Rêve et utopie
Publié le 21/01/2020
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Mais l’élaboration d’une utopie n’est pas seulement une façon de répondre aux aspects négatifs du réel par une satisfaction imaginaire ; elle consiste aussi à dénoncer le réel lui-même, et à suggérer qu’il peut être modifié, en tout ou en partie. La dénonciation peut être directement politique, ou plus précisément morale, comme chez More en particulier. Son existence suffit.à indiquer que toutes les possibilités de la réalité n’ont pas encore été explorées, et c’est en cela que la dénonciation possède une effi
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•,
CORRIGÉ 16
une telle acception peut sembler assez caricaturale, et il serait quand
même surprenant que des esprits pas nécessairement farfelus de Platon
à Saint-Simon en passant par Thomas More aient consacré des textes à
transcrire de simples rêves inutiles.
On peut au contraire supposer qu'ils
avaient d'autres intentions que celle consistant à prouver la qualité de leur
imagination ...
[1.
L'utopie répond à un malaise]
Admettons que La République de Platon soit une sorte d'utopie.
On sait
bien que le terme est postérieur à ce texte, et qu'au sens strict, ce dernier
est peut-être aussi autre chose ; mais on sait également que, malgré ses
tentatives d'application, le projet platonicien est resté comme un modèle
impossible à réaliser : on se contentera, dans un premier temps, de ce
caractère pour le ranger dans les utopies.
Les raisons de sa rédaction révè
lent que l'utopie peut constituer une réaction par rapport à une situation
politique jugée malsaine.
C'est parce que la cité athénienne est pervertie
aux yeux du philosophe (la condamnation de Socrate en constitue une
preuve suffisante) qu'il convient de réfléchir à l'organisation d'une cité
que l'on puisse considérer comme juste, sinon parfaite.
L'invention d'une autre politique, d'une solution de rechange, est ainsi
une manière de critiquer au moins implicitement - un réel insatisfai
sant.
Il n'est pas surprenant qu'on retrouve dans l'utopie un caractère
général de toutes les productions imaginaires : elle répond à un malaise, à
une insatisfaction, et cherche à les combler.
On constate que ce caractère est bien présent dans les principales uto
pies politiques, qui sont rédigées dans des périodes de crise, de réorgani
sation (tant politique qu'économique) : La Cité du soleil, de Campanella,
et L'Île d'Utopie, de Thomas More, témoignent à leur façon des pro
blèmes de réorganisation de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance,
tout comme les textes de Fourier ou de Saint-Simon témoignent ample
ment des problèmes que pose, au XIX' siècle, l'organisation d'une société
industrielle qui bouleverse tous les modes de vie antérieurs.
[Il.
Portée critique]
Mais l'élaboration d'une utopie n'est pas seulement une façon de
répondre aux aspects négatifs du réel par une satisfaction imaginaire ; elle
consiste aussi à dénoncer le réel lui-même, et à suggérer qu'il peut être
modifié, en tout ou en partie.
La dénonciation peut être directement poli
tique, ou plus précisément morale, comme chez More en particulier.
Son
existence suffità indiquer que toutes les possibilités de la réalité n'ont pas
encore été explorées, et c'est en cela que la dénonciation possède une effi-
85.
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