Devoir de Philosophie

l'idée d'une quelconque hiérarchie entre les hommes est-elle acceptable ?

Publié le 25/11/2005

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 » (citations tirées des Politiques, I, 5, 1254-b) c) Selon Aristote, il est donc tout à fait normal qu'il existe une hiérarchie entre les hommes, puisque l'ordre de la nature est fait ainsi. Ce n'est que suivre l'ordre de la nature que d'inscrire cette hiérarchie dans le monde politique. Or, comme vivre en harmonie avec la nature - c'est-à-dire effectuer la fonction pour laquelle la nature nous a créé -, c'est accomplir sa vie dans la vertu et donc trouver le bonheur, respecter cette hiérarchie assurera le bonheur pour tout un chacun. En effet, si les esclaves n'ont pas assez de raison pour commander, cela les rendrait malheureux que de commander, et si les hommes libres n'ont pas assez de force pour les travaux difficiles, ce serait les rendre malheureux que les astreindre à de telles besognes. Mieux vaut donc que chacun occupe la fonction que la nature lui a donné : aux hommes libres celle de commander, et aux esclaves celle d'obéir. Transition : Ce point de vue n'est défendable qu'à partir du moment où l'on considère que la nature a voulu que les choses soient ainsi. Mais un tel postulat ne pose-t-il pas problème ?   L'égalité entre les hommes. a) L'hypothèse aristotélicienne semble en effet soulever plus de questions qu'elle n'en résout, car les faits - ces mêmes faits dont elle prétend pourtant tirer sa légitimité - la contredisent. Aristote lui-même s'étonne que « des esclaves ont des corps d'hommes libres, et des hommes libres des âmes d'esclaves » (Politiques, I, 5, 1254-b) sans en tirer les conséquences.
  • Analyse du sujet :

 

Homme : « Homme « est le nom commun qu'on donne à l'homo sapiens. Ce dernier est un  mammifère appartenant à l'ordre des primates. Il est doué d'intelligence et d'un langage articulé. Il se caractérise également par un cerveau volumineux et capable d'abstraction, ainsi que par des mains préhensibles et la station verticale. « Sapiens « est un adjectif latin qui signifie « intelligent «, « sage «, « raisonnable «, ou encore « prudent «. Le trait saillant qui définit l'homme semble donc être le fait qu'il serait un être vivant doué de raison. Cette hypothèse résulte d'une longue tradition philosophique qui a construit le concept d'humanité en opposition à celui d'animalité. Ainsi, on a tendance à considérer que l'homme se distinguerait du reste des créatures vivantes parce qu'il serait capable de pensée, de conscience de langage et de liberté, alors que les animaux n'en auraient pas la capacité. Cela confèrerait à l'homme une dignité particulière : seul d'entre les créatures à posséder la raison, il serait également le seul à pouvoir se représenter une fin, et à ce titre, il serait en lui-même une fin, c'est-à-dire une personne que l'on devrait respecter, et non pas une simple chose dont on pourrait disposer.

Hiérarchie : Système de classement permettant d'ordonner les individus selon leurs fonctions, leurs dignités ou leurs pouvoirs. Cet ordonnancement reconnaît entre les membres du groupe social considéré un certain rapport de subordination et d'importances respectives. Le système hiérarchique reconnaît en son sein différents rangs qu'on considère comme étant plus ou moins élevé. Le fait d'être placé sur un rang supérieur permettant de disposer d'une sorte de préséance sur les rangs inférieurs. Le terme vient du grec hieros, sacré, et arkhein, commander. Son origine laisse donc entendre qu'il s'agit initialement d'un système favorisant un commandement sans discussion, comme s'il était issu de l'ordre divin et ne faisait que le suivre. La question se pose toutefois de savoir ce qui justifie qu'un individu dispose de privilèges sur un autre, au nom de quoi et dans quel but ?

 

 

  • Problématisation :

 

Peut-être l'idée d'une hiérarchie entre les hommes est-elle inacceptable, toutefois, force nous est de reconnaître qu'elle est quotidiennement acceptée. Nous savons en effet que tous les jours, il existe un peu partout des hommes qui commandent à d'autres, que ce soit de manière explicite ou tacite. Au nom de quoi le font-ils ? Cela doit-il être remis en cause ? Voilà les questions auxquelles il nous faudra répondre au cours de la dissertation.

 

« homme ressent en lui le devoir moral.

