, Rimbaud), c'est-à-dire magie des mots (gollt pour les mots rares), mais aussi magie du rythme et des images.

Les sUI'Jâlistes furem et demeurent de grands cr&teurs d'images.

Ce serait pourtant une erreur de croire que les surr&listes aient voulu tout dMrlre pour recons truire quelque chœe d'enti�ment nouveatL Leur dessein �ait à la fois moins r�volutionnaire et plus ambitieux.

Plus lucide aussi.

S'ils partent en guerre contte la raison ou la logique, ils n'en nient pas pour autant la r&li� et l'importance.

Ce qu'ils refusent, c'est de r6duire l'homme à un seul compo nemem raisonnable.

Ce n'est pas le rôle de la raison dans la conduite humaine qu'ils contestem, mais la volont� de certains de consi�rer ce JOie comme exclusif.

La raison n'est pas souveraine, lbomme n'est pas seulement un !tre de raison, il est aussi - et peut-!tte surtout-autre chose.

Or, c'est retre humain tout entier dans sa diversi� et sa richesse que les surr��tes veulent �tudier et exprimer.

S ans leur entteprise "�raisonnable" d'explorer les profondeurs secr�es -les "arcanes" - de l'esprit humain, dans leur curiosit� pour ce qui en l'homme �happe -ou tente d'�chapper - à la censure de la raison, les surr�istes eurent la chance de pouvoir compter sur les travaux et les premiers r&ultats d'une science alors tout nouvelle, mais dont l'importan ce et l'influence ne cesser ont de crottte : la psychœully• •.

Cest un des m�rites des surrûHstes d'avoir, avec des fortunes diverses sans doute, mais de toutes leurs forces , voulu non seulement s'ié esser aux recherches scientifiques contemporaines, mais rapprocher leurs propres recherches de celles des scientifiques.

Si la science n'a rien à perdre dans une telle collaboration, l'art en revanche a tout à gagner.

Il n'est sans doute pas insignifiant que deux des créateurs du Surréalisme, Andr� Breton et Aragon, aient commend des �ludes de médecine.

André Breton en particulier fut affect� d� 1916, au cemre psychiatrique militaire de Sai nt-Dizier , sur lequel �laient dirig� d'une part les �vacu& du front pour troubles mentaux, d'autres part "divers d�Hnquants en pr�vention de conseil de guerre pour lesquels un rapport m6dico-l�gal �tait demand�".

·cest lA confie-t-il dans ses "Entretiens avec A.

Parinaud'' (pp.

36-37) que j'ai pu expéri�Mnter sur les malades les procédés d'investigation de la psychiiiUilyst •, en particulier l'enregistrement aux fins d'inlerprét4tion des rhts • et des DSSOCilldons d'idlts inc�Uts • •.

Suit ce commemaire : ·an peut déjà observer en passant que ces rêves, ces catégories d'associations constitueront, au départ, presque tout le matériel surréaliste.

JI y aura seulement ampliftcation des fins en raison desquelles ces rêves, ces associations doivent être recueillis: interprétation, oui, toujours, mais avant tout liblration *des contraintes - logiques, morales et autr es-en vue de la récupération des pouvoirs originels de fesprit ...

La psychanalyse fut, bien tvidemm ent, un auxiliaire pr�eux des surréalmtes : elle les aida à mieux cerner le champ de leurs investigations (les profondeurs de la conscience), ils lui emprunt�rent la plupart de ses �thodes (connaissance et interp�tation des rtves, des associations d'id6es); seuls les buts poursuivis diffèrent alors que Freud poursuivit un but th�rapeutique, les surtâlistes visà'ent, au-delà d'une connaissance plus compl�e et somme toute assez scientiftque de fhomme, la. »