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Marc-Aurèle ou la philosophie de l'empire sur soi

Publié le 01/08/2011

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La théorie hégélienne du maître et de Vesclave est séduisante comme phénoménologie des rapports humains mais ne tient pas debout historiquement... Le stoïcisme pas plus que le scepticisme n'ont été inventés par des esclaves mais par des hommes libres. À Rome le stoïcisme est devenu une théorie de maître (pour un Épictète, un grand courtisan comme Sénèque, un empereur comme Marc-Aurèle). Plutôt qu'une théorie d'esclave qui prend le point de vue du maître, j'y vois plutôt une théorie du maître qui se prémunit contre le danger de devenir esclave et qui réfugie son orgueil de maître dans le seul bien qui n'est pas menacé : la pensée. 

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« devint le disciple.

Considéré par certains comme un simple imitateur de son maître en stoïcisme, dont il reprend en effet l'essentiel de la doctrine et des thèmes, l'empereur nous présente en réalité, à travers ses Pensées, une autre figure du Portique.

Un livre unique L'ouvrage que Marc-Aurèle écrit, à la fin de sa vie, dans la boue des armées, est à bien des égards un livre unique, dont le titre grec : « ta eïs héauton », généralement traduit par Pensées, désigne plus exactement des « Notes personnelles » (« A moi-même » ou « Pour moi-même ») par opposition aux pièces officielles, qui faisaient également partie de la cassette impériale.

Ce sont des notes prises au petit jour, ou à la fin d'une rude journée, pour son usage personnel, par un empereur que son pouvoir isole et qui ne trouve finalement à s'entretenir qu'avec lui-même, dans son « arrière-boutique », comme dira plus tard Montaigne (Essais, I, 39).

Ainsi, avec les Pensées de Marc-Aurèle, nous ne sommes pas dans le monde lointain d'un mythe : celui du philosophe qui serait roi, — mais bien dans la confidence d'un empereur qui est réellement philosophe et que son humanité nous rend proche.

Les insomnies durant les longues campagnes auxquelles se voit obligé cet empereur qui n'aimait pas la guerre, son mépris de la gloire si souvent affirmé, l'exercice d'un pouvoir au sujet duquel il n'entre- tient aucune illusion, expliquent la tonalité particulière des Pensées et l'audience qu'elles ont trouvée chez tant de lecteurs qui, sans être empereurs ni sages, étaient simple- ment des « prokoptontés », c'est-à-dire des hommes « s'a- vançant vers » la vérité et la sagesse.

Royauté du L'homme que nous découvrent les Pen- présent sées est un ascète qui joue son rôle d'empereur avec une extrême distance et une constante application.

Concevant sa tâche comme un devoir quotidien, Marc-Aurèle refuse de céder à l'illusion d'un temps qui ne serait pas celui de l'action présente.

Entre ces deux infinis que sont le passé et l'avenir, sur lesquels nous n'avons aucune prise, seul le présent offre à l'action vertueuse un moment qui ne doit pas être différé : « Si tu ôtes du temps tout ce qui est à venir et tout ce qui est déjà écoulé, tu feras de toi, comme dit Empédocle, « une sphère parfaite, fière de sa rondeur bien équilibrée » (XII, 3).

Rien n'est plus éloigné de Marc-Aurèle que l'idée d'investir dans cette vie pour récolter au centuple dans une autre.

Le temps est vidé de toute capacité de rapport pour le sage qui. »

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