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L'évolution: Pierre TEILHARD de CHARDIN & François JACOB

Publié le 12/06/2011

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teilhard

« Pour exprimer, dans sa vérité, l'histoire naturelle du monde, il faudrait donc pouvoir la suivre par le dedans : non plus comme une succession liée de types structurels qui se remplacent ; mais comme une ascension de sève intérieure s'épanouissant en une forêt d'instincts consolidés. Tout au fond de lui-même, le monde vivant est constitué par de la conscience revêtue de chair et d'os. De la biosphère à l'espèce, tout n'est donc qu'une immense ramification de psychisme se cherchant à travers des formes. «

Pierre TEILHARD de CHARDIN Le Phénomène humain, Points, Seuil.

« C'est sur la nature même du texte génétique que reposent ces deux propriétés, en apparence opposées, des êtres vivants, la stabilité et la variabilité. Si l'on considère l'individu, la cellule bactérienne, on voit se recopier avec une extrême rigueur, à la lettre, le programme où sont consignés, non seulement les plans détaillés de chaque architecture moléculaire, mais les moyens de mettre ces plans à exécution et de coordonner l'activité des structures. Si l'on considère, au contraire, des populations de bactéries, ou même l'ensemble d'une espèce, le texte nucléique apparaît alors comme perpétuellement désorganisé par les erreurs de la copie, les contrepèteries de la recombinaison, les additions, les omissions. En fin de compte, le texte se trouve toujours remis en ordre. Mais ce n'est ni par le mystère d'une volonté cherchant à imposer ses desseins, ni par un remaniement des séquences dirigé par le milieu : le message nucléique ne reçoit pas les leçons de l'expérience. La remise en ordre du message découle automatiquement d'une sélection qui s'exerce, non sur le texte génétique même, mais sur les organismes entiers, ou plutôt sur les populations, pour en éliminer toute irrégularité. L'idée même de sélection est contenue dans la nature des êtres vivants, dans le fait qu'ils existent seulement dans la mesure où ils se reproduisent. Chaque individu nouveau, qui par le jeu de la mutation, de la recombinaison et de l'addition se trouve porteur d'un programme nouveau, est aussitôt mis à l'épreuve de la reproduction. Cet organisme ne peut-il se reproduire, il disparaît. Est-il capable de se reproduire mieux et plus vite que ses congénères, aussitôt cet avantage, si minime soit-il, en favorise la multiplication et par là même la propagation de ce programme particulier. Si, en définitive, le texte nucléique semble modelé par le milieu, si les leçons dé l'expérience passée finissent par s'y inscrire, c'est à travers le long détour de la réussite dans la reproduction. Mais ne se reproduit que ce qui existe. La sélection s'opère, non parmi les possibles, mais parmi les existants. «

François JACOB, médecin et biologiste français contemporain prix Nobel en 1965 avec Lwoff et Monod, La Logique du vivant, Gallimard.

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