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Marc AURÈLE: Pensées pour moi-même

Publié le 22/04/2010

Extrait du document

« Tout faire, tout dire et tout penser en homme qui peut sortir à l'instant de la vie. Quitter les hommes, s'il y a des dieux, n'a rien de redoutable, car ceux-ci ne sauraient te vouer au malheur. Mais s'il n' y en a pas, ou s'ils n'ont aucun soin des choses humaines, qu'ai-je à faire de vivre dans un monde sans dieux et sans providence ? Mais ils existent et ils ont soin des choses humaines, et pour que l'homme ne tombe pas dans les maux qui sont des maux véritables, ils lui en ont donné tous les moyens. S'il était quelque mal en dehors de ces maux, les dieux y auraient également pourvu, afin que tout homme fût maître d'éviter d'y tomber. Mais, comment ce qui ne rend pas l'homme pire pourrait-il rendre pire la vie de l'homme ? Ce n'est point pour l'avoir ignoré ni pour en avoir eu connaissance sans pouvoir le prévenir ou le corriger, que la nature universelle aurait laissé passer ce mal ; elle ne se serait pas par impuissance ou par incapacité, trompée au point de faire échoir indistinctement aux bons et aux méchants une part égale de biens et de maux ? Or, la mort et la vie, la gloire et l'obscurité, la douleur et le plaisir, la richesse et la pauvreté, toutes ces choses échoient également aux bons et aux méchants, sans être par elles-mêmes ni belles ni laides. Elles ne sont donc ni des biens ni des maux. «

  • Le thème : La mort.
  • La thèse : La mort est chose indifférente, elle n'est ni un bien, ni un mal. L'homme doit l'affronter en homme d'autant plus que l'ataraxie lui est promise, il pourra jouir du bonheur des dieux.
  • Les enjeux : Ils concernent essentiellement la conception de la mort. Nous serons confrontés à diverses approches de la mort, afin de pouvoir mettre en valeur le rapport que l'homme doit entretenir avec la mort.
  • La structure : Nous ne suivrons pas le sens chronologique du texte. Quel est le raisonnement de l'auteur ? La vie n'a aucun sens, si les dieux n'existent pas. Tel nous semble être le premier mouvement du texte (1. 3 à 5). Mais les dieux existent et l'homme peut jouir du bonheur, car la mort lui procurera une ataraxie. Tel est le second mouvement du texte (l. 2, 3 et l. 5 à 9). Ainsi l'homme reconnaissant que la mort est chose indifférente pourra mourir en homme (l. 9 à 18 et l. 1, 2).

« représente son corps après la mort « déchiré par les oiseaux et les bêtes de proie ».

Si la mort n'est rien c'est parcequ' il n'y a rien après la mort.

Or pour Marc Aurèle le raisonnement est inverse, si la mort est chose indifférente c'estparce que les dieux veillent sur l'homme. Transition : L'existence des dieux donne un sens à la vie et à la mort, si la mort était un mal les dieux auraient pourvu l'homme de moyens pour la combattre.

Quel est le sens de cette espérance, de cette providence ? Deuxième partie La mort n'est pas une fin, elle est un passage La mort, comme la vie, doit être tournée vers la recherche de l'ataraxie, seul moyen de jouir du bonheur auprès desdieux.

C'est le sens que prend toute vie pour un stoïcien, la mort étant la promesse de jouir éternellement de cebonheur, de cette quiétude.

D'une certaine manière nous nous trouvons face à une conception eschatologique, ainsila mort est pas-sage et non fin.

La mort est commencement d'une ère perpétuelle, elle n'est plus un événement mais un avènement.Cette conception de la mort peut se lire dans l'invention eschatologique et, quoique de manière différente, dansl'histoire de la métaphysique qui, de Platon à Hegel, nous montre que la tâche essentielle du discours philosophiqueest de vaincre la mort, nous rappelle notre participation à l'éternel, nous invite à dépasser la contingence et lafinitude de toute vie individuelle.

Nous prêtons aux morts une existence après la mort parallèle à celle des vivants.La mort est passage, vers un autre monde où l'éternité est promise.

