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l'homme est-il prisonnier de son langage ?

Publié le 22/11/2005

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langage
Il s'agira alors de voir à quelle condition le langage peut-être, à l'inverse, un instrument de libération. En quoi sommes-nous soumis au langage et à ses structures ? N'est-il pas tout autant un moyen de libération ? A quelle condition peut-il l'être ?     Plan     I-                   Le langage comme instrument d'objectivation   ·         Le langage est avant tout le moyen par lequel nous entrons dans le monde et il nous permet de rentrer en communication avec les autres. En cela, on voit difficilement comment il ne pourrait pas jouer une fonction libératrice en cela qu'il permet à une conscience de devenir conscience de soi, conscience du monde et des autres. ·         Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique ® « Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne ; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne. » Quand l'enfant finit, tardivement, par dire « je », alors qu' « auparavant il ne faisait que se sentir ; maintenant il se pense. » ·         On voit ici que c'est par le langage que l'homme prend conscience de l'unité de sa conscience et ainsi accède à sa personne.

Angles d'analyse ® La question peut s'entendre selon deux dimensions fondamentales. En effet, on doit se demander d'une façon générale si le langage empêche le sujet d'être pleinement lui-même en ce qui le contraint et l'englue dans des conventions linguistiques strictes. Mais c'est aussi le problème de l'autonomie de la pensée par rapport au langage qui est ici mise à la question. ® L'homme, doit-il, pour « exister « de manière générale, passer obligatoirement par la médiation du langage pour s'exprimer et entrer dans le monde ? De la même manière, la structure de notre pensée se réduit-elle à ce que les structures de sa langue lui permettent ? ® Etre prisonnier signifie bien entretenir un rapport d'absolue dépendance quant à la nécessité du langage. L'homme ne peut-il pas exister objectivement dans le monde et pour les autres qu'à partir du moment où il passe par la médiation du langage ? ® Prenons le cas de la pensée = Chercher le mot juste, ce n'est pas tant chercher le mot qui exprimerait notre pensée que chercher à former, en la formulant, une pensée qui ne serait, sans cela, qu'un sentiment confus, de sorte qu'on peut dire, avec Hegel que « c'est dans les mots que nous pensons. « (Encyclopédie, §462 Add) Mais si la pensée est, ainsi, inséparable du langage, est-ce qu'elle est également inséparable de la langue que nous parlons ? Si nous pensons le monde à travers la langue que nous parlons, la pluralité des langues n'implique-t-elle pas une pluralité des mondes, et l'impossibilité pour l'humanité de partager un monde réellement commun ? Notre pensée est-elle donc prisonnière de la langue que nous parlons ? ® Notre pensée est-elle, sous toutes ses formes, et quels que soient ses efforts, prisonnière du langage ? Prendre conscience de cette limite, n'est-ce pas déjà, en un sens, la dépasser et s'en libérer ?   Problématique   Il s'agit de se demander si l'homme, dans son existence matérielle comme intellectuelle, peut se passer de la médiation du langage ou si bien au contraire celui-ci structure de part en part notre rapport au monde. Il s'agira alors de voir à quelle condition le langage peut-être, à l'inverse, un instrument de libération. En quoi sommes-nous soumis au langage et à ses structures ? N'est-il pas tout autant un moyen de libération ? A quelle condition peut-il l'être ?

langage

« · On voit ici que c'est par le langage que l'homme prend conscience de l'unité de sa conscience et ainsi accède à sa personne.

En cela le langage est le moyen par lequel j'entreau monde et me libère de l'obscurité d'un moi encore informe. · De la même manière, le langage comme faculté est ce qui permet à l'homme de faire passer sa pensée de la puissance à l'acte.

Il lui permet de se faire entendre, en d'autrestermes d'exister dans le monde et pour les autres. · « L'invention de l'art de communiquer nos idées dépend moins des organes qui nous servent à cette communication que d'une faculté propre à l'homme qui lui fait employer sesorganes à cet usage.

» : comme Rousseau l'expose clairement au début de son Essai surl'origine des langues, le langage articulé est une fonction d'expression spécifiquementhumaine.

La possibilité de parler ne se réduit pas aux dispositifs neurobiologique etorganique, qui en sont certes une condition ; elle manifeste en outre des aptitudes à tirerparti de ces dispositifs, qui sont justement ce qui fait du langage l'objet de multiplesinterrogations.

On comprend alors que le langage est le moyen par lequel nous avons lapossibilité d'exprimer nos pensées, et a fortiori, de les communiquer.

Il est de ce point devue un élément de libération car il a bien pour fonction de rendre possible une forme decommunication indispensable à la vie en société. II- Une dépendance matérielle et intellectuelle · Cependant, une telle affirmation a des conséquences paradoxales.

En effet, si le langage est le moyen par lequel l'homme peut se libérer de l'obscurité de son moi profond etde ses pensées informées, alors il en devient paradoxalement le prisonnier au sens où il nepeut pas s'en défaire, au sens où il entretient une relation de stricte dépendance. · C'est ici le problème spécifique de la pensée par rapport au langage qui est ici à la question.

Ainsi , que notre pensée ne soit pas séparable de la langue que nous parlons et fasse corps en quelque sorte avec elle, c'est ce dont témoigne, par exemple, l'expérience dela l'apprentissage d'une langue étrangère.

On ne possède véritablement une autre langue, eneffet, lorsqu'on est capable de penser directement en cette langue, au lieu d'y devoirtraduire nos pensées. · On peut alors se poser la légitime question : la pensée précède-t-elle le langage ? Il semble alors que non seulement la pensée ne peut pas se passer du langage, que sans luielle n'aurait aucun mode d'existence structurée, mais même que l'organisation des mots etcelle des idées sont intimement et positivement liées, bref que l'ineffable n'est peut-être riend'autre que du non-pensable, tout simplement. · Hegel, Philosophie de l'esprit, §463 = « C'est dans le mot que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles quelorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité[…].

C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'internesont intimement unis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une tentativeinsensée.

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est lapensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elletrouve le mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et plus vraie.

» Hegel engage sa réflexion sur la possibilité de lasynthèse entre l'aspect subjectif et l'aspect objectifde la conscience.

Le langage est un moyen termeentre ces deux aspects, ce par quoi la conscienceobtient l'existence.Le langage permet à l'homme de concevoir la nature.Et on ne peut la concevoir sans lui, quel que soitl'envie qu'on en a.

De même, il n'est pas possibled'exprimer la conscience autrement que par le recoursau langage, quelle que soit la prétention de l'ineffable. Hegel lie le mot et la pensée : 1.

Penser par le mot, c'est lier intériorité et extériorité.2.

Il est impossible de penser sans les mots.3.

Le langage clarifie la pensée. D'emblée, la thèse de Hegel est affirmée clairement,en une phrase lapidaire : « C'est dans le mot que nouspensons.

»L'ensemble du texte vise à l'analyse des deux termes :la pensée, le mot, et à leur articulation.

D'où. »

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