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MARC AURÈLE ET LA MORT

Publié le 10/10/2011

Extrait du document

Dégagez l'intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée:

« Il ne faut pas seulement considérer que la vie chaque jour se consume et que la part qui reste diminue d'autant. Mais il faut encore considérer ceci : à supposer qu'un homme vive longtemps, il demeure incertain si son intelligence restera pareille et suffira dans la suite à comprendre les questions et à se livrer à cette spéculation qui tend à la connaissance des choses divines et humaines. Si cet homme, en effet, vient à tomber en enfance, il ne cessera ni de respirer, ni de se nourrir, ni de se former des images, ni de se porter à des impulsions, ni d'accomplir toutes les autres opérations du même ordre ; mais la faculté de disposer de soi, de discerner avec exactitude tous nos devoirs, d'analyser les apparences, d'examiner même s'il n'est point déjà temps de sortir de la vie, et de juger de toutes les autres considérations de ce genre qui nécessitent une raison parfaitement bien exercée, cette faculté, dis-je, s'éteint la première. Il faut donc se hâter, non seulement parce qu'à tout moment nous nous rapprochons de la mort, mais encore parce que nous perdons, avant de mourir, la compréhension des questions et le pouvoir d'y prêter attention. «

MARC AURÈLE.

Quelques éléments de réflexion.

L'approche philosophique du problème de la mort, combinée ici à une théorie de la conduite existentielle la plus adéquate, est menée dans ce texte à travers la problématique stoïcienne, dont des éléments fondamentaux sont assez aisément repérables...

« de l'ordre cosmique (nécessité naturelle) et une m·aitrise de soi.

Choses qui ne sont possibles que dans la plénitude des facultés humaines.

intellectuelles et morales.

En ce sens, la « mort psy­ chologique» (altération de ces facultés) risque de précéder la mort biologique .

Le « suicide rationnel » (dont parlait déjà Chry­ sippe, fondateur de l'Ancien Stoïcisme) peut être envisagé (cf.

la phrase:« examiner même s'il n'est point déjà temps de sortir de la vie») notamment lorsque le sage sent que son libre arbitre (faculté de disposer des choses qui dépendent de nous) est compromis par.

l'érosion naturelle du psychisme.

On pourra rapprocher ce texte de propos célèbres dans l'his­ toire de la philosophie.

Voici quelques références utiles : « La mort n'est rien pour nous, puisque nous M pouvons en avoir d'expérience directe» (Épicure, Lettre à Ménécée, cf .

le texte cité plus loin).

«Que philosopher est apprendre à mourir» (Montaigne, Essais , 1, 20 et Ill, 12 et 13).

« La philosophie est une méditation non de la mort mais de la vie» (Spinoza, Éthique.

Livres IV et V).

• Défauts à éviter.

On doit éviter surtout un « raplatissement » du texte, consis­ tant à donner des anecdotes pour illustrer le processus de vieil­ lissement humain.

On évitera aussi une approche trop générale du problème de la mort (il est important de bien saisir ici la liai­ son thématique entre le processus de la mort et le libre arbitre stoïcien défini comme faculté de disposer de soi).

• Suggestions d'approche.

L'étude ordonnée du texte s'attachera à montrer comment Marc Aurèle pose un problème, et le résout .

Exemple de formula­ tion de ce problème : dans quelle mesure la considération de la mort et de ses différents aspects doit-elle normer la conduite de notre vie ? La réponse donnée par Marc Aurèle révèle une con­ ception sous-jacente, qu'on s'attachera à dégager.(« Il faut donc se hâter» : nécessité de vivre pleinement et sans attendre , car le déclin ultérieur de nos facultés nous enlèvera ce libre arbitre qui nous caractérise et nous distingue .) Après avoir mis en évidence le sens et la problématique du texte, on en précisera l'intérêt par un «éclairage différentiel » que l'on peut mettre en place en utilisant les références sui­ vantes: - Les conceptions tragiques de la vie et de la mort : voir Pas-. »

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