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l'État restreint-il la liberté individuelle ?

Publié le 17/01/2022

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Gardien des libertés grâce à l'ordre qu'il maintient, ou au contraire fossoyeur de celles-ci pour la même raison, l'État semble présenter un double visage. Peut-on s'en tenir à cette apparence contradictoire, qui fait de toute critique ou de toute apologie de l'État quelque chose d'ambigu ou d'abstrait, puisqu'on ne semble retenir alors qu'un cas de figure pour fonder le jugement de valeur ? Au-delà des circonstances particulières qui déterminent cette vision changeante ou incertaine des choses, et les opinions qui s'y attachent, la philosophie invite à examiner les questions à partir d'une réflexion sur les fondements de l'État, référant ainsi tout jugement porté sur lui à ce qui définit sa raison d'être, ou à ce qui devrait la définir, ce qui est souvent très différent. Dans cette perspective, elle permet de situer rigoureusement l'une des questions les plus fréquentes et les plus essentielles : l'État restreint-il la liberté individuelle ?2. DÉVELOPPEMENT* Première partie : analyse du sujetUn examen de la formulation de la question fait apparaître d'emblée un statut différent des notions en jeu, telles qu'elles sont situées l'une par rapport à l'autre. L'idée que l'État puisse restreindre la liberté individuelle présuppose que celle-ci existe, ou pourrait exister, avant l'intervention de l'État. Si tel est le cas, comment la définir ? Par ailleurs, le caractère très général de la question permet d'envisager deux points de vue distincts. On ne dit pas : «L'État restreint-il nécessairement (toujours) la liberté individuelle ?

L'Etat peut tout, sinon il n'est pas l'Etat. L'Etat démocratique garantit la liberté de chacun. Mais en lui offrant la sécurité, ne le prive-t-il pas de l'exercice effectif de sa liberté? Celle-ci dépend aussi de la culture et des choix du sujet, sur lesquels l'Etat ne peut rien.

« • Troisième partie : fondements de l'État et liberté individuelle Déduire théoriquement la nécessité d'une communauté organisée, est-ce ipso facto poser la nécessité de l'État? Laquestion, nous le savons, dépend de l'idée que l'on se fait de l'État.

Le rapport liberté individuelle/État est-ilnécessairement conflictuel? L'État est-il toujours cette instance extérieure que «rencontre» l'individu commepuissance régulatrice s'imposant à lui dès lors qu'il serait trop tenté de donner libre cours à ses impulsions premières,dont l'expression sans norme ni entrave serait justement la liberté individuelle ? Pour répondre à ces questions, ilconvient de procéder à une analyse des fondements de l'État, mise en situation par les remarques effectuées lorsde notre premier moment de réflexion.

Si l'on considère que l'État constitue une instance de régulation distinguée dela société elle-même, il faut en dégager les implications, et faire varier la réflexion selon la distinction du droit et dufait.

Tout d'abord, on suppose que la seule «juxtaposition» des libertés individuelles ne donne pas d'embléenaissance à une communauté cohérente et harmonieuse.

Mais ne pourrait-on concevoir un type de régulationimmanent au groupe, donnant à celui-ci le caractère d'une véritable communauté? L'État n'est sans doute pas laseule modalité de régulation des groupes humains, comme le montre d'ailleurs la variété des types d'organisationsociale.

Radicalement, que suppose l'idée d'une autorégulation des libertés individuelles, sans recours obligé à uneinstance répressive et normative externe (étatique ou autre) ? De prime abord, c'est l'absence de conflits entre lesindividus qui est requise ; ou, si l'on veut, l'identification par chaque individu de son intérêt propre à l'intérêtgénéral.

L'harmonie du groupe est d'autant plus solide qu'elle est engendrée positivement par le libre consentementde ses membres (thème du Contrat) au lieu d'être imposée de l'extérieur.

Encore faut-il que chaque individu ait desraisons réelles pour «adhérer» ainsi à la communauté.

Seule la conviction que l'appartenance à celle-ci s'effectuesur des bases de stricte réciprocité et d'égalité entre tous peut fonder à ses yeux l'identification de sa libertéindividuelle et de la force du groupe.

Dans cette perspective idéale, on peut alors appeler État la forme donnée à lasouveraineté populaire en tant qu'elle est devenue consciente d'elle-même, aussi bien en chacun qu'au niveau de lacommunauté.

Un peuple est un peuple avant de se donner un roi ou un président, selon le mot de Rousseau : réalisécomme autonomie et autolégislation, l'État n'est alors nullement facteur de restriction des libertés individuelles, car ilest contemporain de l'acte par lequel celles-ci se (re)définissent.

«L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté», écrit Rousseau, L'obéissanceau seul appétitest esclavage La liberté ne consiste pas à suivrenos désirs.

Elle n'est pas dansl'absence de contraintes mais dansle libre choix des contraintes quel'on se donne à soi-même.

On peutappliquer cette idée au peuple.

Unpeuple libre est celui qui se donne àlui-même ses propres lois, ce quidéfinit la démocratie. On oppose communément la libertéà la loi.

Se soumettre à la loi, ceserait ne pas ou ne plus être libre.Mais n'obéir à aucune loi, serait-ceêtre libre ? Mais il faut s'entendresur le terme liberté et sur le termeloi..Il y a un premier sens du mot librequi est négatif : être libre c'est nepas être empêché de faire ce qu'ona envie de faire.

On emploie leterme libre dans ce sens à proposdes choses comme à propos deshommes : retirer d'un chemin lesarbres qui font obstruction, c'estlibérer le passage, ne pas retenir unoiseau dans sa cage, c'est le laisserlibre de s'envoler, ne pas empêcherquelqu'un de s'étendre sur le gazond'un jardin public, c'est le laisserlibre de le faire.

Toute loi comportedes interdictions.

Dès lors toute loiréfrène la liberté, prise en ce sensnégatif.

C'est le seul sens queHobbes donne au mot liberté.

SelonHobbes, dans l'état de nature,chacun est empêché à toutmoment, dans ses mouvements et. »

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