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L'homme doit il regretter de ne pas avoir d'instinct ?

Publié le 10/04/2005

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Or chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle, mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se renferment aussitôt ouvertes : en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne. Chez l'homme et chez l'homme seulement, elle se libère. »   Le problème que soulève Bergson est celui de la distinction entre la conscience animale et la conscience humaine. Ce qui les distingue, c'est la capacité d'invention qui, chez l'animal, se limite à une variation des habitudes, des automatismes, autrement dit, des comportements instinctifs. La conscience humaine, au contraire, est capable de se libérer des automatismes, ce qui lui offre une liberté d'action bien plus grande. Dans notre perspective, cette faculté de libération des automatismes que l'on peut nommer intelligence, ne palie pas à l'absence d'instinct, mais s'en défait. L'instinct ne doit donc en aucune manière être regretté, puisqu'il constituerait un frein à l'action humaine.     II - L'homme possède-t-il un instinct ?

Analyse du sujet :

 

  • Le sujet prend la forme d’une question fermée, à laquelle il s’agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion avec les nuances qui s’imposent, au terme d’une argumentation documentée.
  • L’instinct possède d’abord un sens biologique : il est une faculté d’adaptation innée à un environnement. C’est un caractère héréditaire qui caractérise une espèce et non seulement un individu. Nous disons par exemple que le Lion possède un instinct de chasseur.
  • L’instinct possède deuxièmement un sens psychologique qu’il faut distinguer du réflexe : les deux sont irréfléchis et innés. Cependant, l’instinct désigne une adaptation immédiate du comportement dans une situation donnée (l’instinct de survie par exemple), alors que le réflexe est pour ainsi dire la réponse mécanique à un stimulus.
  • Si l’instinct dans ce sens est inné, il faut encore le distinguer de l’intelligence qui est une fonction d’adaptation acquise, construite, et qui est donc susceptible de se développer au travers d’une éducation. L’intelligence est alors proprement humaine alors que l’instinct est animal. On peut se demander si l’homme, en tant qu’animal, possède un instinct ou non.
  • Les instincts ou pulsions (Trieb en allemand) possèdent troisièmement un sens technique dans la psychanalyse freudienne : ils désignent des forces inconscientes qui constituent la frontière entre le biologique et le psychique. Freud distingue la pulsion de vie (Eros : la libido) de la pulsion de mort (Thanatos).

 

 

Problématisation :

 

Quel motif l’homme pourrait-il avoir pour regretter de ne pas avoir d’instinct ? Pour répondre à cette question, il faut déterminer si l’homme, du fait qu’il est privé d’instinct, manque ou non de quelque chose. Or nous avons dit que l’instinct était faculté d’adaptation innée au milieu. Mais l’homme, justement, s’adapte mieux que toute autre espèce à son milieu.

I – L’homme palie-t-il son absence d’instinct ?

 

Ainsi posée, la question de notre sujet recèle un présupposé de taille : rien ne prouve que l’homme n’ai pas d’instinct. Mais si justement il s’avérait qu’il en avait un, alors il n’aurait aucun motif pour regretter de ne pas en avoir.

II – L’homme possède-t-il un instinct ?

« instincts.

Au contraire, le fait qu'il ai eu besoin de lutter contre eux est la preuve même de sa décadence.

A l'arrière plan de cette critique, se situe la thèse selon laquelle l'homme est fondamentalement un animal instinctif.L'intelligence est elle-même le produit d'un développement instinctif et en aucune manière une faculté d'un autreordre qui constituerait un concurrent de l'instinct.

Si l'homme est de part en part instinctif, il ne peut logiquementpas regretter de ne pas l'être.

Ce serait comme regretter d'être un homme ; ce serait ne pas aimer la vie elle-même.C'est bien la critique qu'il adresse à Socrate.

C'est pourquoi il interprète la mort de Socrate comme un suicide : « cen'est pas Athènes, c'est lui-même qui s'est tendu la coupe de ciguë » conclut Nietzsche.

Ce qu'il faut rechercher, au contraire de Socrate, ce n'est pas un moyen de lutter contre les instincts, mais l'ordreau sein des instincts, c'est-à-dire une hiérarchie des instincts permettant de s'affirmer conformément aumouvement même de la vie.

III – La technique comme assassinat regrettable de l'instinct La perspective nietzschéenne montre que l'absence d'instinct est une pure illusion.

Mais de fait, nous croyonspouvoir et devoir nous en défaire.

Un des moyens que nous nous donnons pour ce faire est la technique qui permetune rationalisation de l'action et donc le plus fort amenuisement de l'instinct.

Heidegger, dans le problème de la technique , montre que ce qui était d'abord conçu comme un moyen pour l'homme s'est en réalité retourné contre son créateur : en développant avec la révolution industrielle de la fin du 19 ème siècle à outrance la technique, l'homme s'est lui-même asservi à la technique.

Cela signifie que l'homme est devenule moyen de la technique, qui pour sa part s'est autonomisé.

Le film Metropolis de Frits Lang constitue une bonne illustration de ce renversement : la condition des ouvriers dans d'énormes usines y est complètement déshumanisée.Ils ne sont pas ceux qui commandent des machines mais sont au contraires les rouages mêmes de ces machines.

Dans notre perspective, la technique, qui était originellement le moyen le plus fort de nous adapter à notreenvironnement, est devenue despote.

La technique signe alors l'impossibilité d'un retour aux instincts qu'elle a mis àmort.

Pour le dire simplement, l'homme de l'ère industrielle n'est plus du tout instinctif, et en tant que rouage asserviau monde technicisé, ne pourra pas le devenir à nouveau.Ce n'est donc pas l'instinct qui est à regretter.

C'est au contraire l'oubli de notre caractère originellement instinctif Conclusion : Si la technique signifie à la fois le moyen de tuer les bribes d'instincts qu'il restait encore à l'homme et l'impossibilitéradicale de retrouver son caractère instinctif, alors on peut bien répondre positivement au sujet : l'homme doitregretter de ne pas être instinctif, ou plus précisément, de ne plus l'être et de ne plus pouvoir l'être.

Nietzscheparlerait sans doute d'un stade ultime de la décadence de l'humanité qui ne permet plus aucun retour là oùHeidegger voit dans la technique « l'avènement de la métaphysique ».. »

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