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MACHIAVEL et Romulus

Publié le 27/02/2008

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machiavel
Qu'un fondateur de république, comme Romulus, mette à mort son frère, qu'il consente ensuite au meurtre de Titus Tatius, associé par lui à la royauté ; ces deux traits, aux yeux de bien des gens, passeront pour être d'un mauvais exemple : il semblerait convenu que les citoyens peuvent, à en juger d'après la conduite de leur prince, par ambition ou désir de commander, se défaire de leurs rivaux. Cette opinion serait fondée si l'on ne considérait la fin que se proposait Romulus par cet homicide. Il faut établir comme règle générale que jamais, ou bien rarement du moins, on n'a vu une république ni une monarchie être bien constituées dès l'origine ou totalement reformées depuis, si ce n'est par un seul individu ; Il lui est même nécessaire que celui qui a conçu le plan fournisse lui seul les moyens d'exécution. Ainsi, un habile législateur qui entend servir l'intérêt commun et celui de la patrie plutôt que le sien propre et celui de ses héritiers, doit employer toute son industrie pour attirer à soi tout le pouvoir. Un esprit sage ne condamnera jamais quelqu'un pour avoir usé d'un moyen hors des règles ordinaires pour régler une monarchie ou fonder une république. Ce qui est a désirer, c'est que si le fait l'accuse, le résultat l'excuse ; si le résultat est bon, il est acquitté ; tel est le cas de Romulus. Ce n'est pas la violence qui restaure, mais la violence qui ruine qu'il faut condamner. Le législateur aura assez de sagesse et de vertu pour ne pas léguer à autrui l'autorité qu'il a prise en main : les hommes étant plus enclins au mal qu'au bien, son successeur pourrait bien mésuser de l'autorité dont pour sa part il aura bien usé ; d'ailleurs un seul homme est bien capable de constituer un État, mais bien courte serait la durée et de l'État et de ses lois si l'exécution en était remise aux mains d'un seul ; le moyen de l'assurer, c'est de la confier aux soins et à la garde de plusieurs. En effet autant une assemblée est peu propre à bien fonder un État, vu la diversité des avis sur ce qui est le bien de cet État, autant, ce bien une fois connu, est-elle unanime à ne pas le laisser échapper. (1) MACHIAVEL

 Machiavel apparaît souvent comme le fondateur de la science politique. Il a en effet essayé d’établir dans Le prince, les différentes règles et les meilleures façons de gouverner une nation qu’elle soit une république, une principauté ou une monarchie. Machiavel, pour la postérité, représente le symbole du vice dans la politique. Ainsi, l’expression « machiavélique « est aujourd’hui plutôt employée de manière péjorative. Pourtant il n’est pas sûr que cette interprétation, cette lecture des thèses de Machiavel soit la bonne. Dans ce texte, Machiavel évoque l’utilisation de la violence dans la stratégie politique et surtout dans la fondation d’une république. N’est-elle pas un mauvais exemple pour les sujets ? Peut-on se servir de la violence si c’est pour une bonne cause ? Si la violence permet la fondation d’une nation, comment par la suite permettre à cette nation de fonctionner et de prospérer ? Machiavel est-il immoral ?

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« le résultat est bon, ici si la République est fondée, alors la violence ne sera pas perçue négativement et Romulusconservera une bonne image.Machiavel distingue donc deux violences : une qui détruit et une qui rétablit.

On le voit le moyen importe peu.

C'estpeut-être pour cela que Machiavel est considéré comme immoral, parce qu'il ne fait pas du bien une chose absolue,mais raisonne de manière pragmatique.

Il s'agit d'agir au mieux, sans se soucier de la moralité des moyens.

L'homme qui a pour intérêt le bien commun, doit chercher à gouverner - Pour quelle raison, Romulus a raison de se servir de la violence ? Machiavel soutient qu'une république ne peut êtrefondée que par un seul homme.

Pour cela, il semble s'appuyer sur un argument d'autorité et sur une règle généralequi peut se retrouver dans tous les événements historiques.

« on n'a vu une république ni une monarchie être bienconstituées dès l'origine ou totalement reformées depuis, si ce n'est par un seul individu ».

- Machiavel affirme ensuite que l'individu qui pense plutôt au bien commun qu'à ses profits doit tout faire pourposséder le pouvoir.

Pour l'auteur, les hommes sont par nature mauvais.

Il dira dans le chapitre XVII du ¨Prince,qu'ils sont « i ngrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs, lâches devant les dangers et avides de profit ». Or, si un homme est meilleur que les autres, il doit par tous les moyens essayer de gouverner pour instituer unebonne politique et une vraie gestion du bien commun.Pour l'auteur, seuls ceux qui possèdent la virtu sont à même de gouverner et de conserver le pouvoir.

La virtu « consiste à tout moment à penser à ce qui peut lui nuire et à voir les choses de loin afin de favoriser ce qui est bonet de s'opposer par avance à ce qui est mauvais ».

