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L'EXISTENCE SELON J.-P. SARTRE

Publié le 24/03/2015

Extrait du document

sartre

TEXTE

« Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit

dans le monde et qu'il se définit après.

« L'homme, tel que le conçoit l'existentialisme, s'il n'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien. Il ne sera qu'ensuite et il sera tel qu'il se sera fait. Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir.

« ... L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. Tel est le premier principe de l'existentialisme... L'homme est d'abord

ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient de se pro‑

jeter dans l'avenir.

« ... Si vraiment l'existence précède l'essence, l'homme est res‑

ponsable de ce qu'il est. Ainsi la première démarche de l'existen­tialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui la responsabilité totale de son existence. Et quand nous disons que l'homme est responsable

de lui-même, nous ne voulons pas dire que l'homme est res­ponsable de sa stricte individualité, mais qu'il est responsable

de tous les hommes.

« Choisir d'être ceci ou cela, c'est affirmer en même temps la valeur de ce que nous choisissons, car nous ne pouvons jamais choisir le mal ; ce que nous choisissons c'est toujours le bien et rien ne peut être bon pour nous sans l'être pour tous. «

(J.-P. Sartre, L'existentialisme est un humanisme,

 

p. 21 à 24 pass., Ed. Nagel, réédition 1967.)

Ce texte nous a clairement montré les implications de l'idée d'existence chez Sartre : Parce que l'existence précède l'essence, parce que l'homme existe avant d'être ceci ou cela, l'existence humaine est liberté. L'existence humaine renverse la direction du temps naturel : c'est le futur (comme libre projet) qui détermine mon action présente et donne à mon passé ambigu le sens que je choisis. L'existence est non seulement liberté mais responsabilité, et responsabilité totale. Je suis res­ponsable en effet, non seulement de mes actes mais aussi de mes valeurs (aucun Dieu, aucune nature humaine définie n'éta­blissent en effet celles-ci a priori). Je suis responsable non seulement de moi-même mais de tous les autres hommes qu'à tout instant mes choix engagent par l'image de l'homme qu'ils créent.

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• • • • • • • • • • • b) Explication détaillée du texte « ...

L'existence précède l'essence.

» Il s'agit ici de l'exis­ tence humaine radicalement différente de l'existence des objets fabriqués par exemple.

Ce stylo-feutre bleu dont je me sers, existe évidemment.

Mais avant d'exister il a été imaginé, conçu, dessiné peut-être par quelque ingénieur.

Construit selon un modèle et pour un usage ce stylo a été une idée, autrement dit une« essence» avant d'être une« existence».

Mais moi, homme, j'existe tout simplement.

Ma personnalité n'est pas construite sur un modèle dessiné d'avance et pour un but précis.

Tous les objets sont relatifs à l'usage que l'homme en fait, mais l'homme n'est l'objet ni l'outil de personne.

Le stylo est pour !'écrivain, non !'écrivain pour le stylo.

« L'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde ...

Il n'y a pas de nature humaine puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir.

» Le fait même de l'existence est donc, pour les philosophes existentialistes, « absurde » mais ceci n'accrédite nullement une philosophie pessimiste de la vie.

Sartre ne veut pas dire que la vie est laide ou cruelle à la manière de Schopenhauer.

Absurde doit être pris dans le sens que lui donnent les logiciens : non déductible par la raison : « Les existants apparaissent, dit Sartre, se laissent rencontrer mais on ne peut jamais les déduire.

» Sartre lie la négation de l'essence de l'homme (il n'y a pas de nature humaine) à la néga­ tion de Dieu (il n'y a pas de Dieu pour concevoir cette nature).

Ce que Sartre nie ici c'est un « Dieu créateur ...

assimilé à un artisan supérieur », ce qu'il nie c'est le Dieu de Leibniz qui conçoit dans son entendement une certaine essence de l'homme et crée ensuite par un acte de sa divine volonté l'espèce humaine, conforme à l'essence préalablement conçue.

Ainsi le concept d'homme, dans l'esprit de Dieu est assimilable au concept de stylo-feutre bleu dans l'esprit de l'ingénieur qui le fabrique .

Notons que le Dieu nié par Sartre est un dieu « fabricateur » plutôt qu'un Dieu créateur.

C'est le Dieu de Leibniz ou le Dieu horloger de Voltaire.

Sartre personnellement est athée, mais on peut concevoir un existentialisme chrétien.

Au fond, les exis­ tentialistes chrétiens ne disent pas autre chose que Sartre; l'existence du monde et celle de l'homme ne découlent pas, rationnellement, de concepts préalablement posés; l'homme et le monde sont en effet, pour eux, issus d'une création contin­ gente; ils sont le fruit d'un Amour mystérieux.

L'être du monde (et notre être, ou plutôt notre exister) ne sont pas la conclusion d'un théorème mais l'effet d'une grâce .. »

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