L'exercice de la réflexion suppose-t-il le refus de toute influence ?
Publié le 27/02/2008
                             
                        
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                                                                    Or pour vivre unetelle vie, il faut en finir avec les réponses toutes faites et jamais interrogées, avec cette ignorance qui s'ignore elle-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    La sagesse toute humainede Socrate 	consiste dans le respect de cette consigne, dans sa vocation de taon, dans la haine du bien connu.
                                                            
                                                                                
                                                                    Elle consiste aussi en ce qu'avec	Socrate	, ce qui passe au premier plan , ce n'est plus la recherche sur l'univers et la « 	physique 	» des premiers penseurs grecs, mais la réflexion	qu'on dirait morale, et qui réside dans l'exigence de l'examen critique de soi-même, de ses actes .
                                                            
                                                                                
                                                                    Et si la pensée est un dialogue de l'âme avec elle-même , elle se poursuit dans le dialogue vivant, avec des hommes en chair et en os, comme le fit toujours 	Socrate	.	Il y a quelque chose de troublant, à ce que la phrase de 	Socrate	 fasse elle-même partie du « bien connu », et à ce que la philosophie oublie parfois	cette leçon, répétée par 	Hegel 	vingt quatre siècles plus tard, qu'il n'y a rien de plus mal connu que le « 	bien connu	 », et qu'elle doit rester « 	le taon	de la cité	 ».	Si la philosophe commence avec 	Socrate	, c'est qu'elle débute par la prise de conscience de son ignorance, par la lutte qui doit être sans cesse	réentreprise contre la tyrannie des réponses toutes faites dont on n'interroge jamais le sens.
                                                            
                                                                                
                                                                               Cette leçon, toute philosophie véritable la fera sienne.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le travail authentique de la philosophie commence toujours par une remise en causedes idées admises et des réponses traditionnelles.
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est en quoi elle est toujours « 	génantes	 », toujours « 	contestataire	 » ; il suffit de citer	Montaigne	, Descartes	, Rousseau	.
                                                            
                                                                        
                                                                    Le libre examen, un  rapport honnête à  soi-même, l'ouverture aux autres  du dialogue, autant de signes de	l'activité philosophique, autant de leçons de 	Socrate	.	 -          	Une définition plus moderne de la sagesse invite à nuancer cette radicalité : « Par la sagesse, on	n'entend pas seulement  la prudence  dans les affaires,  mais une parfaite  connaissance  de toutes  leschoses que l'homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé etl'invention de tous les arts.
                                                            
                                                                                
                                                                    » (Principes, Descartes).
                                                            
                                                                                
                                                                    S'il faut penser par soi-même et renoncer à toutesinfluences,  c'est dans un but de sagesse  théorique (connaissance)  que pratique (conduite de  sa vie,santé, invention des arts).
                                                            
                                                                                
                                                                    Il faut donc que ce renoncement soit temporaire et méthodique.	 II.
                                                            
                                                                                
                                                                    La méthode du « renoncement » 	-          	La sagesse exige ce renoncement aux préjugés, aux discours qui influent autoritairement sur notre	réflexion et notre  jugement.
                                                            
                                                                                
                                                                     Mais le renoncement  du sage  grec,  dans sa radicalité,  confine àl'inconscience et à l'isolement.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le renoncement est un exercice méthodique, il est un moyen, et non unefin en lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    Descartes entreprend de tout révoquer en doute, afin de pouvoir penser par lui-même ets'assurer de  la vérité des choses  : « Il y a déjà quelque temps  que je me suis aperçu que, dès mespremières années,  j'avais reçu quantité  de fausses opinions pour véritables, et que  ce que j'ai depuisfondé sur des principes si mal assurés, ne pouvait être que fort douteux et incertain (…).
                                                            
                                                                                
                                                                    Maintenant quemon esprit  est libre  de tous  soins  (…), je m'appliquerai  sérieusement  et avec  liberté  à détruiregénéralement toutes mes anciennes opinions.
                                                            
                                                                                
                                                                    » (Méditations métaphysiques, 1).	 -          	La révocation en doute de toutes les choses connues a pour but l'autonomie de la pensée, et la	libération de son potentiel législateur.
                                                            
                                                                                
                                                                    La méthode cartésienne a pour but de bien conduire sa raison etchercher la vérité dans les sciences, et est notamment constitué de préceptes logiques et d'une moralede l'action.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit donc de renoncer, pour un temps, à toutes les influences, avant d'y revenir, riched'une méthode  d'analyse et d'un jugement  autonome.
                                                            
                                                                                
                                                                    Plutôt qu'un renoncement,  il faut envisager unemise à distance, un recul critique qui examine les influences plus qu'il ne les rejette.	 III.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'autonomie de la pensée par le recul philosophique 	-           	Les nécessités  de l'action ne permettent pas  la radicalité d'un renoncement permanent,  et le	déterminisme du milieu  du sujet  le contraint  à composer  avec un savoir  particulier,  une pratiqueparticulière, une certaine culture.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'exercice méthodique d'une révocation des vérités permet au sujet dese dégager assez des contraintes de l'action et du milieu pour lui permettre de penser par soi-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    Lesinfluences, mises à distance, délivrent ainsi leur part de vérité, de coutume, d'habitude, etc..
                                                                                                                    »
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