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L'ignorance du passé entraîne-t-elle l'incompréhension du présent ?

Publié le 16/02/2011

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1. Problématique se référant à « l'histoire «.

• Extrait de : Valéry, De l'Histoire, Tome II (La Pléiade). « L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. Que de livres furent écrits qui se nommaient : « La leçon de ceci, les Enseignements de cela !... « Rien de plus ridicule à lire après les événements qui ont suivi les événements que ces livres interprétaient dans le sens de l'avenir. « « On recommande aux rois, aux hommes d'Etat, aux peuples, de s'instruire principalement par l'expérience de l'histoire. Mais l'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire, qu'ils n'ont jamais agi suivant les maximes qu'on aurait pu en tirer. Chaque époque, chaque peuple se trouve dans des situations si particulières.., que c'est seulement en fonction de cette situation unique qu'il doit se décider : les grands caractères sont précisément ceux qui, chaque fois, ont trouvé la solution appropriée. « Hegel.

« Ensuite, on montrera que le présent n'a de sens que par rapport au passé dont il résulte.

Enfin, on examinera enquoi à l'inverse, une connaissance trop nourrie du passé peut nuire à la connaissance du présent. IV - UNE DÉMARCHE POSSIBLE A - CONNAÎTRE LE PASSE : CONDITION DE LA COMPRÉHENSION DU PRÉSENT Le présent est souvent bien incompréhensible.

Pourquoi telle explosion de violence dans un corps social ? Pourquoivoit-on l'actualité comme une suite d'événements accidentels voire fortuits ? Réponse : l'ignorance de la situationpassée interdit de comprendre ce présent que nous vivons mais dont le sens nous échappe.

A un niveau individuel,la connaissance et la recherche au travers d'une psychanalyse des traumatismes qui ont structuré notrepersonnalité psychique sont autant de moyens pour mieux comprendre ce que l'on est au présent et que l'on doit aupassé, considéré comme élément de structuration de sa propre histoire.

Il semble donc aller de soi que l'on estdépendant du passé pour comprendre le présent. B - COMPRENDRE : RELIER LA RÉALITÉ PRÉSENTE AU PASSE DONT ELLE EST ISSUE. Au fond, comprendre c'est relier le présent au passé.

Mais le passé n'est jamais que du présent qui n'est plus quesur le mode de l'avoir-été.

En outre, il y a un présent de ce passé.

Comprendre le présent, c'est l'articuler au passéqui est encore en quelque manière présent.

On voit donc que la compréhension du passé et la compréhension duprésent vont de pair.

Il n'est guère possible de dissocier ces différentes dimensions du temps. C - LA CONNAISSANCE DU PASSE OBSTACLE A LA COMPRÉHENSION DU PRÉSENT. Tout n'est peut-être pas aussi simple.

NIETZSCHE a bien souligné dans les Secondes considérations inactuelles ,àquel point la connaissance du passé pouvait aveugler celui qui veut comprendre le présent dans sa nouveauté, soncaractère singulier.

L'homme tourné vers le passé ne saurait voir ce qui est neuf dans le présent.

Il y a une vertu del'oubli, le regard est libéré des anciennes habitudes et considère le présent d'un oeil plus libre et plus vivant. Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas de mémoire supérieure.

Seul l'homme dit «je me souviens » et pour cela il lui est impossible de vivre heureux et pleinement.

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de lafugitivité et de l'inconsistance de toutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'est plus, etque ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, etpar conséquent le vrai bonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marque la limite de sa volonté de puissance.L'instant présent, ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, aucontraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « cela a été ».

Dès lors la volonté ne peutque se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi« l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le dévie, qui alourdit sadémarche comme un invisible fardeau de ténèbres ».3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un être malade, il est l'homme du ressentiment.

La «santé » psychique dépend de la faculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcherl'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs).

Car alors l'homme réagit à ces traces etcette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme re-sent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'hommen'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de cestraces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirer vengeance: « On n'arrive à se débarrasser de rien, onn'arrive à rien rejeter.

Tout blesse.

Les hommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous lesévénements laissent des traces; le souvenir est une plaie purulente.

» Le désir de vengeance et le ressentimentCette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller à l'infini? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté de puissancevient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.

Elle peut bien vouloir l'avenir mais non pas le passé.

Sil'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière ne peut vouloir lavolonté.

»La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.

Cettevolonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-même dans cequ'il a d'irréversible et d'inexorable qu'elle s'exerce, parce que c'est à sa propre impuissance à vouloir pour le passéqu'elle se trouve confrontée. V - LES REFERENCES UTILES NIETZSCHE : Secondes considérations inactuellesHEGEL : La raison dans l'histoire, 3ème section.. »

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