La virtù , est une combinaison d'audace, de vaillance et de détermination qui permet à celui qui la possède de prendre l'initiative dans l'action en bousculant l'ordre des choses:elle pousse à agir plutôt qu'à temporiser et attendre que les événements se produisent et qu'on les subisse.

Le prince doit donc être prudent et pouvoir prévoir ce qui peut arriver, ce que la « fortune » concept important chezMachiavel peut apporter.

L'homme ne peut pas lutter contre les événements qui arrivent.

Par contre, il peut s'ypréparer et agir bien en toutes circonstances, c'est se mettre en position de ne pas prévoir le mal qui peut nousarriver et être incapable aussi d'y réagir, d'y répondre.- Ainsi, c'est par Virtu que Romulus a assassiné les deux hommes.

Il a réussi à percevoir qu'ils seraient un obstacle àcourt et à long terme pour la République.

Il a su faire preuve de vaillance et de détermination et a ainsi pu atteindreson but.- Dès lors, il ne s'agit pas de savoir si Machiavel est immoral.

Bien sûr que tuer n'est pas considérer comme unebonne chose, mais le gouverneur d'une cité doit pouvoir faire des choses mauvaises quand la situation l'exige, dansle but de préserver le bien d'une Cité.

Il ne s'agit pas ici de faire le mal pour son propre bénéfice, mais pour celui detous.

La conservation d'une république suppose un pouvoir partagé - Machiavel nous dit donc que pour fonder une république ou pour la réformer, il faut un homme de virtu, de couragequi sache prendre les bonnes décisions.

Ce dernier doit donc essayer d'avoir tous les pouvoirs.

Pourtant nous dit-ilensuite, une république ne peut fonctionner que sur le pouvoir d'un seul homme.

En fait, l'auteur distingue dans cetexte mais aussi dans son œuvre entière, deux moments importants dans la politique : le moment de la prise depouvoir ou de la fondation d'un état et la consolidation ou la gouvernance à long terme de cet état ou cité.

Lesmoyens utilisés dans les deux cas ne sont absolument pas les mêmes.

Ainsi, pour prendre le pouvoir, un prince seraitpeut être amené à faire preuve de violence, d'autorité mais devra ensuite radoucir son comportement pour que lessujets puissent lui faire confiance et ne pas se soulever.- Or, ici, c'est bien cela qu'il se passe.

Seul un homme plein de virtu pourra prendre le pouvoir mais il doit ensuitepour faire fonctionner convenablement la cité le répartir.

Il s'agit encore de prudence.

Si Romulus est bon et agit envue du bien commun, il ne peut pas être sur que son successeur le soit aussi.

Nous l'avons déjà évoqué etMachiavel le rappelle dans le texte, « les hommes étant plus enclins au mal qu'au bien, son successeur pourrait bienmésuser de l'autorité dont pour sa part il aura bien usé ».Comment alors garantir le bien de la République ? Machiavel affirme alors en partageant le pouvoir au plus grandnombre.

En effet, en le confiant à un seul, on prend le risque que celui-ci utilise le pouvoir à des fins personnelles.Or, si plusieurs, une assemblée par exemple a le pouvoir, notamment législatif, il est un peu près certains quel'intérêt commun soit le seul pris en compte.

L'auteur nous dit qu'il existe de nombreux avis différents dans lesassemblées.

Les profits individuels ne pourront pas être pris en compte et seules les lois concourant aux biens detous, donc au bien commun remporteront l'unanimité ou du moins la majorité des voix.

Locke reprendra d'ailleurscette idée et réaffirmera la nécessité des assemblées dans les démocraties.- Enfin, l'auteur affirme que les assemblées et le peuple, une fois qu'ils auront vu et compris les bienfaits de l'état etde la république, feront tout pour les conserver et empêcheront les tentatives d'usurpation personnelles du pouvoir,alors qu'à l'inverse avant la formation de l'état, ils ne sont pas persuadés du bien de la chose et ne peuvent passoutenir une entreprise de fondation ou en tout cas, la mener.

Ainsi, le plus important n'est pas les moyens qu'on utilise mais l'objectif qu'on se fixe.

Machiavel peut paraître sur cepoint immoral, mais c'est qu'il se soucie plus de l'art de bien gouverner que du Bien absolu.

Il raisonne de manièrepragmatique et la violence peut être employée dans des cas exceptionnels, si le résultat est satisfaisant et sert àtous.

Machiavel ne prône pourtant pas le vice et le mal.

Il affirme ainsi que l'homme qui se soucie du bien commundoit gouverner puisque la majorité des hommes est avide et individualiste.

Cela montre un souci politique et uneattention portée à tous et en particulier au peuple.

C'est pour cela que l'homme possédant de la virtu doit être l'acteur de la fondation d'un état.

Seul lui peut avoir la force et la ruse nécessaire pour former une république.Pourtant, il doit être assez sage et doit prévoir ce qui pourrait arriver à la cité s'il venait à disparaître.

C'est. »

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