L'Histoire nous apprend-elle à vivre ?
Publié le 08/02/2004
Extrait du document


«
b) Mais peut-être plus généralement, si l'histoire peut être bénéfique pour l'homme et ses affaires alors on peut direque l'histoire développe une certaine raison en l'homme en tant que prise de conscience de régularité et d'états defaits.
Or c'est bien en ce sens alors que nous pouvons dire que l'histoire nous apprend à vivre.
En effet,Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation (III) note bien : « L'histoire est pour l'espèce humaine ce que la raison ce est pour l'individu.
Grâce à sa raison, l'homme n'est pas renfermé commel'animal dans les limites étroites du présent visible.
[…] Seule l'histoire donne à un peuple une entière conscience delui-même.
L'histoire peut être regardée comme la conscience raisonnée de l'espèce humaine ; elle est à l'humanitéce qu'est à l'individu la conscience soutenue par la raison, réfléchie et cohérente, dont le manque condamne l'animalà rester enfermé dans le champ étroit du présent intuitif.
[…] L'écriture, en effet, sert à rétablir l'unité dans cetteconscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort.
»
c) Mais s'il y a sans bien un sens suivant lequel il semble légitime de pouvoir parler d'une histoire apprenant à vivrec'est bien l'histoire personnelle d'une espèce prise en particulier au cours de l'évolution des ères et le processus desélection naturelle tel que le développe Darwin dans De l'origine des espèces .
En effet, si l'histoire peut nous apprendre à vivre c'est grâce au développement d'un schéma perceptif particulier faisant chez tous les animaux,hommes et animaux, que nous avons des réflexes quasi instinctifs ou pour le dire de type pavlovien.
Il s'agit biend'un conditionnement historique en vue de la survie de l'espèce.
Transition :
Il semble bien alors que l'histoire puisse nous apprendre à vivre, non seulement en développant notre propreexpérience donc en insistant sur l'apport d'un sens pratique mais aussi en tant qu'elle crée en nous, de manièreinconsciente, des schémas de réflexion et d'appréhension du monde.
Cependant, si l'histoire a cette capacité, nerisque-t-on pas alors de s'enfermer dans le passé et de ne lire l'avenir seulement comme un passé réactualisé.
Orest-ce possible ?
II – La valeur de l'oubli
a) Cependant, l'histoire ne doit pas non plus nous apprendre à vivre de manière intrinsèque.
Pour le dire autrement,l'histoire est aussi ancrée dans l'identité mémorielle de la personne, et l'oubli est nécessaire justement pour ne pastrop subir son histoire et l'histoire en général et c'est bien ce sens que l'on peut comprendre la critique de Nietzsche dans la Seconde considération intempestive .
En effet, dans ce texte, nous pouvons assister à la mise en scène d'un troupeau qui ignore cequ'est hier et aujourd'hui.
L'homme se compare à l'animal dont il envie debonheur.
« L'animal vie d'une vie non historique, car il s'absorbe entièrementdans le moment présent.
[…] L'homme au contraire s'arc-boute contre lepoids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le dévie… ».
En ce sens, àtrop vouloir s'attacher à l'histoire et à en trouver les leçons et le sens noussommes écraser par cette histoire et nous n'avons pas la capacité d'aller del'avant.
Croire que l'histoire pourrait nous apprendre quelque chose ce seraitjustement ruminer l'histoire ; et nuire à notre bonheur : « « C'étaitautrefois… », cette formule appelle sur l'homme la lutte, la douleur et lasatiété, et qui lui rappelle que son existence n'est en somme qu'un imparfaitqui ne s'achèvera jamais.
Lorsque enfin la mort apporte l'oubli tant désiré, ellenous dérobe à la fois le présent et l'existence, et met un sceau sur cettevérité, qu'être n'est qu'un avoir été ininterrompu, une chose qui vit de se nieret de se consumer, de se contredire elle-même.
»
b) Pourtant, comme Nietzsche le note bien dans la Seconde considération intempestive , le vivant a pourtant besoin de l'histoire, de son histoire en tant qu'elle le favorise en créant un ensemble de règles bénéfiques pour sa survie :« Que la vie ait besoin d'être servie par l'histoire, c'est un fait dont il fautprendre conscience, tout autant que du principe que nous aurons à défendreplus tard, à savoir qu'un excès d'histoire nuit au vivant.
L'histoire appartient au vivant pour trois raisons : parce qu'ilest actif et ambitieux – parce qu'il a le goût de conserver et de vénérer – parce qu'il souffre et a besoin dedélivrance.
»
c) Or si la fonction de l'oubli est si nécessaire c'est bien parce qu'elle est psychologiquement nécessaire.
Cettevaleur positive de l'oubli a été bien mise en valeur par Bergson dans Matière et mémoire puisque selon lui la finalité de l'oubli est l'action.
Cela signifie en somme qu'oublier, créant alors cette infidélité, c'est rejeter hors du champ dela conscience les souvenirs inutiles à nos besoins pratiques.
La mémoire est donc infidèle pour des besoinspratiques, elle ne retient que ce qui lui est nécessaire et utile.
Et c'est bien là la possibilité de redéfinir la mémoire.Nous n'oublions pas ce qui est nécessaire pour nous à la vie et l'on peut comprendre en ce sens le double sens dupropos de Nietzsche ci-dessus.
Nous ne retenons de l'histoire que ce qui nous intéresse dans un but pratique maisaussi afin de passer outre les épisodes traumatisants du moi qui nierait voire détruirait notre vie comme le dit Freud dans ses Leçons de psychanalyse .
Transition :
Ainsi si l'histoire peut éventuellement nous apprendre quelque chose, ne faut-il pas rester ancré ou englué dans.
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