Devoir de Philosophie

Michel Serres

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

serres
Ancien élève de l'École Navale et de l'École Normale Supérieure, Michel Serres trouve, dans sa thèse Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques (1968), au coeur de la pensée la plus systématique du Grand Siècle, la variabilité indifférente des éléments engendrés par la logique du système, la multiplication indéfinie des points de vue possibles, l'absence de point fixe d'une raison qui tente de se penser systématiquement. C'est ce mouvement essentiel de la pensée qu'il va s'employer à réhabiliter dans sa grande oeuvre Hermès (5 vols. 1968-1981), contre la tendance opposée de la raison à la stabilité, l'ordonnancement, la séparation des savoirs : les oppositions figées (vrai et faux, notamment) tout comme le cloisonnement des activités de l'esprit (théorie et art, science et mythe, sciences de la nature et sciences humaines) sont des digues pesantes que notre époque fait exploser : entre tous les domaines, des consonances, des analogies et des rapprochements s'imposent et nous invitent à une autre manière de penser, souple, ouverte et tolérante : non dans le désordre et l'anarchie mais dans ce lieu vivant d'élaboration et de réélaboration des ordres et des hiérarchies. Ce lieu, c'est peut-être celui du corps — Les Cinq sens (1986), le Tiers-instruit (1991) — que la raison ordonnatrice a trop vite relégué dans la sphère de l'irrationnel : Michel Serres nous rappelle que c'est par la discipline du corps que l'on apprend et que l'esprit se développe, que la mémoire, premier lieu de l'ordre, est d'abord une faculté du corps, et que celui-ci possède une rationalité propre, visible par exemple dans l'activité sportive.

Liens utiles