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l'Etat est-il un mal nécessaire ?

Publié le 31/08/2005

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 L’un des credo du libéralisme pourrait s’énoncer de la manière suivante: «Moins il y a de politique, plus il y a de liberté. «. Selon cette conception, la liberté se déploie dans le domaine des affaires individuelles, qu’elles soient économiques, culturelles ou religieuses. Le rôle de l’Etat doit, de ce fait, être extrêmement limité. Il suffit qu’il maintienne la sécurité des citoyens et qu’il garantisse la propriété privée. L’Etat, ainsi compris, est un moyen, un moyen au service des fins individuelles. Dans cette perspective, il est légitime de se demander: l’Etat est-il un mal nécessaire aux hommes ? En effet, si l’Etat n’est qu’un moyen, ne peut-on le remplacer par un autre moyen ? De même que pour produire une sculpture on peut préférer le bois (plus tendre et plus souple) a la pierre, ne peut-on envisager de substituer à l’Etat une autre forme d’organisation qui respecte davantage la liberté? Cependant, le problème est peut-être mal posé. Du moins rencontrons-nous ici une réelle difficulté sur quelle idée de l’homme pouvons-nous fonder ce rejet ou cette limitation extrême de l’Etat ? Car, se demander si l’Etat est nécessaire aux hommes exige que l’on s’interroge sur ce que représente ce pluriel : les hommes.

« Par différence, dans un Etat on n'obéit pas à une personne mais à la loi.

La loi est une production objective deshommes.

Elle est objective au sens où elle est écrite, publique et applicable à tous les citoyens de l'Etat.

Elle sesubstitue à la subjectivité du chef et au caractère flottant et imprécis de la coutume non écrite.

Bien sûr, une loiécrite peut être injuste, elle peut favoriser les intérêts d'une classe sociale donnée (ce que reprochera Marx au droit « bourgeois ») ; en ce sens elle n'est pas objective au sens de « impartiale ».Mais elle l'est au sens d'objet fixe et déterminé, connu de tous, visible partous et aussi soumis à la critique et au perfectionnement.

Si nous suivonsHegel lorsqu'il caractérise le monde de la culture comme une « secondenature » produite par l'homme, nous pouvons souligner que le droit positif estune production humaine concrète, observable, déposée dans des texteslégislatifs.

Par conséquent, l'homme qui obéit à la loi se soustrait à l'emprised'une personne particulière.

Or, il n'existe pas de droit positif hors d'un Etatdoté d'un pouvoir législatif pour édicter les lois et d'un pouvoir judiciaire pourpunir les infractions.

Une hypothèse se présente alors à nous : l'émergencede l'individu comme tel ne va-t-elle pas de pair avec l'émergence de l'Etat ausens moderne (en laissant de côté la conception antique de l'Etat) ? Maisalors, les critiques radicales de l'Etat oublieraient une partie de la réalité.

Elless'appuieraient sur l'émergence de l'individu sans remarquer combien elle estliée à celle de l'Etat.

Max Stirner souligne que l'Etat engendre la « limitationdu moi ».

Nous pourrions lui objecter que c'est aussi dans l'Etat que s'opère ledéveloppement du moi.

Dire exactement ce qu'est le moi au sens d'« individu» est une tâche très complexe.

Nous pouvons cependant esquisser quelquestraits généraux.

L'individu est d'abord celui qui a conscience de lui-mêmecomme d'une unité ou d'un moi séparé des autres.

Mais cette conscience, ill'a acquise peu à peu, et elle repose sur une série « d'arrachements» qui estintimement liée à son existence dans l'Etat.

Dans sa famille, l'homme est d'abord « l'enfant », et il ne sort de cette condition qu'en allant à l'école où il devient « l'élève ».

Enfin, il dépassecet état en devant majeur et « citoyen ».

Combien ce double arrachement, d'abord à la famille puis à l'école, est-illié à l'existence de l'Etat ? Nous pensons que c'est en très grande partie.

Dès lors, cependant, l'Etat n'est-il pasdavantage qu'un mal nécessaire et qu'un instrument? A partir du moment où nous avons mis à jour un rapportcomplexe entre l'individu et l'Etat, nous nous trouvons devant la nécessité de l'Etat pour garantir la liberté desindividus, et ce bien au-delà d'une simple liberté de « faire ce que l'on veut ».

Cependant; l'Etat n'apparaît-il passouvent comme un « monstre froid »comme l'écrit Nietzsche, ne produit-il pas la négation des individus? Que signifie« faire ce que l'on veut»? Que veut-on dans ce cas? S'il s'agit de revendiquer la satisfaction de nos besoins, notrevolonté se heurte à une double difficulté.

D'un côté, le besoin est lié à notre particularité : il s'opposenécessairement à celui des autres comme le souligne Spinoza dans le Traité politique : « dans la mesure où leshommes sont soumis aux passions, ils sont contraires les uns aux autres ».

D'un autre côté, le besoin humain estquelque chose de complexe : le besoin humain est culturel et en ce sens il est lié à la société dans laquelle leshommes vivent.

Hormis le besoin vital d'une certaine quantité de calories et de repos par jour, tout besoin eststructuré par les conditions socio-culturelles de son apparition.

En ce sens, nous retrouvons le lien fondamentalentre l'individu et la société : l'individu croit que ses besoins le caractérisent en propre alors qu'il ne fait qu'exprimerdes besoins culturels dans lesquels le déterminant social est prépondérant.

C'est ce que nous apprennentnotamment la psychologie et la sociologie.

La première nous indique à quel point notre comportement est influencépar nos parents et nos proches, qui interviennent dans la mise en place des structures de notre personnalité (Moi etSurmoi chez Freud).

La seconde souligne combien nos comportements collectifs sont marqué par les valeurs et lesstéréotypes de notre société.

Alors, qu'est-ce que « faire ce que l'on veut» ? N'est-ce pas faire ce qu'ont voulu denous nos parents, ou faire ce que veut de nous la société dans son ensemble pour assurer sa conservation ?L'individu des anarchistes et des libéraux n'est-il pas naïf en oubliant les causes qui le poussent à agir ? N'est-il pasridicule de croire que nous disposons d'une volonté propre, individuelle? Nous en arriverions alors à une situationparadoxale.

D'une part, l'Etat est nécessaire aux individus, puisqu'il les fait accéder à la conscience d'eux-mêmes etstructure leur personnalité.

D'autre part il semble les réduire à des rouages dans un système où la liberté semblecéder le pas au déterminisme.

Cependant, nous avons peut-être assimilé trop vite Etat et société.

Prenons la. »

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