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Machiavel et la guerre: Le Prince

Publié le 26/03/2014

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« Le meilleur État […] est celui où les hommes vivent dans la concorde et où la législation nationale est protégée contre toute atteinte. En effet, il est certain que les séditions, les guerres, l'indifférence systématique ou les infractions effectives aux lois sont bien plus imputables aux défauts d'un État donné qu'à la méchanceté des hommes. Car les hommes ne naissent point membres de la société mais s'éduquent à ce rôle ; d'autre part, les sentiments naturels humains sont toujours les mêmes. Au cas donc, où la méchanceté régnerait davantage et où le nombre de fautes commises serait plus considérable dans une certaine nation que dans une autre, une conclusion évidente ressortirait d'une telle suite d'événements : cette nation n'aurait pas pris de disposition suffisante en vue de la concorde, et sa législation n'aurait pas été instituée dans un esprit suffisant de Sagesse. 
Un prince doit donc n'avoir d'autre objet ni d'autre pensée, ni s'approprier d'autre art que celui de la guerre, de son organisation comme de la discipline qui s'y rapporte - car c'est le seul art qui convient à celui qui commande, et il a tant de valeur que non seulement il maintient au pouvoir ceux qui sont nés princes, mais souvent il permet aux hommes de condition privée de s'élever à ce titre. À l'inverse, on voit que les princes qui pensent plus aux plaisirs qu'aux armes ont perdu leur État. Or, la première cause qui te le fait perdre, c'est de négliger cet art ; et la cause qui te le fait acquérir, c'est la maîtrise de cet art.
 François Sforza passa de la condition privée à celle de duc de Milan parce qu'il était armé ; et ses enfants, pour avoir voulu fuir les désagréments des armes, de ducs qu'ils étaient devinrent simples particuliers. Car être désarmé, entre autres maux, rend méprisé, et c'est là une infamie dont le prince doit se garder, comme on le dira plus bas. Entre un prince armé et un prince désarmé, il y a une disproportion, il n'est pas logique que celui qui est armé obéisse volontiers à celui qui est désarmé, et pas davantage que celui-ci soit en sûreté au milieu de serviteurs armés ; comme l'un éprouve méfiance et l'autre soupçon, il n'est pas possible qu'ils œuvrent de concert. C'est pourquoi un prince qui n'y entend rien à l'armée, entre autres malheurs et comme on l'a dit, ne peut être estimé de ses soldats, ni leur faire confiance. « 

 

 

Machiavel, Le Prince.

L’œuvre de Machiavel s’inscrit dans une situation historique troublée par la guerre et les conflits entre les États italiens. L’Italie est doublement menacée par les forces militaires d’États voisins, notamment la France et l’Espagne et de l’intérieur par les rivalités des principaux princes italiens. Le patriotisme de Machiavel le conduit à réfléchir sur la guerre et la paix. Machiavel se heurte frontalement à la question de savoir comment liberté et paix sont possibles en s’opposant aux principes constitutifs de la pensée qui excluent les conflits sociaux et politiques. Machiavel se détourne de l’acharnement d’une communauté politique soumise au bien public pris en charge d’Aristote à saint Thomas qui pensent  l’unité de la Cité comme condition de la concorde. Machiavel rejeté la thèse d’un amour fraternel entre les citoyens, notamment la philia grecque ou l’humanisme classique d’Érasme ou de Pic de la Mirandole. Comment dès lors pacifier tout en proposant une théorie d’une politique agonistique ? 

machiavel

« L’œuvre de Machiavel s’inscrit dans une situation historique troublée par la guerre et les conflits entre les États italiens.

L’Italie est doublement menacée par les forces militaires d’États voisins, notamment la France et l’Espagne et de l’intérieur par les rivalités des principaux princes italiens.

Le patriotisme de Machiavel le conduit à réfléchir sur la guerre et la paix.

Machiavel se heurte frontalement à la que stion de savoir comment liberté et paix sont possibles en s’opposant aux principes constitutifs de la pensée qui exclu ent les conflits sociaux et politiques.

Machiavel se détourne de l’acharnement d’une communauté politique soumise au bien public pris en c harge d’Aristote à saint Thomas qui pensent l’unité de la Cité comme condition de la concorde.

