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Ma liberté est-elle source de responsabilité ou/et de culpabilité ?

Publié le 27/02/2008

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une norme ». Or, la déculpabilisation de la responsabilité ne peut, selon Ricoeur, avoir lieu qu?en mutualisant le risque, c?est-à-dire en le répartissant entre plusieurs sujets, ce qui du même coup neutralise la faute. Le fait conjoint d?avoir défini la responsabilité par ses conséquences atténue considérablement le poids pesant sur l?auteur présumé des faits et sujet d?imputation. En effet, premièrement, on pourrait critiquer la conception traditionnelle de responsabilité comme obligation de réparation dans la mesure où elle est individuelle et ne tient pas compte de l?inscription du sujet de droit

« est au cœur de l'homme », E&N , 4e partie, chap.

1, §1.

Sartre livre également une définition spirituelle s'il en est de la liberté : « La liberté n'est rien d'autre que l' existence de notre volonté ou de nos passions, en tant que cette existence est néantisation de la facticité » ( E&N , 4e partie, chap.

1, §1).

En langage kantien, ce n'est pas pour rien que le « règne de la liberté » est l'opposé du « règne de la nature », et que le premier est le lieu de la loimorale et contient les lois du second.

La liberté a partie liée avec la transcendance de la volonté humaine par rapport au monde , son règne est celui des êtres qui se donnent à eux-mêmes leur propre loi .

Postuler son existence (car on ne peut la prouver, comme le dit Kant dans la Critique de la raison pratique , mais simplement la poser ), c'est présupposer, en amont, une opposition entre deux ordres de causalité ; l'une physique, qui se soumet tout être sans exception, et l'autre libre ou mentale, qui amène les êtres intelligibles dotés d'une nature morale à pouvoirtranscender le règne de la nature par leur décisions.

La liberté exige la croyance ferme en une causalité mentale.

« Etre source de » n'est pas un concept, c'est au mieux une image lexicalisée.

Malgré son usage récurrent, lalocution induit polysémie et indétermination : elle signifie vaguement une origine, un principe et le débutchronologique d'un processus.

Elle est un principe producteur qui n'est pas transcendant .

La source au sens propre est un lieu d'émergence, une origine à même le sol (origo = source en latin) : de même, si l'on acquiesce au sujet, la liberté produirait, de manière inhérente et immanente à elle-même, soit une obligation de devoir répondre dans le sujet, soit un sentiment systématique de retour torturé sur son action.

Responsabilité : C'est le fait, pour un sujet moral et/ou juridique, de répondre totalement et pleinement de ses actes : le mot vient de respondere , répondre en latin, et composé de re + spondere : s'engager ( spondere ) en retour de ( re).

Il signifie en latin, plus largement : être digne de , être égal à ou à la hauteur de . On relève donc une double conceptualité sous-tendue par ce concept de responsabilité :1) un réseau dialogal , où l'on répond à un interlocuteur (individuel ou collectif) –ce qui suppose une sollicitation préliminaire de ma « parole de réponse » par une parole première, puisque par définition une réponse n'est que seconde dans le dialogue .

On dit que l'on répond de notre action, puisqu'on va par exemple la défendre, càd défendre notre choix en fonction des circonstances, en gagnant ainsi la qualité d' auteur des actes qui nous seront imputés (pour le meilleur et pour le pire).2) un lexique (étymologiquement constatable, mais un peu perdu) de l'engagement et par là d'un alignement sur une autorité, qui nous reconnaît au préalable comme nanti d'un pouvoir de choix égal à celui d'un homme libre, et qui vérifie également notre conformité à une obligation .

Ce n'est pas que la responsabilité se résume à une obéissance.

Mais la réponse que l'on fait s'adresse d'abord à une instance de jugement qui a parlé d'abord, et à qui l'on fait notre réponse, du fait qu'elle nous reconnaisse cette qualité d'auteur .

Et ce, que l'acte que l'on assume nous serve ou nous desserve. On est toujours responsable envers quelqu'un. En droit, la responsabilité civile est le caractère de celui qui doit réparer le tort fait à autrui, et la responsabilitépénale de celui qui peut être poursuivi et puni pour un délit ou un crime, pas uniquement condamné à réparation,mais possiblement châtié dans son corps (emprisonnement).

La responsabilité est paradoxalement le pouvoir d'être puni ; il implique en amont celui d'avoir pu choisir et décider au temps de l'action ce qu'il fallait faire compte tenu des règles (morales, juridiques et sociales).

Elle est donc la contrepartie d'une liberté.

« Nul n'est censé ignorer la loi » signifie aussi ce qui suit : vous qui savez lire et qui êtes majeurs, vous avez le devoir de vous informer ; dans le cas contraire, si vous commettez un délit ou un crime, même si ce n'est pas en connaissance de cause,vous serez punis.

La responsabilité prend sa source dans la reconnaissance d'une majorité morale –autrement dit, elle exige, pour qualifier un être de responsable de ses actes, qu'on lui reconnaisse en même temps le pouvoir d'en être l'auteur : la responsabilité est en quelque sorte un hommage à la liberté .

Ainsi le criminel considéré comme fou ne sera pas puni de la même façon que le criminel sain, car il n'est pas entièrement responsable de sesactes, il ne dispose pas de la même capacité à visualiser clairement la loi morale et l'interdit lorsqu'il « agit ».

Il peut y avoir des degrés de responsabilité , selon la capacité plus ou moins grande pour un agent de juger de ce qu'il fait au moment où il le fait –c'est ce qui justifie d'ailleurs la politique d'internement des malades en hôpital psychiatrique,physiquement entravés (donc contraints) car jugés irresponsables .

L'irresponsabilité morale pathologique se voit résolue soit par la tutelle, soit par l'internement en général : deux formes d'entrave à la liberté, et qui sanctionnent une faiblesse de la volonté réputée structurelle . En revanche, à l'autre extrême pourrait-on dire, la responsabilité civile d'un être majeur (civilement et moralement)s'étend beaucoup plus loin qu'à la simple personne physique de ce dernier : la responsabilité devant la loi oblige à réparer le préjudice causé à autrui par toute action dommageable commise par soi-même, par une personne qui dépend de soi, ou par une chose qu'on a sous sa garde (un animal que l'on possède, comme un chien agressif, étant considéré comme une chose sous notre garde).

Les parents sont ainsi responsables des dommages causés parleurs enfants mineurs : ils doivent répondre non seulement de leurs propres actes, mais également des leurs.

Une responsabilité inclut dans son concept une charge et un poids donné à sa parole, un pouvoir individuel de réponse . On voit que, non seulement la responsabilité excède le corps de celui qui agit, mais elle peut être imputée à l'auteurd'un acte avec toutes les conséquences de cet acte, selon un enchaînement qui dépasse l'agent dans l'espace mais aussi dans le temps .

Les tenants d'une responsabilité illimitée font porter à l'homme « le poids du monde sur ses épaules », selon la formule de Sartre.

La responsabilité, comme la liberté, suppose ainsi pour être imputée l'autodétermination de la volonté (le pouvoir de résister aux inclinations et aux penchants, qui n'est pas encore acquis dans le cas de l'enfant, et qui est en partieétouffé chez le fou, qui souvent ne peut même pas se reconnaître dans ses inclinations).

« Attribuer à un homme la responsabilité d'une conduite, c'est ce qu'on appelle lui imputer cette conduite .

A des enfants, qui sont encore dans l'état de nature, on ne peut encore imputer aucune conduite ; il en va exactement de même pour les. »

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