Ce devoir moral n'a de sens que si l'homme est libre, car il n'y aurait aucunmérite moral à agir moralement si cela n'exigeait pas de l'homme qu'il aille à l'encontre de ses inclinations.

En effet,considérer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capable de s'affranchir des déterminations sensibles, parexemple en renonçant à l'intérêt personnel et au plaisir immédiat.

Si l'homme est capable ainsi de mettre en actionsa liberté, c'est parce qu'il est sensible à quelque chose de plus noble que l'intérêt.

Selon Kant, cette chose quiserait supérieure à l'intérêt, ce serait le sens du devoir qui nous enjoint à un respect inconditionnel envers la loimorale.

Ce sens du devoir s'élevant au-dessus de ce qui est directement donné dans la nature confère ainsi àl'homme une dignité supérieure.

Aussi, tout homme étant porteur de cette dignité quasi surnaturelle, il convient deconsidérer que tout homme a une valeur qui dépasse tout.

C'est pourquoi Kant affirme que le devoir moral peuts'exprimer ainsi : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

» (FMM , deuxième section).c) Puisque tout homme est porteur d'une dignité qui lui confère une valeur supérieure à tout, on peut en déduire quetous les hommes sont égaux.

En effet, considérer que chaque homme est une fin en soi, que chaque hommepossède une valeur absolue, c'est également affirmer que tous sont égaux, puisque aucun homme ne vaut plusqu'un autre.

Par conséquent, instaurer une hiérarchie entre les hommes semble aller à l'encontre de la dignité quereprésente chaque être humain.

Transition : Cet aspect moral justifierait-il vraiment qu'on refuse toute hiérarchie ? La nécessité des conventions.

3. a) Le point de vue kantien ayant été exposé, peut-être ne faut-il pas en déduire que toute hiérarchie est forcémentmauvaise en soi.

Pascal explique ainsi que « Le peuple honore les personnes de grande naissance, les demi-habiles les méprisent disant que la naissance n'est pas un avantage de la personnemais du hasard.

Les habiles les honorent, non par la pensée du peuple maispar la pensée de derrière.

» ( Pensées , 90, édition Lafuma) Pourquoi seraient- ce les « demi-habiles » qui refusent cette hiérarchie et les « habiles » qui larespectent ? Quelle est cette « pensée de derrière » ? Cette pensée dederrière est celle qui permet de juger de tout « en parlant cependant commele peuple » ( Pensées , 91, édition Lafuma).

Et dans ce cas précis, elle consiste en cela que le respect que nous devons à tous les hommes d'un point de vuemoral n'exclut pas l'usage de conventions au niveau social.b) Les conventions sont en effet utiles au maintien de l'ordre social car, « ilfaut qu'il y ait différents degrés, tous les hommes voulant dominer et tous nele pouvant pas » ( Pensées , 828, édition Lafuma).

Il serait injuste de croire que cette hiérarchie sociale rend compte d'une hiérarchie réelle dans l'ordre desêtres, mais il est juste de la respecter car elle permet à la société de ne pass'enflammer.

Ainsi si le peuple est injuste de croire voir en une personne degrande naissance quelqu'un qui vaut plus, le demi-habile est également injustede vouloir troubler l'ordre social au nom d'une égalité métaphysique.

L'habile,qui sait tout cela, respecte l'ordre social et également l'ordre métaphysique.c) C'est pourquoi nous pouvons affirmer que l'idée d'une hiérarchie entre leshommes est acceptable d'un point de vue social, mais intolérable d'un point devue métaphysique.

Ce qui serait inacceptable, c'est de croire que lesconventions sociales rendent compte d'une vérité essentielle : penser que l'officier vaut mieux que le sous-officier,qu'il est d'une meilleure nature sous prétexte qu'il est officier est injuste.

Mais affirmer que le sous-officier doit obéirà l'officier est acceptable, parce qu'il est utile qu'il en soit ainsi.

Conclusion :Dans une première partie, nous avons exposé l'opinion ancienne selon laquelle la nature avait déterminé unehiérarchie entre les hommes.

Nous avons ensuite démontré que tous les hommes se valaient sur le plan moral etmétaphysique.

Ce faisant, nous avons montré que cela ne justifiait pas de refuser toute hiérarchie dans la sociétéet qu'il fallait ainsi distinguer le plan moral et métaphysique du plan social.. »

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