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L'impossible.

Publié le 19/10/2012

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L’impossible   Réfléchir à l’impossible, c’est prendre au sérieux le statut du privatif. L’impossible est une catégorie de la modalité qui qualifie ce qui n’est pas possible. Comme tel, dans De l’interprétation, l’impossible, au même titre que le contingent, le nécessaire et le possible, vient modifier le contenu d’une proposition, en exprimant une nécessité négative : « x est impossible « signifie que « x n’est nécessairement pas «. Cf. De l’interprétation, § 12, 22a : la négation de il est nécessaire que cela ne soit pas est il n’est pas nécessaire que cela ne soit pas. – Et aussi, il est impossible que cela soit n’a pas pour négation il est impossible que cela ne soit pas, mais il n’est pas impossible que cela soit. «   Mais 1) comment comprendre le statut du négatif ? 2) comment comprendre le lien entre possible et impossible d’une part, 3) et impossible et nécessaire d’autre part ? Il faut revenir à l’usage courant de l’épithète « impossible «, pour en analyser les propriétés. Je peux dire qu’ « il est impossible de voyager à trois fois la vitesse de la lumière «. Je peux dire qu’ « il est impossible que tous les trains de la SNCF arrivent à l’heure fixée cette année. « Je peux enfin dire qu’ « il est impossible qu’une porte soit ouverte et fermée «. De toute évidence, « impossible « ne signifie pas la même chose dans chacune de ces phrases. Quand je dis qu’il est impossible de voyager à trois fois la vitesse de la lumière, je veux dire qu’en l’état actuel de nos connaissances scientifiques et technologiques, nous n’avons pas la capacité de le faire. Quand je dis qu’ « il est impossible que les trains de la SNCF arrivent tous à l’heure fixée cette année «, je me fonde sur une certitude morale, infra-rationnelle, habituelle pour faire une prédiction. Enfin, quand je dis qu’il est impossible qu’une porte soit ouverte et fermée, je veux dire qu’ « une porte ouverte et fermée « est un concept nécessairement contradictoire, que le tiers soit exclu ou non.   Dans le premier et deuxième cas, « impossible « ne signifie pas « nécessité négative « de manière absolue. Dans le dernier cas, si. Dans le premier cas (technico-pratique), on a affaire à un jugement à prétention objective (on suppose qu’une connaissance objective de l’état d’avancement des sciences et des technologies soit possible) d’impossibilité, auquel répond l’imprévisibilité de la découverte sc...

« nécessairement contradictoire, que le tiers soit exclu ou non.   Dans le premier et deuxième cas, « impossible » ne signifie pas « nécessité négative » de manière absolue. Dans le dernier cas, si. Dans le premier cas (technico-pratique), on a affaire à un jugement à prétention objective (on suppose qu'une connaissance objective de l'état d'avancement des sciences et des technologies soit possible) d'impossibilité, auquel répond l'imprévisibilité de la découverte scientifique et de l'innovation technologique, et l'historicisation des capacités humaines.

L'impossible est conditionnel, renvoyé à ce qui est au-delà de l'humainement possible, hors de portée des capacités humaines.

Il est le signe d'une impuissance située, relative à l'impératif technico-pratique : si je veux x, je dois faire y. Dans le deuxième cas, on a affaire à un jugement empirique certain qui n'a pas de justification logique (il n'est pas contradictoire de penser que tous les trains de la SNCF arriveront à l'heure fixée cette année) ni fondée sur une connaissance objective (je n'ai aucun moyen de savoir si au moins un train arrivera en retard), mais qui se fonde sur une certitude habituelle, morale, telle que l'analyse Hume dans L'enquête sur l'entendement humain. L'impossible renvoie donc en première instance à l'extrêmement improbable, ou à l'extrêmement douteux. Enfin, dans le dernier cas, on a affaire à une impossibilité logique, qui renvoie à une contradiction nécessaire, et plus précisément au principe de contradiction.

Cf.

Métaphysique, G, III, 1005 b-19-20 : « Il est impossible qu'un attribut appartienne et n'appartienne pas à une même chose sous le même rapport et en même temps. » Par extension, ce principe peut être étendu d'une logique prédicative à une logique propositionnelle.

Il s'agit de comprendre qu'une impossibilité de cet ordre ne se rencontre pas seulement en logique (principe de contradiction), mais dans tout discours régi par un ensemble déterminé de lois et des axiomatiques (grammaticales, physiques, chimiques, etc.) : on parle alors d'impossibilité conditionnelle (au fait de la langue, à un système de lois physiques, à des propriétés de la matière sous certaines conditions de l'expérience). Néanmoins, on peut prendre la logique comme paradigme de l'impossibilité inconditionnelle.

La question reste de savoir si on peut en rester à cette détermination de l'impossibilité, et si le principe de contradiction est suffisant, et si la logique peut rendre compte à elle seule de l'impossible inconditionnel.

On peut songer à au. »

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