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l'idée de finalité doit-elle demeurer étrangère aux sciences biologiques ?

Publié le 22/03/2004

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Par exemple, en biologie et plus particulièrement dans le domaine de l'évolution. La position du vitalisme n'est rien d'autre qu'un essai pour donner une valeur positive au concept de finalité. Sans doute on ne peut contrarier indéfiniment le courant expérimental qui se développe avec des praticiens comme A. Paré ou Descartes, mais toutes les explications positives devront trouver place dans un ensemble dominé par une entité comme le principe vital. On utilise pour convaincre le savant un raisonnement passablement spécieux, qui d'ailleurs se trouve souvent repris par la suite. En vain la science progresse et démonte des mécanismes compliqués de la nature. Ces mécanismes compliqués, si l'homme peut les connaître, il ne peut certes pas les créer de toutes pièces. Pour critiquer la science et la renvoyer à la finalité, on reproche en somme à l'homme de ne pas être Dieu, c'est-à-dire de ne pouvoir reconstruire ce que déjà il parvient à connaître.Le vitalisme a été sévèrement critiqué par Claude Bernard qui y voit la négation même de l'esprit scientifique. Pour lui la science ne doit point se proposer de rechercher les « causes en soi «.

A. — On sait que les savants formés aux méthodes des sciences positives écartent volontiers l'idée de finalité comme anti-scientifique. Postulat mécaniste et principe fondamental de la science expérimentale : recherche des conditions, du comment des phénomènes, non du pourquoi. Mot de Bacon : "Les causes finales, comme les vierges qui se consacrent à Dieu, sont belles, mais stériles." Elles sont : a) belles, c'est-à-dire un produit séduisant de l'imagination : b) stériles : elles n'ont jamais servi à rien, si ce n'est à engendrer des erreurs et à entretenir des préjugés. B. — On peut accorder : a) qu'on a souvent abusé des causes finales; b) que, dans les sciences physico-chimiques, elles ne jouent qu'un rôle très secondaire. — Mais la recherche de la finalité est d'une incontestable utilité dans les sciences biologiques, qui ont pour objet les fonctions et les organes des animaux et des plantes. Le montrer : 1° A priori : Qui dit organe (instrument, outil) dit usage, but à atteindre. Qui dit fonction dit la même chose. Comment avoir l'explication de ces organes et fonctions sans la considération du but pour lequel ils sont des moyens ? (Cf. Janet. Causes finales.) 2° A posteriori : Rappeler que l'histoire des sciences enregistre de grandes découvertes dues à l'idée de finalité (Cuvier, Harvey). C. — Faire remarquer toutefois que les considérations téléologiques sont utiles à la science, non pour la constituer, mais comme procédé propre à suggérer au savant des hypothèses qui le dirigeront dans ses recherches. Mais, à cause des abus toujours possibles, nécessité d'un contrôle sévère et d'une prudente réserve. Il semble y avoir une contradiction dans les termes quand on rapproche le mot positif qui caractérise habituellement la science et la notion de finalité qui appartient habituellement à la métaphysique. La science est positive dans la mesure où elle se limite aux faits. Elle établit entre eux des relations de cause à effet qui, lorsqu'elles sont constantes, prennent le nom de lois. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. La notion de finalité au contraire comporte l'intervention d'une volonté soit humaine, soit divine. La suite des causes se trouve en quelque sorte interrompue par un « commencement absolu «. Un projet précède l'existence de la réalité et contribue à la rendre réelle. En conséquence on ne voit pas bien comment la finalité pourrait prendre un sens positif.

 

Préambule. — Contradiction dans les termes qui semblent contenus dans la question posée : finalité, concept métaphysique et caractère positif de la science. 1re partie: Usages abusifs de la notion de finalité: 1. Usage métaphysique pur et simple. 2. Usage pseudo-scientifique. 3. Position philosophique qui limite la causalité par la finalité : Boutroux. 2e partie : La finalité en biologie : 1. Complexité de l'objet considéré. 2. La « convenance complexe «. 3. Élimination du vitalisme. Conclusion. — La finalité peut entrer dans le concept de causalité.