Machiavel rejeté la thèse d’un amour fraternel entre les citoyens, notamment la philia grecque ou l’humanisme classique d’Érasme ou de Pic de la M irandole.

Comment dès lors pacifier tout en proposant une théorie d’une politique agonistique ? La thèse machiavélienne de la tranquillité civile se fonde sur le refus d’un utopisme pour lequel il y aurait un équilibre entre le bien et le mal et sur la reprise du cycle polybien qui affirme que le conflit entre la pl èbe et les G rands est indépassable.

Pour Machiavel, il n’y a qu’un seul monde, le monde d’ ici- bas et cons équemment peindre ce qui devrait être est le fruit d’ une imagination dangereuse qui nous éloigne de la réalité politique et sociale.

Cette critique de toute utopie s’adosse à sa lecture de l’histoire qui montre que non seulement toutes les formes d’autorité politique ont été créées et qu’il serait superfétatoire de vouloir en inventer d’autres, mais a ussi que l’on doit nécessairement s e cantonner à ce qui fut pour éviter les divagations politiques.

Et M achiavel de soutenir que seule la république de type romain possibilise la concorde.

Toutefois, le Florentin n’est pas l’initi ateur de la Realpolitik qu i se confinerait dans un simple réalism e politique car la paix est to talement étrangère au progrès technique et social .

Sur fond de l’appréciation de l’histoire, Machiavel met à jour les constantes de la nature humaine : les hommes sont versatiles, ingrats , ne faisant le bien que par intérêt, manipulateurs.

Dès lors la guerre est une donnée de fait et non un accident.

Dans ces conditions on ne saurait révolutionner l’humanité ni même la réformer.

Les utopistes sont inconséquents puisqu’ils suggèrent que pour mettre en place une cité idéale ils présupposent une transformation en profondeur de la nature de l’homme.

Cette thèse sera repris e dans L’Art de la guerre qui se livre comme un manuel à l’usage du prince comme chez des armées.

Le propos est centré sur la nécessaire réactivation de la virtù , concept nucléaire de la pensée machiavélienne, comprise comme disposition politique à s’adapter aux nouvelles situations et à jouer sur le fleuve des événements.

Outre, qu’il s’attache à relier les enjeux politiques de la conservation du pouvoir à l’or ganisation d’une armée toujours sur le qui -vive.

Machiavel a une grand culture livresque sur l ’art de la guerre en s’i nspirant des stratagèmes romains, mais les conseils qu’il dispense au prince découlent de son expérience.

Il faut rappeler que son érudition n’ex clut pas l’expérience.

Le Secrétaire florenti n a côtoyé les rois et les princes et la constitution , l’organisation de leurs armées.

Il a chevauché auprès de César Borgia, ii a longuement discuté avec la « capitaine » Caterina Sforza sur l’effica cité de l’arme ment, sur le rendement du matériel, il a fr équenté les meilleurs généraux durant son périple de près de quinz e ans et donc de pouvoir se familiaris er avec l’armement nouveau (canon, armes à feu, etc.), de débattre de stratégies et de tactiques, ii a été très attenti f aux transformations de l’art de la guerre et à la mise en œ uvre de la technique belliqueuse et à très vitre compris la nouveauté des guerres de la R enaissance par rapport à celles du Moyen -Ä ge qui s’appuyée s sur la féodalité et sur la chevalerie, et la guerre était glo ire et noblesse pour le souverain militaire, et cet art était confié aux vassaux du suz erain non pour des raisons patriotiques ou d’amour de la liberté, mais uniquement par fidélité et par gain f ina ncier.

Machiavel prend acte de cette nouvelle situation pour créer des milices qui se substituent a u mercenariat trop enclin au pi llage et trop peu fidèle.

Cette milice est mu par le patriotisme et armée de vertus républicaines pour en faire des volontaires, voués corps et âme à l’unité de l’État.

Mais étonnamment, ce n’est pas la guerre comme telle qui pa ssionna Mach iave l mais la politique.

La guerre n’est qu’un moyen accessoire qui n’a de sens qu’en vertu de la fin politique.

L’éducation militaire. »

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