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L'homme est-il un animal dénaturé ?

Publié le 14/06/2009

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Parce qu'il est un être de culture, l'homme a quitté la nature sans remède et sans retour possible : non seulement nous avons cultivé et aménagé la nature hors de nous par le travail et la technique, mais nous avons appris à maîtriser la nature en nous par la discipline et l'éducation. En effet, et comme aimait à le rappeler Freud, la civilisation s'est tout entière bâtie contre les instincts : ainsi, toutes les cultures ont mis entre nous et les besoins que nous partageons avec les animaux (boire, manger, dormir, se reproduire) une épaisseur de symboles et de rites ... on mangera avec des « manières de tables «, pour reprendre une expression de l'ethnologue C. Lévi-Strauss, on consommera certains aliments crus et d'autres cuits, on ne dormira pas simplement quand on a sommeil, mais à certaines heures et en certains lieux, etc. En ce sens, tout se passe comme si l'homme avait dû nier l'animalité en lui pour accéder à l'humanité ; reste à savoir cependant si cette négation est une privation, voire une perte, ou bien plutôt un gain. Alors, l'homme est-il simplement un animal dénaturé ? Autrement dit, l'homme est-il en son fond un animal, qui aurait été par un long processus privé de sa nature propre ? Cette dénaturation n'a-t-elle au contraire pas fait de lui tout autre chose qu'un animal, même privé de nature ? Car enfin, « dénaturé « peut signifier soit simplement privé de sa nature première, soit profondément altéré, corrompu, dépravé même. Lorsqu'on parle de l'homme comme d'un animal dénaturé, on sous-entend donc qu'en ayant quitté l'ordre de la nature, ce dernier s'est perverti, et on fait de la culture un processus de corruption. Cette nostalgie des temps primitifs est-elle cependant fondée ?

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