Maitriser une langue est-ce la dominer ?

Problème : A l’aide de notre analyse thématique de la notion de langue naturelle, nous pouvons dès lors cerner la signification des notions de maîtrise et de domination appliquées à la langue. Les trois dimensions relevées comme spécifiques de la définition de la langue nous permettent de regrouper les trois modes de distinctions de ces notions (la fonction, la structure, la générativité) sous un type unique qui leur est transversal : la notion de règle. La possibilité de distinguer les notions de maîtrise et de domination se fonde sur leur relation respective à la règle linguistique. Ceci peut s’opérer comme suit : la maîtrise des règles constitutives de l’art qu’est la langue consiste dans le savoir pratique de leur application (savoir parler et pouvoir le faire sont donc les indices de la possession de telle règles, de leur disposition et de leur disponibilité) ; la domination des règles constitutives de l’art de la langue réside quant à elle dans le pouvoir de leur édiction (l’enjeu est donc ici clairement politique, et se situe dans la détention du pouvoir de décider des normes de la langue – l’institution française en laquelle s’instancie un tel pouvoir est l’Académie). On pourrait désormais reprendre le problème de l’énoncé pour le formuler comme suit : peut-on parler sans pour autant être Académicien, ou du moins linguiste…