L'utopie n'est-elle qu'un rêve inutile ?
Publié le 17/01/2022
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- UTOPIE : MORE à l'aide du grec - ou [non] et - topos [lieu] pour désigner la cité imaginaire qu'il décrit ; d'où, par ext.) Description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme irréalisable, chimérique ; par ext., l'adj. utopique a souvent le sens d'irréalisable.
- UTILE / UTILITÉ (adj.) 1. - (Sens objectif) Tout ce qui peut servir valablement de moyen en vue d'une fin quelconque. 2. - (Sens subjectif) Tout ce qui est apte à satisfaire un besoin, ou à contribuer à un résultat désirable.
Les utopies nous servent à imaginer ce que devrait être une société parfaite. Toute société a besoin d'un idéal de paix et de bonheur. Mais, les utopies sont des rêves dangereux qui engendrent des regimes aberrants. La politique doit rester pragmatique et gérer le concret.
- I) L'utopie a un intérêt pratique.
a) Il ne faut pas rejeter les utopies. b) Une utopie est un modèle théorique. c) La tradition s'oppose souvent au progrès.
- II) L'utopie est un rêve inutile.
a) En politique, la pratique prime sur la théorie. b) L'essence de la politique est l'efficacité. c) Les utopies n'ont jamais changé la nature humaine.
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La Callipolis (belle cité) selon Platon
Comment introduire la justice dans la cité et en sauvegarder l'unité, sinon en formant,par la connaissance de l'Un-Bien, des hommes politiques dont le souci consiste àfaçonner cette unité en éduquant les citoyens ? Platon expose la question dugouvernement de la cité dans son dialogue La République, rédigé en 370 sous le coup dedeux constats :— dans sa jeunesse il a vu l'oligarchie des Trente corrompre Athènes, tandis que ladémocratie qui lui succède condamne scandaleusement à mort Socrate (399 ay.
J.-C.),le plus juste des citoyens ; ainsi est-on passé de l'échec d'un gouvernement cupide àl'échec de l'incompétence, de la tyrannie de quelques-uns à celle de l'opinion ;— la justice n'équivaut pas à l'intérêt du plus fort, parce qu'elle doit profiler sansdéfaillance un Bien qui unifie les activités de la cité en les entrecroisant sans risque demélange.De ces constats découle l'exigence d'intervenir en édifiant un lieu dans lequel des hommes seront astreints, grâce à une nouvelle pédagogie (paideia, l'enfant, et agô, conduire et guider), à s'adonnerà la philosophie politique, à la connaissance du modèle selon la mesure duquel l'unité de la cité devra sa mise enforme.
L'Académie, école de Platon, institue ce lieu privilégié d'enseignement, de discussion et de vie commune : lavieille éducation (rites initiatiques et poésie), qui fournissait jusque-là aux Grecs leur cadre culturel, y est rejetée, àl'instar de la rhétorique rétribuée des sophistes, au profit de ce nouvel art de la parole, la dialectique, ouvrant à laconnaissance de la vérité.
Grâce à elle, les disciples-citoyens, bientôt hommes d'État, accèdent par la contrainte del'argumentation (et non par la violence) à l'Idée de Bien, immuable et incorruptible, dont la contemplation favorise ladécouverte du régime politique juste.
La saisie de l'Un-Bien contribue efficace-ment à la dissolution de la diversité,car la plus grande perfection possible de la cité proviendra de son imitation adéquate.
Platon en décèle, d'ailleurs, lapremière incarnation dans les formes de l'Athènes ancienne (Tintée), victorieuse de l'Atlantide (Critias), gardées enmémoire depuis les récits de Solon.
Depuis lors, malheureusement, le monde est entré en décadence.La légitimation de l'homme d'État s'opère d'emblée par la possession du savoir de l'Un et de la mesure, mué en unecompétence politique ou connaissance (nostalgie) de ce qui est, du savoir d'une concorde déchue, d'un âge d'orposé comme valeur éternelle.
