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MÉTHODE DE LA PHILOSOPHIE : LA DIALECTIQUE CHEZ PLATON

Publié le 15/03/2011

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   Les philosophes qui avaient précédé Platon s'étaient comme précipités sur les choses pour leur arracher leur secret. Tous avaient cherché ce qui demeure sous les changements. Pour Thalès, la substance unique est l'eau; pour un autre, l'air; l'un dit que c'est une chose indéfinissable, l'autre (Héraclite) soutient que c'est le feu; les Pythagoriciens d'ailleurs prétendent que les choses sont des nombres; les philosophes d'Élée maintiennent avec énergie l'unité, l'éternité, l'immuabilité de l'être, et nient résolument tout devenir ; les résultats obtenus diffèrent selon les penseurs : c'est que la recherche a été entreprise sans méthode. La première originalité de Platon est d'avoir compris l'importance de la méthode. Les philosophes précédents ont eu le tort de ne pas se demander ce qu'ils cherchaient, avant de partir en quête ; s'ils avaient réfléchi, s'ils s'étaient d'abord interrogés eux-mêmes, ils auraient compris que l'être véritable ne peut être aucun objet matériel quel qu'il soit, mais seulement une Idée. 

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« Socrate, il ne sait rien ; s'il risque une hypothèse, c'est pour l'examiner en toute liberté d'esprit; il ne met rien au-dessus de la vérité et, si son interlocuteur lui démontre qu'il se trompe, il est prêt à reconnaître son erreur, sachantbien que le plus grand service qu'on puisse lui rendre est de le débarrasser d'une illusion.

Ce n'est pas l'amour de ladispute qui le pousse ; il ne cherche pas à humilier son adversaire, mais au contraire à le rendre meilleur; ce qui lefait parler c'est l'amour, l'amour de la vérité et l'amour des hommes.

Pour le but qu'il se propose, si une longue suitede raisonnements subtils est nécessaire, il ne craindra pas de paraître trop long en s'y engageant.

Il ne reculera pasdevant l'effort d'attention et de mémoire nécessaire à tout exercice philosophique ; à travers les anxiétés du douteet les longueurs de la recherche, il marchera obstinément, en dépit de toutes les opinions et de toutes les autorités,porté par la seule force de la raison, vers la vérité entrevue. Plus pénible et plus austère que l'art du sophiste ou du rhéteur, l'art de la dialectique est aussi plus sur et méritemieux le nom d'art.

Les arts de flatterie n'ont pas de principes rigoureux ; les règles qu'ils donnent sont le résultatd'une longue expérience des choses et des hommes; l'application en réussit parfois, mais non toujours; ce sont desarts empiriques, où la chance joue un grand rôle.

La dialectique, au contraire, ne laisse rien au hasard ; le principequi la règle, le principe de non-contradiction, en vertu duquel une chose ne peut pas être dans le même temps etdans le même sens elle-même et son contraire, est de telle nature qu'aucun fait ne peut l'établir, et qu'aucun faitnon plus ne peut le détruire.

Le dialecticien emploie deux procédés : la synthèse et l'analyse.

Les choses tellesqu'elles nous apparaissent sont très diverses; si l'on considère par exemple les sons émis par le larynx de l'homme,les variétés en sont indéfiniment multiples.

Savoir que la voix est multiple, et qu'aussi, en tant que voix, elle estune, n'est pas avoir atteint un haut degré de science.

Mais dans cette diversité reconnaître, comme l'a fait, dit-on,l'Égyptien Teuth, les trois grandes espèces des voyelles, des consonnes et des semi-voyelles; puis, dans chacunede ces idées, discerner celles des lettres élémentaires qui y sont comprises, c'est là faire œuvre de véritablelinguiste et, sans en avoir conscience, appliquer les procédés même de la dialectique.

Étant donnée une multiplicitéd'objets, la synthèse consiste à y démêler une idée une qui les embrasse tous ; mais il ne faut pas s'en tenir là IIfaut reprendre cette idée et la diviser de nouveau suivant ses articulations véritables, eu prenant garde de ne pas,comme un mauvais anatomiste, mutiler quelqu'une des idées qui y sont comprises.

Ordinairement, et pour plus desûreté, on divisera l'idée du genre en deux, procédé appelé dichotomie ; cependant, si la nature des choses réclameune division en un plus grand nombre d'espèces, il ne faudra pas craindre de compliquer l'opération, pourvu que l'onconserve un souvenir exact du nombre des divisions pratiquées.

Il faut aller ainsi progressivement de l'un au multipleet du multiple à l'un ; mais l'on ne sera dialecticien qu'autant que l'on sera capable de dire, h chaque moment de ladialectique, à quelle distance pour ainsi dire on se trouve de chacun des termes extrêmes, et par combiend'intermédiaires on en est séparé.

Le dialecticien est celui qui sait composer et décomposer les idéesméthodiquement, progressivement, en orientant sans cesse ses idées au milieu des autres.. »

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