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L'Ethnie et la Nation

Publié le 04/02/2021

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?L?ETHNIE, LA NATION INTRODUCTION L?ethnie désigne un groupe d?hommes conscients de partager une même origine historique, une même culture, une langue commune, qui se transmettent de génération en génération. Chaque ethnie a ainsi ses traditions, ses croyances, ses rites, ses manières d?être et de faire, ses savoirs et savoir-faire, ses techniques?Toutes choses qui confèrent à l?individu membre de cette ethnie une identité (culturelle notamment). La nation, quant à elle, peut être comprise dans le sens d?une communauté humaine, assez homogène, constituant une entité politique, caractérisée par la conscience de son identité historique, culturelle, linguistique et de son destin partagé. Elle est marquée d?une connotation affective, morale et culturelle. Elle se distingue alors de l?Etat qui est une organisation juridique établie sur un territoire déterminé. Ainsi, les notions de Nation et d?Ethnie mises en corrélation, semblent nous situer au centre de la réflexion sur l?être et le vécu politique, social et identitaire de l?individu ou du citoyen vivant dans un contexte multiethnique, celui notamment des Etats africains postcoloniaux. Or, ce contexte paraît souvent marqué par une cohabitation problématique des ethnies. Car, les ethnies, qui constituent une réalité antérieure aux Etats hérités de la colonisation, entrent quelquefois en concurrence et en conflit (cas du Rwanda) au sein d?une même communauté qui peine alors à se constituer comme nation. Dès lors, dans le contexte d?un Etat multiethnique, l?exaltation de l?ethnie comme affirmation de l?identité de chacun fait-elle obstacle au dessein de construction d?une nation ? Comment rendre conciliables les différences ethniques et la nécessité de vivre ensemble ? I. La Nation à l?épreuve de la diversité ethnique L?ethnicité peut gêner les efforts d?édification et/ou de consolidation d?une nation, particulièrement dans la configuration d?un Etat postcolonial. 1. La diversité des langues comme entrave à la construction d?une nation. Historiquement, dans les Etats africains postcoloniaux, l?ethnie précède l?Etat et la nation. Dans ce contexte, l?exaltation de l?ethnie procède d?une affirmation de son identité. Le recours à l?ethnie comme cadre d?identification et d?affirmation de l?individu s?avère a priori légitime. En effet, tout être se définit par les traditions et la culture qui donnent le relief de sa personnalité. Seulement, dans un contexte d?un environnement multiethnique, les individus subissent d?abord une socialisation initiale au sein de leurs familles, de leurs clans et donc de leurs ethnies,...

« Ainsi, l’ethnisme ou le tribalisme reposent sur une subjectivité arbitraire au fondement de laquelle se font jour des attitudes perverses consistant à la négation et au rejet de la différence.

Dans son article intitulé : De la critique postmoderne de la modernité en Afrique.

Essai sur les ‘’racines’’ postmodernes de l’anomie sociopolitique (in L’Envol n°7-2015), Landry NDOUNOU considère que l’ethnisme ou le tribalisme consistent dans « le culte de la différence », c’est-à-dire « le particularisme culturel ; la culture de la haine de l’Autre ; la détermination systématique de l’altérité sous le sceau exclusif du différend, du contentieux, de l’antagonisme ou de l’ennemi (…), de l’inéluctable affrontement ».

Rappelons que l’ethnisme s’identifie à l’ethnocentrisme qui est cette tendance à ériger l’ethnie ou la culture dont on est issu comme modèle de référence, et à juger l’autre, le différent, à l’aune de ses propres référents culturels.

Elle est la négation, le rejet du droit à la différence, le refus d’une positivité possible de l’autre.

Dans ce cadre, l’ethnisme consiste dans la manipulation d’un ensemble de préjugés et d’idées reçues sur fond de stigmatisation et de discrimination de l’autre, notamment dans ce qu’il est fondamentalement, dans son être culturel.

En niant le droit à la différence culturelle , l’ethnocentrisme, l’ethnisme constituent un parti pris dangereux source de racisme et de xénophobie .

Nous donnons alors raison à Jean Paul Sartre qui a écrit, dans Réflexion sur la question juive (1954) , que « L’ethnisme est une modalité du racisme ».

A ce titre, les expériences historiques de la ségrégation raciale, ségrégation des Noirs aux Etats-Unis d’Amérique, ou de l’Apartheid en Afrique du Sud, édifient, à n’en point douter, sur les conséquences de l’ethnisme, de la xénophobie ou du racisme, et de la difficulté subséquente à fonder une nation ou à faire régner la paix civile dans l’Etat.

Comme quoi, l’ethnisme, qui suscite souvent le repli identitaire, représente un réel danger pour la construction d’une nation.

En somme, La diversité ethnique, semble poser le problème de l’intégration, du vivre ensemble, de la cohésion ou de l’unité nationale.

Toutefois, la cohésion nationale n’est-elle pas, malgré tout possible ? II.

Compatibilité entre ethnies et nation Des ethnies différentes ont partagé historiquement, partagent encore les mêmes espaces vitaux et sont souvent parvenues à vivre ensemble.

Une coexistence détribalisée est alors envisageable.

1.

Progrès de l’identité et coexistence pacifique Considérer l’identité comme une substance fixe, achevée, rendrait irrémédiablement les hommes prisonniers de leur passé.

Toutes choses qui contrastent avec la vocation de l’humain au changement permanent, au progrès.

L’homme, disait Sartre, n’est pas une essence a priori, c’est un être de projet, un être toujours en projet, un projet d’être, une liberté en situation ; l’homme n’est que ce qu’il se fait : « l’existence précède l’essence ».

L’identité est donc toujours à reconstruire et rien ne condamnerait l’humain à se figer et à ressasser un passé dont il serait irrémédiablement nostalgique.

Alain Finkielkraut (1987) note dans cet esprit : « Il y a en l’homme un pouvoir de rupture : il peut s’arracher à son contexte, s’évader de la sphère nationale, parler, penser et créer sans témoigner aussitôt de la totalité dont il émane » .

Sans parodier Hegel, nous pensons que tout homme est fils de son temps.

L’environnement sociétal de façon générale impacte sur le vécu, sur l’être social de chaque individu.

En ce sens, l’identité se façonne progressivement avec les autres, parmi les autres, grâce aux expériences partagées : à l’école, au travail, dans la vie de tous les jours, dans les joies comme dans les peines.

Et lors de tous ces instants de vie partagée, la donne ethnique n’est pas primordiale.

D’autres repères cimentent nos relations.

Toutes choses qui créent une affectivité nouvelle sur la base de laquelle le vivre ensemble s’enracine.

Par conséquent, une autre expérience partagée, une autre vision de l’avenir peuvent légitimement fonder une nation, au-delà des référents ethniques.

C’est à ce titre que nous donnons raison à RENAN lorsqu’il affirme qu’« une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a fait et de ce qu’on est disposé à faire encore.

Elle suppose un passé, elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune.

L’existence d’une nation est, (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une Ethnie et Nation Page 2. »

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