Mais aussi, par la tempérance dont résulte la beauté à ses actions.
Incompatible avecun travail, un métier ou des intérêts privés, son action, réservée, l'expose à tisser la cohésion de la cité à partir dela dissolution de la multiplicité, des désirs et des ignorances, en les répartissant selon les lumières du modèle, del'essence des choses bien proportionnées.Agissant en législateur, il ne saurait se contenter de prodiguer ses conseils à quelque roi.
Les conseils demeurentsans portée sur des rois qui ne fréquentent pas la philosophie.
Autant que les philosophes soient directementnommés rois (V, 473 cd), seuls susceptibles de commander, en vertu de leur science de l'Un, de copier le bonheurde l'ordre essentiel sur lequel ils ont les yeux rivés, de placer par conséquent la loi (ordre et mesure) sous ladépendance du Bien dont tout ordre procède, de modeler les moeurs afin qu'elles gagnent leur repos, et au besoind'inventer les récompenses grâce auxquelles obtenir l'obéissance des citoyens sans recours à la violence physique.La cohésion sociale la meilleure touche à la justice par le fait que chaque individu, chaque classe sociale y accomplitsa tâche propre, propre à contribuer à l'ordre de l'ensemble, sans débordement.
L'essence du Bien manifestée dansle monde sublunaire, finalement illustrée dans l'âme de l'homme politique formé à la connaissance de l'Un par l'ascèsequi lui apprend à se gouverner soi-même — dans l'amour et sans violence, en se préparant à son rôle —, permet àce dernier d'organiser la cité juste en une hiérarchie dans laquelle la fonction de chaque partie (besoin [chréia],échange ou classe sociale) est déterminée par les exigences de l'unité.Cette Callipolis, cette belle cité (de callos, ce qui brille, illumine), réfute toutes sortes de mélanges et de médiations.Il en résulte que les trois classes de citoyens qui la constituent se juxtaposent et accomplissent leur fonctionspécifique en représentant en même temps trois vertus de l'âme renvoyant aux trois parties (désir,volonté, raison) d'une âme qui sera un jour jugée par le tribunal des Enfers : les producteurs chargés, dans le labeuret l'obéissance, de nourrir la collectivité font preuve de tempérance ; les guerriers, ses défenseurs, s'attachent aucourage ; et les archontes (magistrats), décidant et commandant, manifestent la sagesse.Étant admis qu'une éducation politique du producteur n'est pas envisagée, les autres statuts sociaux diffèrentautant que les éducations divergent.
Celle des gardiens (de métier), associant en communauté des hommes et desfemmes, passe par la gymnastique (exercice, vitesse, vigueur et souplesse) et la musique (rythme, régularité,relation).
Elle aboutit à la formation d'une âme capable de faire abstraction de soi en vue du bien de la cité, dominéepar le courage et non le désir.
Parce que les magistrats accomplissent la fonction suprême, il convient de leurinculquer la science du gouvernement (de la mesure), la science qui donne la primauté à son possesseur parce queson âme accède alors à l'équilibre.Dialectique, nous l'avons dit, se nomme cette science grâce à laquelle l'homme d'État saisit le principe.
Elles'accompagne de la formation d'une disposition aux mathématiques (science de la série des nombres) et à seconduire soi-même en décidant (phronésis, prudence).
Alors, seulement, le royal tisserand peut-il travailler àtranscrire sur le modèle du Bien les bonnes lois opérant une harmonie entre les citoyens émiettés.
Son objet ? Qu'ilsse rendent mutuellement service afin de préserver du désordre des pulsions l'imité de la cité !
On constate que ce caractère est bien présent dans les principales utopies politiques, qui sont rédigées dans despériodes de crise, de réorganisation: L'île d'Utopie de thomas More témoigne des problèmes de réorganisation de lafin du Moyen Age et de la Renaissance,.
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