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l'inconscient a-t-il de quoi nous faire peur ?

Publié le 27/11/2005

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Je pensais à ces choses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de deviner ce qui n'est point » (Propos, « Signes ambigus », 17 juillet 1922). Ou encore dans un Propos antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; [...] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rien éclairé » (Fantômes, 23 septembre 1921). Un point d'accord existe cependant entre Freud et Alain : ce qui cause la peur, c'est en fait l'habitude humaine de fabriquer des contes qui sont propres à réveiller les peurs communes et ancestrales (la tragédie Oedipe de Sophocle, par exemple, réveille chez le lecteur une peur de castration). Alain certes juge la théorie de l'inconscient comme l'illusion, la fabulation même que l'homme craint. Freud voit, dans un sens opposé, la théorie de l'inconscient comme ce qui permet même d'expliquer cette « inquiétante étrangeté » (das Unheimliche en allemand ; cf. le livre de Freud du même nom) que l'individu ressent dans certaines circonstances. Ce trouble serait justement le souvenir traumatique infantile enfoui dans l'inconscient (par le « refoulement ») qui ressurgi lors d'une expérience postérieure où l'individu est confronté à une épreuve similaire. L'inconscient serait alors le réceptacle même des peurs infantiles, lieu du refoulement de ces peurs. C'est prendre Alain ou Freud à contre pied que de choisir l'une des deux pensées sur la question de l'inconscient et de la peur qui en résulte. Conclusion Reconnaissons que l'inconscient, mal compris, engendre la peur commune de l'incontrôlable.

Lorsque Freud finit de développer, au début du vingtième siècle, sa théorie de l'inconscient, c'est toute une tradition philosophique du sujet et de sa volonté (Descartes, Kant...) et de la conscience (Brentano, Husserl...) qui est ébranlée. Selon la position « psychanalytique « (analyse du psychisme humain) de l'Autrichien, une force échappant à la conscience se manifesterait chez l'individu, mais au dépend de sa volonté consciente, sous la forme des rêves, des lapsus, des actes manqués... Cette théorie de l'inconscient, autre instance que le « moi « (identité consciente) reçoit aujourd'hui un crédit populaire à défaut d'un crédit scientifique (Popper refusera son statut de science) ou rationaliste (Alain, nous le verrons, la combattra inlassablement). Cette théorie fut, dès son avènement, critiquée, combattue par presque tout le monde. Comme si cette théorie dérangeait, inquiétait. Nous pouvons en effet nous demander si et en quoi la théorie de l'inconscient est une cause d'inquiétude ? Mais peut-on avoir peur de ce qu'on ne connaît pas ? La peur a-t-elle de quoi provoquer un refoulement de la conscience ?

« allemand) inconnue.

Il la démystifie et lui donne un forme reconnaissable.

C'est de fait une réponse aux injonctionset défenses d'Alain contre la théorie de l'inconscient. III.

La peur n'est-elle pas justement le facteur du refoulement de la conscience vers son autre ? Au-delà des querelles de forme sur l'hypothèse de l'inconscient, Alain (qui connaît bien la théorie freudienne, nesoyons pas dupe !) présuppose aussi une force sous-jacente à la conscience, force corporelle et mécanique.

Cen'est certes pas, on s'en doute qu'Alain ignore tout de Freud (pour l'inconscient psychique), ou de Darwin (Pour les lois de l'hérédité).

« Qu'un mécanisme semblable à l'instinct des bêtes nous fasse souvent parler et agir, et par suitepenser, cela est connu et hors de discussion » ( Sentiments, Passions et Signes ).

On ne peut pas dire non plus qu'Alain n'ait pas un moment essayé de comprendre cette doctrine : « Ne cherchez jamais à quoi pense un foi, maisplutôt observez comment un dérangement mécanique produit des signes qui n'ont pas de sens […].

Je pensais à ceschoses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de deviner ce qui n'est point » ( Propos , « Signes ambigus » , 17 juillet 1922). Ou encore dans un Propos antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rien éclairé » (Fantômes , 23 septembre 1921). Un point d'accord existe cependant entre Freud et Alain : ce qui cause la peur, c'est en fait l'habitude humaine defabriquer des contes qui sont propres à réveiller les peurs communes et ancestrales (la tragédie Œdipe de Sophocle, par exemple, réveille chez le lecteur une peur de castration).

Alain certes juge la théorie de l'inconscient commel'illusion, la fabulation même que l'homme craint.

Freud voit, dans un sens opposé, la théorie de l'inconscient commece qui permet même d'expliquer cette « inquiétante étrangeté » ( das Unheimliche en allemand ; cf.

le livre de Freud du même nom) que l'individu ressent dans certaines circonstances.

Ce trouble serait justement le souvenirtraumatique infantile enfoui dans l'inconscient (par le « refoulement ») qui ressurgi lors d'une expérience postérieureoù l'individu est confronté à une épreuve similaire.

L'inconscient serait alors le réceptacle même des peurs infantiles,lieu du refoulement de ces peurs.

C'est prendre Alain ou Freud à contre pied que de choisir l'une des deux penséessur la question de l'inconscient et de la peur qui en résulte. Conclusion Reconnaissons que l'inconscient, mal compris, engendre la peur commune de l'incontrôlable.

Nous avons peurdes choses qui surviennent sans qu'on puisse les comprendre ni les maîtriser.

la peur sera même plus forte dufait que l'inconscient soit en chacun de nous.

La notion d'identité et de personnalité devient vacillante et nosrepères sont bouleversés. Cependant cet inconscient, tout obscur qu'il est, sera plus propice à l'angoisse devant l'étrange inconnu que lapeur devant un objet extérieur menaçant et connu.

La psychanalyse est justement cette théorie qui cherche àdéraciner cette angoisse légitime par sa valeur explicative et descriptive.

L'inconscient doit être connu etreconnu par la théorie, mais aussi par la pratique psychanalytique (la cure). C'est ainsi que l'on peut opérer un renversement du sujet en disant que l'inconscient, bien compris (même si çareste une théorie selon Popper), est le lieu même ou nos peurs vont se loger par le processus de refoulement.On pourra donc demander plus justement si nos peurs ne doivent pas être expliquées par le recours même à lathéorie de l'inconscient ?. »

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