Liberté et nécessité
Publié le 25/01/2020
                             
                        
Extrait du document
Laplace (1749-1827) «Tout, dans la nature, obéit à des lois. Tout en dérive aussi nécessairement que le retour des saisons, et la courbe décrite par l’atome léger que le vent semble emporter au hasard est réglée d'une manière aussi certaine que les orbes planétaires. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans une même formule les mouvements des plus grands corps de l'Univers et ceux du plus léger atome. Rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé serait présent à ses yeux. »
Incontestablement pareille conception du déterminisme était liée à une époque bien particulière de l’histoire des sciences, celle du triomphe des sciences mécanistes. Les découvertes qui ont été faites depuis un siècle et demi dans les domaines nucléaire, biologique, génétique, nous ont incités à plus de modestie. Laplace était bien obligé, d’ailleurs, de mettre sa phrase au conditionnel, et les philosophes ont souligné à juste titre, ironiquement, les conséquences étranges de sa supposition.
Engels (1820-1895) «Comment! Si cette cosse de pois contient cinq graines et non pas six, c’était déjà impliqué dans la nébuleuse d’où est sorti le système solaire!... Avec une nécessité de cette sorte nous ne sortons pas d’une conception théologique de la nature’. »
Bachelard (1884-1962) «Si l’on veut prendre des exemples précis, on donne l’impression d’être impoli à l’égard des métaphysiciens ; il faudra en effet leur demander : « Croyez-vous sincèrement que la ruade d’un cheval dans la campagne française dérange le vol d’un papillon dans les îles de la Sonde ? - et l’on trouverait des philosophes entêtés pour dire oui, en ajoutant que sans doute l’effet de la cause lointaine ne peut être perçu, mais qu’il existe. Ils pensent ainsi philosophiquement, bien qu’ils observent, comme tout le monde, tout autre chose. »
1. Mathématicien, astronome, physicien célèbre, Laplace avait répondu à Napoléon, s’étonnant de ce qu'il n’ait pas parlé de Dieu dans l’exposé de son système : «Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse »... Engels estime au contraire que l’existence de Dieu est postulée en fait par la conception laplacienne du déterminisme.
«
                                                                                                                            Bien 	entendu, 	il n'y 	a pas 	ici, 	à proprement 	parler, 	choix 	
d'une 	valeur 	; et 	aucune 	attitude 	ne 	peut 	être 	jugée 	sans 	tenir 	
compte 	de 	la situation 	dans 	laquelle 	elle 	est 	vécue.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Simplement 	
cet 	exemple 	nous 	rappelle 	que 	la question 	de 	notre 	liberté, 	de 	
notre 	degré 	plus 	ou 	moins 	grand 	de 	liberté, 	doit 	être 	examinée 	
avant 	toute 	autre.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Il est 	inutile 	d'évoquer 	quelque 	morale 	ou 	
quelque 	art 	de 	vivre 	que 	ce 	soit 	si nous 	ne 	sommes 	même 	pas 	
capables 	de 	ne 	plus 	fumer 	dès 	lors 	que 	nous 	en 	avons 	pris 	la 	
décision.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Pourquoi 	essayer 	d' «acheter» 	une 	valeur 	par 	des 	
actes 	plus 	ou 	moins 	pénibles? 	Tout 	est 	gratuit 	peut-être, 	tout 	
est 	à la 	fois 	donné 	et 	imposé 	à la 	loterie 	de 	l'univers, 	le 	mal 	
comme 	le 	bien.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Dès 	lors 	la sagesse 	ne 	serait-elle 	pas 	de 	nous 	
laisser 	porter 	par 	les 	courants, 	sans 	résistance 	et 	sans 	faux 	
orgueil, 	en 	jouissant 	de 	toutes 	les 	douceurs 	qui 	passent? 	Si 	
nous 	ne 	pouvons 	rien 	contre 	notre 	destinée, 	il vaut 	mieux 	que 	
nous 	le 	sachions.
                                                            
                                                                                
                                                                    	
LE 	FATALISME 	
L'attitude 	fataliste 	s'appuie 	sur 	des 	constatations 	très 	simples 	
mais 	très 	fortes, 	extrêmement 	puissantes 	sur 	l'esprit 	des 	
hommes 	dès 	qu'ils 	sont 	en 	proie 	au 	malheur 	ou 	à la passion.
                                                            
                                                                        
                                                                    	
Nous 	n'avons 	pas 	choisi 	de 	naître, 	ni 	de 	naître 	tels 	que 	nous 	
sommes 	nés, 	avec 	tels 	chromosomes, 	telles 	dispositions 	phy	
siques 	et 	intellectuelles, 	dans 	telle 	famille 	unie 	ou 	désunie, 	
telle 	nation, 	telle 	classe 	sociale, 	à telle 	époque.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Durant 	toutes 	
les 	années 	de 	notre 	première 	enfance 	nous 	ne 	pouvons 	rien 	
sur 	nous, 	nous 	subissons 	toutes 	les 	influences 	au 	moment 	où 	
elles 	sont 	précisément 	le 	plus 	efficaces...
                                                            
                                                                                
                                                                    	Impossible 	aux 	
hommes 	d'ajouter 	à leur 	taille 	une 	seule 	coudée, 	dit 	l'Évan	
gile, 	ni 	de 	changer 	la 	couleur 	de 	leurs 	yeux.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ils 	savent 	tous 	
qu'ils 	mourront, 	mais, 	sauf 	à se 	suicider, 	ils 	ne 	connaissent 	ni 	
le 	jour 	ni 	l'heure.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Ils 	ne 	peuvent 	pas 	défendre 	ceux 	qu'ils 	
aiment 	contre 	les 	accidents 	imprévisibles, 	contre 	la 	folie, 	
contre 	le 	cancer.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Même 	dans 	des 	cas 	apparemment 	très 	
simples 	où 	la 	parole 	d'autrui 	leur 	affirme 	qu'ils 	sont 	libres, 	
les 	hommes 	souvent 	ne 	ressentent 	rien 	de 	tel.
                                                            
                                                                                
                                                                    	L'alcoolique 	
affirme 	sincèrement 	qu'il 	ne 	peut 	pas 	ne 	pas 	boire, 	Tristan 	ne 	
pas 	aimer 	Iseut.
                                                            
                                                                                
                                                                    	Comment 	leur 	prouverait-on 	le contraire 	? 	
8.
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