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L'indépendance suffit-elle à définir la liberté ?

Publié le 24/01/2004

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En ce sens, l'indépendance désigne bien la condition absolue de la liberté, comprise au sens large comme capacité de l'individu à s'affirmer comme un sujet.À cet égard, Descartes a montré la nécessité absolue de rompre avec les préjugés, c'est-à-dire avec toute pensée reçue de l'extérieur (parents, précepteurs, nourrices, etc.) et dont on n'a pas pris la peine d'examiner la validité. Le doute a ainsi pour fonction de remettre en question toutes les idées simplement reçues, et de reconstruire l'édifice des connaissances « en un fond qui soit tout à [s]oi «, c'est-à-dire au plus profond du je. La première de toutes les vérités est ainsi le cogito : « Je pense donc je suis «. Elle marque le premier pas vers la conquête de l'indépendance absolue. Et il n'est pas de philosophie ou de pensée authentique possible, sans cette cassure radicale qui inaugure l'indépendance.Cependant, l'indépendance a tôt fait de glisser de la revendication, légitime, de lu pensée individuelle, vers la défense, plus contestable, du bon plaisir et des passions de chacun. Elle présente donc un certain nombre de limites et d'insuffisances, qui jettent le soupçon sur sa capacité à nous faire suffisamment entendre ce qu'est la liberté.

« Être libre, c'est faire ce que je veux « : telle est notre définition courante de la liberté. Je ne serais donc pas libre lorsqu'on contraint ma volonté par des règles, des ordres et des lois. Être libre serait alors la condition naturelle de l'homme, et la société la marque de son esclavage. Pourtant, cette opinion ne semble pas tenable.

  • 1. L'homme dispose d'un certain nombre de libertés, et chaque fois qu'il y a contrainte, c'est-à-dire une violence, il n'est plus libre. Être libre serait donc bien n'être soumis à rien ni à personne.
  • 2. Être libre se définirait-il par l'indétermination totale ? Il suffirait pour être libre d'agir sans motif. Au contraire, être libre, n'est-ce pas plutôt savoir pourquoi on agit ?
  • 3. Ainsi, s'il est nécessaire pour être libre d'être politiquement indépendant, cela ne suffit pas. Il faut surtout exercer sa volonté qui se donne à elle-même sa propre loi, c'est-à-dire que la liberté n'est pas l'indépendance à l'égard de toute loi.

« [III.

L'indépendance peut suffire à définir la liberté, si on la conçoit comme autonomie] Les deux thèses examinées précédemment ne semblent pas tant contradictoires que complémentaires.

D'un côté eneffet, on a montré qu'il était nécessaire de faire l'effort de penser et d'agir par soi-même pour être libre et, del'autre, on a souligné le danger consistant à identifier l'action ou la pensée personnelles avec l'affirmation débridéede n'importe quelle passion ou envie, le plus souvent au détriment d'autrui.

Afin de compléter ces deux analyses, ilreste donc à préciser ce que peut bien signifier penser ou agir par soi-même, librement.

Les passions sontindividuelles et divisent les hommes.

Le critère de leur union doit donc résider dans quelque chose qui soitsusceptible de les rassembler, qu'ils doivent donc tous posséder.

Or quelle est la seule chose que les hommespossèdent tous de la même façon ? La raison.Une définition satisfaisante de la liberté ne peut donc que s'appuyer sur la raison, comprise comme faculté dedistinguer le vrai du faux et le bien du mal.

Être indépendant, ce sera donc plutôt être autonome, c'est-à-dire êtrecapable de faire un droit usage de cette faculté que nous possédons tous, sans nécessairement nous en servir de lamême façon : la raison.L'autonomie désigne en effet, étymologiquement, la faculté de se prescrire à soi-même (auto) des lois (nomoi) tiréesde la seule raison.

Donnons-en deux illustrations, morale d'abord, politique ensuite.

Être autonome d'un point de vuemoral signifie être capable de se comporter en suivant ce qui nous semble bon et en fuyant ce que nous jugeonsmauvais, après l'avoir examiné sérieusement.

Tel est le sens de l'impératif catégorique de Kant : « Agis toujours detelle sorte que la maxime de ton action puisse devenir une loi universelle » ; autrement dit : n'agis que comme tuvoudrais que l'on agisse aussi à ton égard.

C'est la raison, notamment, de l'interdiction du mensonge chez Kant.

D'unpoint de vue politique, être autonome signifie être capable de s'obliger à respecter certaines lois parce que l'on encomprend le bien-fondé pour la vie en communauté ou, plus profondément, parce que ces lois nous semblent justesen elles-mêmes.

On peut ainsi avoir envie de fumer dans un lieu public mais s'en empêcher, pour ne pas nuire àautrui, et on peut trouver pleinement légitime de punir très sévèrement toute personne ayant porté atteinte à ladignité ou à la vie d'autrui. "Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir enmême temps qu'elle devienne une loi universelle..." KANT Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour lamorale.

Devenu professeur ordinaire de métaphysique et de logique le 31 mars1770, Kant projette d'achever, au cours de l'hiver, ses recherches sur lamorale.

Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu'à rassemblerdes matériaux et à esquisser un plan.

Absorbé par la mise au point de la «Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu'en 1781, Kant ajourne sonprojet.Ce n'est qu'en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de lamétaphysique des mœurs ».

C'est le premier ouvrage dans lequel Kant traitede manière directe de la morale.

Un exposé plus élaboré, plus philosophique,cad authentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raisonpratique ».

La réflexion morale se prolongera dans la « Critique de la facultéde juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison » (1790,jusqu'à l' « Anthropologie » (1798).Dans « Fondements de la métaphysique des mœurs », Kant cherche à donnerà la moralité son véritable fondement.

Dans cette perspective, il récusetoutes les doctrines de l'Antiquité qui rattachent la morale au principe dubonheur..

Lié à la satisfaction d'inclinations sensibles (besoins, désirs, passions, tendances), aux possibilités qu'offrent la nature et la société, le bonheur dépend de conditions qui sontrelatives et ne peut donc servir de loi universelle ni être le principe déterminant de la morale.

Plus généralement,Kant rejette la prétention de l'empirisme moral qui veut que l'homme ne puisse agir qu'en fonction de principesrelatifs à l'expérience, de telle sorte qu'il n'y aurait que des morales relatives, variant suivant les mœurs, les lieux,les époques.

Selon lui, il n'y a de morale que du devoir.Et comme l'homme, n'ayant pas une volonté sainte, n'agit pas nécessairement par devoir, la loi morale ne peutprendre que l'aspect d'un commandement.

D'où l'impératif absolu & inconditionnel que Kant formule dans la deuxièmesection de son ouvrage : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elledevienne loi universelle.

»L'intelligence, la vivacité, le jugement (talents de l'esprit) ; le courage, la décision, la persévérance dans lesdesseins (qualités du tempérament) ; le pouvoir, la richesse, la considération et même la santé (dons de la fortune)– rien de tout cela n'est bon moralement sans réserve.

Toutes ces dispositions permettent, en effet, aussi bien unusage souhaitable qu'un usage critiquable: le courage peut être mis au service du crime.

C'est précisément lavolonté qui en décide, en tant qu'elle est bonne ou mauvaise.

Qu'est-ce qui est bon sans restriction, cad de façoninconditionnelle ?« De tout ce qu‘il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n'est rien quipuisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTE.

» La bonne volonté est bonne, non pas d'abord par ses œuvres ou ses succès, mais déjà en elle-même et pour elle-même : « Ce qui fait que la volonté est telle, ce ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce n'est pas son aptitude à. »

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