L'étude du bonheur
Publié le 10/12/2014
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L'idée soutenue par l'essayiste français, c'est qu'à force d'avoir fait du bonheur un idéal absolu, nous nous sommes condamné à être malheureux. L'«obligation d'être heureux» est paradoxalement devenue une source d'angoisse et de misère morale. Nous vivons en effet depuis le XVIIIe siècle dans le culte du bonheur à tout prix. Comme nous ne croyons plus à la vie après la mort, nous exigeons le paradis sur terre. Les utopies de gauche et l'utilitarisme bourgeois se rejoignent sur ce point. «Tout tout de suite» et «jouir sans entraves», disaient les slogans en Mai 68. «Concilier réussite professionnelle, amoureuse, familiale, sociale, santé, beauté, etc.», demande-t-on plus prosaïquement aujourd'hui. Or, poursuit Bruckner, obsédés par cet idéal de perfection, nous méprisons tout ce qui n'est pas à sa hauteur. L'idée de ne pas vivre dans une euphorie perpétuelle nous fait paniquer. Et comme, constate-t-il, «les 80% de notre vie sont faits de moments neutres, ni heureux ni malheureux», nous sommes contraints de nous avouer, en privé, la triste vérité: notre quotidien est banal et ennuyeux. La crainte que les autres soient plus heureux est ainsi à la base des deux grandes passions démocratiques: l'envie et la jalousie. L'obsession du bonheur nous empêche donc de jouir vraiment. [...] Les victimes portent leur mal sur la place publique pour être reconnues et retourner dans la norme. Ils luttent pour être gardés dans la communauté humaine. Ce qui relevait de la ma...
«
[...] La vraie vie n'est pas absente Selon James, ce qui peut arriver de pire c'est de passer à côté de son
bonheur sans le reconnaître.
La quête d'une bonne vie doit reposer sur deux injonctions contradictoires :
profiter pleinement de ce qui vient mais aussi rester à l'écoute de ce qui se fait ailleurs.
Si bien qu'il existe deux
états du possible : le possible écrasant qui dévore le réel et rend misérable tout ce que nous éprouvons, et un
possible fécondant qui met au jour tout ce qui est en gésine chez les êtres.
[...]
[...] Il existe deux domaines privilégiés du devoir de béatitude : la sexualité et la santé.
Ainsi, relevant du travail,
de la volonté et de l'effort, il angoisse nécessairement.
Pourtant, le bonheur n'est pas l'absence d'adversité, il
est une autre qualité d'émotion qui ne dépend ni de notre bon vouloir ni de notre subtilité.
Nous constituons
probablement les premières sociétés dans l'histoire à rendre les gens malheureux de ne pas être heureux.
Bel
exemple de la déconcertante facilité avec laquelle la poursuite d'un idéal peut déboucher sur son contraire
(Isaiah Berlin).
[...]
[...] Mais par quel privilège un droit chèrement acquis est-il devenu une loi et une norme ? Nous serions maîtres
de nos destins et le contentement serait une question de volonté.
Pour Alain, C'est un devoir envers les autres
que d'être heureux Tout comme pour Marie Curie, Il est poli d'être gai Les acteurs de Mai 68 protestaient contre
une certaine allégresse conforme des années 1950 incarnée par le rêve américain.
Mais les années 1960
réactivent une illusion issue des Lumières : que la vertu et le plaisir, la morale et les instincts peuvent se
conjuguer pour conduire l'homme sans effort au Devoir.
[...]
[...] L'idée de ne pas vivre dans une euphorie perpétuelle nous fait paniquer.
Et comme, constate-t-il, «les 80%.
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