« conclure à l'échec de la causalité et pour parler du « choix » que ferait sans cesse la nature, choix évidemmentdicté par une finalité qui nous dépasse. * * *Cependant le progrès de la science, et en particulier de la biologie n'autorise point ces conclusions qui sont pour lemoins prématurées.Toutes les conditions pour créer une certaine confusion se trouvent réunies en biologie.

L'objet de cette science estle plus complexe de tous, c'est la matière vivante où rien ne semble exister séparément, où tout influe sur tout.Ainsi comme Bergson l'a montré dans une brillante analyse, l'étude de l'oeil dégage une série d'éléments qu'il seraitinopportun de considérer séparément, car ils ne peuvent s'expliquer que par une idée d'ensemble qui est la fonctionde l'oeil, la vue.Mais le mot finalité, en biologie, a-t-il le même sens qu'en métaphysique ? Le logicien Goblot a fait remarquer qu'ilvaudrait mieux employer l'expression de « convenance complexe ».

En effet, il y a entre les éléments qui composentla matière vivante des milliards de combinaisons possibles.

Celle qui permet aux éléments constitutifs de l'oeil de voirn'est qu'une de ces combinaisons, mais c'est la bonne et elle a des chances de durer parce que l'animal qui endispose, grâce précisément à la vue, peut se nourrir, se défendre et durer.

Ainsi selon la vigoureuse expression deDiderot dans la « lettre sur les aveugles », tout se passe comme si dans la nature les dés pouvaient être a pipés ».Il y a encore finalité puisqu'il y a accord complexe des éléments en vue d'un but.

Mais c'es|; une finalité qui n'estplus a priori, comme dans la pensée métaphysique, mais a posteriori : en effet, dans le cycle de l'évolution, l'animalqui ne dispose pas d'organes lui permettant de survivre est rapidement éliminé. Il ne s'agit pas là d'un retour à une position matérialiste naïve expliquant les phénomènes vivants par des loisphysiques et chimiques simples ; bien au contraire, cette attitude philosophique s'efforce de cerner la réalité vivantedans son évolution, dans son histoire.

Sur la question de l'évolution, elle étudie les espèces disparues non seulementà partir des ossements qu'on peut découvrir mais aussi de la possibilité pour l'homme dans certaines conditions decréer des espèces nouvelles.

Ce qu'il y a de plus important, c'est d'éliminer tous les souvenirs du vitalisme et lesentités métaphysiques dont ils embarrassent la recherche scientifique.Ainsi se trouve éliminé l'argument qui déclare notre science impuissante.

D'abord il faut répondre que l'homme peutdéjà pratiquer la synthèse de substances organiques complexes.

La première de toutes, celles de l'urée a pu êtreréussie dès 1828.Mais enfin et surtout il faut bien poser que le monde est complexe et que le voir dans sa complexité n'est pas unsigne de faiblesse, mais au contraire de force.La science de l'homme ne se propose point de recommencer le monde, ce qui de toutes façons serait une lourdetâche et qui pour le moment ne servirait à rien.

Le but de la science reste de se rendre comme maître et possesseurde la nature.

Or ce but, personne ne saurait le nier, est atteint de plus en plus. * ** Il faut en prendre son parti.

La finalité métaphysique se trouve peu à peu exclue des explications scientifiques.Toutefois le monde se découvrant de plus en plus complexe devant l'investigation de l'homme, celui-ci a été amenéà préciser le concept mécanique de la causalité.

La matière vivante ne connaît pas le même type de causalité que lamatière inanimée.

Le fait vivant garde son caractère d'organisation, de cohérence et de réaction adaptée.

Dans lamesure où ses traits distinctifs peuvent être résumés par le mot finalité, la causalité peut et doit comprendre aussila finalité.Mais dans ces conditions, la finalité doit perdre ce halo de mystère que la pensée métaphysique lui avait conférée.Elle doit avoir un usage positif, un usage scientifique.. »

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