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Lucrèce: la clairvoyance des yeux

Publié le 23/03/2005

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La clairvoyance des yeux n'a pas été créée, comme tu pourrais le croire, pour nous permettre de voir au loin; ce n'est pas davantage pour nous permettre de marcher à grands pas que l'extrémité des jambes et des cuisses s'appuie et s'articule sur les pieds; non plus que les bras que nous avons attachés à de solides épaules, les mains qui nous servent des deux côtés ne nous ont été données pour subvenir à nos besoins. Interpréter les faits de cette façon, c'est faire un raisonnement qui renverse le rapport des choses, c'est mettre partout la cause après l'effet. Aucun organe de notre corps, en effet, n'a été créé pour notre usage. Ni la vision n'existait avant la naissance des yeux, ni la parole avant la création de la langue : c'est bien plutôt la naissance de la langue qui a précédé de loin celle de la parole; les oreilles existaient bien avant l'audition du premier son ; bref, tous les organes, à mon avis, sont antérieurs à l'usage qu'on a pu en faire. Ils n'ont donc pu être créés en vue de nos besoins. Lucrèce

Le finalisme considère que les êtres vivants manifestent une force dirigée vers un but. Dans ce texte, le poète et philosophe Lucrèce veut dissiper cette erreur largement admise selon laquelle l'usage crée l'organe. C'est, au contraire, selon lui, « l'organe qui crée l'usage «. Après avoir exclu l'existence de causes finales dans les productions de la nature (début du texte à « [...] nos besoins «), Lucrèce affirme qu'on met l'effet avant la cause si l'on raisonne autrement (de« Interpréter les faits... « à « ...qui crée l'usage «). Pour confirmer sa thèse, il avance que la fonction n'existerait pas avant l'organe (de «Ni la vision... « à la fin du texte). Ce qui est premier dans l'ordre du temps ne peut être second dans l'ordre de la causalité. Nous pouvons alors nous demander quelle vision de l'homme et de la nature sous-entend le texte.

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