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Liberté et déterminisme ?

Publié le 13/04/2004

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embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l'avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. « Laplace, Essai philosophique sur les probabilités, 1814.Laplace énonce là le principe même du déterminisme universel, selon lequel les lois causales gouvernent toutes choses dans l'univers. Ainsi tout événement peut être considéré comme l'effet des événements qui l'ont précédé et comme la cause des événements qui lui succéderont, les états successifs de la nature s'enchaînant comme par nécessité les uns aux autres. « Croyez-vous sincèrement que la ruade d'un cheval dans la campagne française dérange le vol d'un papillon dans les lies de la Sonde ? « Bachelard, L'Activité rationaliste de la physique contemporaine, 1951. Bachelard souligne ici le caractère monstrueux du déterminisme universel. Si l'on s'attache en effet à rechercher les antécédents des plus petits mouvements des plus petites portions de l'univers, on obtient ce qu'on pourrait appeler un « déterminisme de l'insignifiant «. « Dieu ne joue pas aux dés. « Formule favorite d'Einstein (1879-1955).

  • déterminisme:

Relation nécessaire entre une cause et son effet. On parle de déterminisme naturel pour désigner le fait que tous les phénomènes naturels sont soumis à des lois nécessaires d'enchaînement causal.

« Liberté réelle et liberté pensée Si notre pensée résiste à l'idée du déterminisme comme explication de tout ce qui est, c'est sans doute parce qu'ilexclut le possible.

L'homme ne pense pas ce qui est nécessaire mais encore ce qui est possible.

C'est pourquoi l'idéed'une liberté purement contingente lui semble une définition plus juste de sa liberté.

L'homme se fait ainsi la sourceabsolue de ses décisions et de ses actions.

Sa liberté est pouvoir absolu de négation de tous les déterminismes.Reconnaître à l'homme un tel pouvoir n'est cependant pas suffisant.La liberté se met à l'épreuve dans son rapport au déterminisme.

Elle n'est, par conséquent, qu'en vertu del'existence même du déterminisme.

Il n'y a de problème de la liberté que pour une conscience qui s'engage et se voitcontrainte.

Séparer les deux notions revient donc, finalement, à penser des chimères. «La colombe légère, lorsque, dans son libre vol, elle fend l'air dont elle sent larésistance, pourrait s'imaginer qu'elle réussirait bien mieux encore dans levide.» Kant, Critique de la raison pure (1781). • Kant fait apparaître que l'opposition entre liberté et contrainte nefonctionne pas toujours.

Ainsi, une colombe en vol pourrait croire que l'air lafreine, mais s'il n'y avait pas d'air, elle ne pourrait pas voler du tout.

Ce qui lafreine est aussi ce qui la porte.

De même, la notion de liberté absolue, ausens d'une complète absence de contrainte, n'a pas de sens.

En effet, sansaucune contrainte, dans le vide pur, aucune action n'est possible, à plus forteraison aucune action libre.• Ainsi, il n'y a d'action et donc de liberté possible qu'au sein d'une certainestructure, qui définit notre champ d'action tout en le délimitant.• On pourrait utiliser cette métaphore de la colombe pour aussi montrer notrerapport inconséquent à la loi.

La colombe, dans son vol, éprouve la résistancede l'air et elle se plaît à imaginer qu'elle volerait bien mieux et bien plus hautsans cet obstacle: elle ignore que sans l'air, elle ne volerait pas du tout etque ce qu'elle ressent comme un empêchement est aussi une condition depossibilité même de son vol. Nous aussi nous plaisons à imaginer une vie sans règles, au-delà des lois:suppression des impôts, de la police, du code de la route, etc.

Ce faisant, nous sommes aussi écervelés que la colombe, car nous oublions que sans ces contraintes, notre prétendue libertén'existerait plus.

Nous ressentons comme un obstacle ce qui en réalité est une condition d'exercice de nos actions.Que serait en effet ma sécurité sans les forces de l'ordre ? que serait mon existence sans protection sociale que jefinance par mes impôts ? Nous pouvons toujours penser la liberté comme un pur commencement d'agir ou de penser.

Mais nous n'avonsencore rien dit d'une liberté réelle, qui n'existe que par sa confrontation avec ce qui tend à la nier.

Être libre, parconséquent, ce n'est pas nier la réalité du déterminisme, ce qui n'est pas en notre pouvoir.

C'est bien plutôt savoirce que nous faisons avec le déterminisme, comme pôle indispensable pour orienter notre liberté.. »

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