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Mes pensées n'engagent-elles que moi?

Publié le 10/04/2005

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(E.c) « Je donne et lègue ma montre à mon frère » - comme on peut le lire dans un testament. (E.d) « Je vous parie six pences qu'il pleuvra demain ». Pour ces exemples, il semble clair qu'énoncer la phrase (dans les circonstances appropriées, évidemment), ce n'est ni décrire ce qu'il faut bien reconnaître que je suis en train de faire en parlant ainsi, ni affirmer que je le fais : c'est le faire. Aucune des énonciations citées n'est vraie ou fausse : j'affirme la chose comme allant de soi et ne la discute pas. On n'a pas plus besoin de démontrer cette assertion qu'il n'y a à prouver que « damnation ! » n'est ni vrai ni faux : il se peut que l'énonciation « serve à mettre au courant » - mais c'est là tout autre chose. Baptiser un bateau, c'est dire (dans les circonstances appropriées) les mots « Je baptise... » etc. Quand je dis, à la mairie ou à l'autel, etc.

« L'esclave, pour Sartre, est libre mais pas du tout au sens oùl'entendent les Stoïciens, car il est absurde d'opposer la libertéintérieure et la liberté de l'action.

L'esclave a dans l'action même, unchoix à effectuer : il peut se lancer dans la révolte, il peut choisir de sedonner la mort, tenter l'évasion.

Il peut aussi choisir la servitude.Pourtant, l'objection paraît évidente ; l'esclave ne choisit pas sacondition d'esclave.

«On ne fait pas ce que l'on veut».

C'est-à-dire quenous sommes contingents ou que la vie est absurde.

Nous sommes eneffet façonnés par un monde historique que nous ne choisissons pas ;nous sommes nés à une époque donnée dans un contexte social donné,et nous n'y pouvons rien.

S'il a 20 ans quand la mobilisation généralel'envoie au front combattre l'ennemi, pèse sur lui une série decontingences : c'est un homme, on ne mobilise pas les femmes dansson pays, il est citoyen d'un pays en guerre, donc mobilisable et à cetitre, tous ses projets sont suspendus, et il court même le risque absolu: celui de sa mort.

[Les pensées sont des actes ] La compréhension sartrienne de l'engagement nous suggère de modérer l'opposition entre les pensées et lesactes : les pensées sont des actes - de discours, mais des actes tout de même. Quand dire, c'est faire Le linguiste Austin a montré que le langage, loin d'avoir comme seule fonction la transmission d'informations,en remplit bien d'autres, dont la fonction performative, qui représente le mieux l'acte d'engagement et qu'ilrésume par la formule : « quand dire, c'est faire ».

Par exemple, dire « oui » lors de son mariage ou « je le jure» dans le cadre d'un procès constitue un acte authentique accompli devant témoins : un mot a changé toutle statut juridique de l'individu ainsi que sa situation personnelle et sociale. Les paroles sont triplement actes • Le linguiste et philosophe anglais J.

L.

Austin a souligné que toute parole, tout discours est triplement acte: – Acte locutoire.

Une parole, un discours est d'abord l'exercice de la faculté du langage.

Un discours est unénoncé ou un ensemble d'énoncés réellement produit par un locuteur (individuel ou collectif).

Il est dan parlui-même un acte : acte de locution. – Acte illocutoire.

Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours.

Mais je puisl'utiliser de différentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions.

Je puis, par exemple, informer,suggérer, promettre, interdire, etc.

Donc en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'actelocutoire qui est de dire quelque chose.

Austin appelle « illocutoire » cet acte effectué en disant quelquechose. – Acte perlocutoire.

Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou non, même lointains, soitsur autrui, soit sur celui qui parle.

Ainsi lorsque je produis un acte locutoire (et par là-même un acteillocutoire) je produis un troisième acte, qu'Austin nomme « perlocutoire ». • Ces trois actes distincts sont illustrés par l'exemple suivant :– Acte locutoire : production de la parole, « Tu ne peux pas faire cela ».– Acte illocutoire la parole « Tu ne peux pas faire cela » manifeste une protestation contre une action.– Acte perlocutoire : la parole (et la protestation) « Tu ne peux pas faire cela » a pour effet de dissuaderl'interlocuteur de réaliser son action. "Nous prendrons donc comme premiers exemples quelques énonciations qui ne peuvent tomber sous aucunecatégorie grammaticale reconnue jusqu'ici, hors celle de l'« affirmation » ; des énonciations qui ne sont pas,. »

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