La mort serait donc signe de l'éternité et nouslibérerait d'un monde peu enviable.

C'est là le sens de toutes les représentations eschatologiques qui nous montrentla victoire de la vie sur la mort.

Nous quittons un monde douloureux pour un monde heureux.

La mort nous libère del'éphémère, de l'angoisse du temps, de la corruption.

Ainsi pour Marc Aurèle, la mort est affranchissement, elle nousfait échapper au danger de décrépitude intellectuelle.

La mort porte les promesses d'une éternité, d'une sérénité, dubonheur. Transition : Ainsi l'homme reconnaissant que la mort est chose indifférente pourra mourir en homme.

En quel sens ? Troisième partie La mort n'est ni un bien, ni un mal puisqu'on ne peut la combattre Vivre et mourir en homme c'est donc rechercher l'ataraxie et se détacher des plaisirs.

Rechercher la vertu afin degagner le bonheur.

La mort comme passage présuppose une mort physique et non une mort spirituelle.

Partant, elleimplique un dualisme âme/corps car s'il y a une vie après la mort c'est celle de l'âme.

Montaigne nous dit : « Quephilosopher c'est apprendre à mourir » (Essais, Liv.

I) et Spinoza dans l'Éthique nous dit que la sagesse de l'hommelibre est : « une méditation non de la mort mais de la vie ».

Le paradoxe n'est qu'apparent, il s'agit de mourir à soncorps pour permettre une vie de l'âme.

Dès lors, c'est la qualité de l'âme qui est en question.

Il ne s'agit pas devivre en pensant à la mort mais à la vie éternelle.

La mort se présente donc comme une libération de la prisoncorporelle.

La mort est le lieu de la séparation de l'âme immortelle et du corps périssable qui nous enchaîne dans lemonde de l'apparence et nous empêche d'accéder au Vrai, au Bien.

La mort ouvre l'accès à une immortalitéimpersonnelle de l'âme pour laquelle le corps n'aura été qu'un lieu de passage.

Mais cette espérance que l'âme aprèsla mort sera auprès du Vrai n'est pas espérance de la mort mais purification de l'âme comme mise à distance dusensible, comme volonté de mourir à son corps.

Partant, ce cheminement vers l'Idée est celui de la contemplation,de la vision de l'Idée par l'âme, ce chemin est celui de la restauration de la qualité d'âme.

Ainsi philosopher c'estcheminer vers l'Idée, c'est proprement s'exercer à mourir, mieux : « être mort » nous dit Platon dans le Phédon : «ceux qui, au sens droit du terme se mêlent de philosophie, réellement s'exercent à mourir et qu'il n'y a pas d'hommesqui aient, moins qu'eux, peur d'être morts » (Phédon, 67 e).

La philosophie est un exercice de déliement du corps.

Ily a donc une identité entre philosophie et mort puisque toutes les deux ont pour effet de délier l'âme du corps.C'est dans le Phédon que penser, philosopher sont des morts métaphoriques, car philosopher est un exercice deséparation avec le corps, avec le monde sensible.

Il s'agit de mourir à ce monde-ci.

La philosophie est dépassementdu sensible vers l'intelligible.

L'Idée platonicienne et la mort ne peuvent pas survenir ; la vérité ne vit ni ne meurt, lamort est déjà en un sens effectuée par l'exercice philosophique.

Le dualisme va de pair avec un idéalisme puisqu'il ya privilège de l'âme sur le corps, privilège de la connaissance intellectuelle, dépréciation du corps.

De plus, il y a unlien intime entre la philosophie et la mort.

En effet la naissance de la philosophie coïncide avec l'avènement d'unemort singulière : celle de Socrate.

Socrate fait preuve d'une imperturbable ataraxie. Conclusion Vivre et mourir en homme c'est donc vivre une vie philosophique.

Et si des objections peuvent s'élever quant auxpreuves données à propos de l'immortalité de l'âme et même en l'absence de preuves, l'immortalité de l'âme est unbeau risque à courir car le vrai danger pour le philosophe c'est un attachement excessif au corps.

L'obstacle à la viephilosophique n'est pas la mort mais le corps.

Tel nous semble être l'intérêt philosophique du texte.. »

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