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Maurice Blondel

Publié le 22/02/2012

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a) Né à Dijon, normalien en 1881, agrégé de philosophie, Blondel enseigna dans les lycées de Chaumont, Montauban, Aix-en-Provence puis se fit mettre en congé en 1889. Il se retire alors dans la propriété familiale de Saint-Seine-sur-Vingeanne, à côté de Dijon ; c'est là dans une chambre isolée du second étage, en face d'un paysage verdoyant, qu'il rédige la thèse de doctorat — soutenue en 1893 — qui devait le rendre célèbre : l'Action. Cette analyse de l'action c'est-à-dire déjà de l'homme « en situation », du vécu concret, débouche sur l'exigence de la vie religieuse et du surnaturel considérés comme la seule réponse possible au problème de l'existence. Une réflexion qui se veut purement philosophique et rigoureusement rationnelle aboutit donc au dépassement de la raison et de la philosophie.

« MAURICE BLONDEL 1861-1949 RIEN ne serait plus facile que d'esquisser de Maurice Blondel un portrait conformiste.

Né à Dijon en 1861, mort à Aix-en-Provence (1) en 1949, Blondel n'a pas connu la gloire et les honneurs comme Bergson; il n'a pas occupé les premières chaires de l'Université; malgré une vie chrétienne exemplaire, le catholicisme officiel ne l'a pas porté sur le pavois comme Claudel.

Néanmoins, il a eu une carrière universitaire plus qu'honorable; il fut un auteur fécond, influent, commercial; du côté catholique, les oppositions initiales cédèrent peu à peu devant une estime croissante.

A la veille de sa mort, c'était un Maître aimé, entouré, universellement respecté.

Le Pape l'avait complimenté en 1945, les revues tenaient à sa signature, la Sorbonne elle-même, lors du Congrès Descartes en 1937, lui avait réservé une séance d'apparat.

On pourrait donc écrire, aujourd'hui, tranquillement que, malgré quelques vicissitudes, la vie et l'œuvre de Blondel n'offrent rien d'incon­ fortable, rien de très original non plus.

Chrétien et philosophe, il a rempli honnêtement la tâche d'un philosophe chrétien.

En cela pareil à vingt autres, semblable à tous ceux qui, avec des talents inégaux, reprennent à chaque génération l'éternelle dissertation sur l'accord de la foi et de la raison.

Mais ce portrait conformiste ne serait point conforme.

Sans doute des admirateurs l'écriront quand même.

Il en va ainsi pour la plupart des penseurs; on leur résiste dans la période montante de leur pensée, c'est-à-dire au moment où cette pensée est intéressante; puis, quand on a suffi­ samment usé les angles de leur doctrine, on la reçoit, on l'accepte, on l'embaume dans les manuels.

Elle devient d'un même coup classique et inoffensive.

Opération dans laquelle certains profes­ sionnels de l'enseignement sont passés maîtres.

La longévité de Blondel a même permis à cette pieuse confiscation de commencer de son vivant.

Aussi, par réaction, ne dirons-nous ici que ce qu'on ne dit point d'habitude.

Toute notre attention se concentrera sur ce que Blondel apportait de neuf, le 7 juin 1893, en proposant sa thèse sur l'Action.

Mais ne dissociant jamais l'œuvre, de l'homme, ni le militant, du penseur, nous montrerons aussi comment cette vie s'est accomplie sous le signe de la réflexion et de l'action inséparablement unies.

Au physique, Maurice Blondel était de petite taille.

De santé délicate, non de frêle consti­ tution.

Il était musclé et vigoureux, perpétuellement actif.

Ce jeune homme blond qui, à vingt ans, porte cheveux courts, collier de barbe et moustache soignés, était devenu, à quarante, un professeur distingué, aux manières fines, aux gestes précis.

Fidèle à l'ancien habit universitaire, au col cassé, au bouc en pointe, il avait un grand souci de dignité et de correction, sans recherche ni affectation.

Plusieurs choses frappaient en lui : le front, qu'il avait immense, en contraste saisissant avec le bas du visage plutôt effacé; les yeux, d'un regard tout intérieur soudain avivé par un pétillement malicieux ou ironique; la voix enfin, douce, musicale, toujours prête à se réchauffer d'éloquence.

Avec cela, les mains ponctuant le discours, le geste mimant la progression de la pensée.

En somme, le parfait professeur, celui qui démontre et qui montre, qui explique et qui décrit.

Au moral, il offrait les mêmes contrastes.

Il était foncièrement sérieux, et pourtant gai, spirituel, un peu moqueur.

Méditatif, ruminant sans cesse l'inachevable synthèse, il était ardent (1) Presque toute sa carrière s'est déroulée à Aix, au lycée, puis à la Faculté des Lettres.. »

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