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Mythe et poésie contiennent-ils une part de vérité ?

Publié le 07/03/2004

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À quoi reconnaît-on un mythe ? C'est d'abord un type particulier de récit dont le modèle a été donné par les histoires des dieux de la Grèce antique. Toutefois, bien des mythes ne sont pas des histoires de dieux, ce sont des histoires de héros mais distinguées des contes ou des légendes, ce sont des histoires d'ancêtres mais distinguées des récits historiques, des histoires d'animaux distinguées des fables. La plupart des sociétés opèrent elles-mêmes une classification des divers types de récits, dans laquelle il est facile de reconnaître la catégorie des mythes ; ceux-ci, à la différence des contes qui ne sont que des inventions, sont reconnus pour vrais par les sociétés qui les racontent alors que, contrairement à ce qui se passe pour les récits historiques, il n'y a pourtant là, aux yeux de l'observateur étranger, pratiquement rien de vraisemblable. Aussi, le mythe peut servir de base à la poésie, le mythe lui-même peut être sous forme de poème, on pense au mythe de l’âge d’or, à la fois source d’inspiration et fondateur du mythe lui-même.  Aussi, il s’agit de voir ce qu’il y a de commun entre le mythe et la poésie ; si ces derniers participent du même langage, de la même vision du monde.

« ne s'identifie pas avec la vérité scientifique ; il paraît bien que le mythe exprime une puissance d'imagination et dereprésentation dont on n'a encore rien dit tant qu'on s'est borné à la qualifier de « maîtresse d'erreur et defausseté ».

Les grands philosophes ont tous eu à faire avec cette puissance de l'imagination, qu'ils s'appellent Kant,Schelling, Hegel, Bergson ou Heidegger.

Quelle que soit la réponse qu'ils donnent à la question de savoir si la sorted'imagination ontologique impliquée par le mythe est finalement inférieure à la vérité d'ordre conceptuel, leurréflexion commune pointe vers une fantastique transcendantale, dont le mythe serait seulement une émergence.

L'enjeu n'est pas seulement le statut du mythe, mais celui de la vérité elle-même à laquelle on se propose de lemesurer ; la question est finalement de savoir si la vérité scientifique est toute la vérité, ou si quelque chose est ditpar le mythe qui ne pourrait pas être dit autrement ; le mythe, alors, ne serait pas allégorique, mais« tautégorique », selon le mot de Schelling : il dirait la même chose et non une autre chose.

C'est ainsi que, dans ledébat sur le mythe, la question même de la vérité est en suspens.

La philosophie moderne et contemporaine, s'intéresse essentiellement au mythe au travers de l'opposition du muthos(mythe) et du logos (discours raisonnée) dans la philosophie grecque.

C'est, en effet, d'abord commereprésentation que la philosophie rencontre le mythe et sa prétention épistémologique.

Le problème muthos-logosdevient alors le problème « représentation-concept ».

Si la philosophie est la pensée par concept, c'est unequestion de savoir si la représentation véhiculée par le mythe peut être considérée comme une préfiguration duconcept.

Deux réponses s'avèrent alors possibles : ou bien la représentation peut être réduite au concept (maisalors, pourquoi ce détour, dont les théories antiques de l'allégorie avaient montré la vanité ?) ; ou, au contraire, sil'on tient pour l'irréductibilité de la représentation au concept, alors que devient la tâche de rationalité ? (Pour celatravailler avec l'ouvrage de Kant la Religion dans les limites de la simple raison) 3) Poésies et mythes ont le même langage : Rudolf Carnap vise à faire de la philosophie une science parmi les sciences.

Dans sa Syntaxe logique du langage (1934), il veut montrer que les questions métaphysiques traditionnelles sont de pseudo-questions, dans la mesureoù leur mystère repose sur la confusion et le mélange entre des expressions se référant aux objets du monde et desexpressions se référant aux propriétés mêmes du langage.

De telles pseudo-propositions apparaissent en particulierlorsqu'on énonce des propriétés syntaxiques d'un certain langage comme s'il s'agissait de propriétés d'objets réels.

amétaphysique se révèle comme expression inadéquate de la situation de l'homme à l'égard de la vie, autrement ditd'une « vision du monde » ; il ne reste plus de la philosophie qu'une logique de la science, c'est-à-dire, pour Carnap,du moins à cette époque (1934), une « syntaxe logique du langage de la science ».

Chez ces auteurs, l'interrogationmétaphysique, déchue de toute rationalité, est niée en tant que philosophie et ramenée à l'aspiration religieuse oumystique.

Aussi, rien en dehors d'un langage scientifique qui aurait pour base l'expérience n'est vérifiable, ne peutprétendre à la vérité.

Ils associent dans leur critique tout langage dont on ne peut vérifier la vérité via l'expérience :le mythe, la métaphysique, la poésie regroupé ici ensemble sous une même fonction langagière.

Ce sont des récitstrompeurs car ils n'ont aucun appui dans la réalité.

Des mythes modernes sans contenu ? Pour Roland Barthes dans Mythologies, pour qui tout peut devenir signe, tout peut être mythe.

Par exemple, Dans une pièce de Racine, le mot « flamme » veut dire amour ; c'est aussi un simple signe permettant de reconnaîtrel'univers de la tragédie classique.

Un bifteck-frites a des qualités spécifiques ; c'est aussi le symbole d'une certainefrancité.

Bref, tout objet de discours, outre son message direct, sa dénotation, sa référence au réel, peut recevoirdes « connotations » suffisantes pour entrer dans le domaine de la signification, dans le champ des valeurs.

Ilcritique le mythe parce que celui-ci est parasite : forme sans contenu, il ne crée pas de langages, mais les vole, lesdétourne, les exploite à son profit pour, en un métalangage, faire parler obliquement les choses.

Ensuite parce qu'ilest frauduleux : masquant les traces de sa fabrication, l'historicité de sa production, il se donne hypocritementcomme allant de soi ; l'idéologie bourgeoise se constitue en pseudo-Nature, le stéréotype en évidence et la Doxa envérité éternelle.

Enfin parce qu'il est pullulant : il y a trop de signes et trop de signes exagérés, bouffis, malades ; lasignification pléthorique non seulement prolifère mais encore en rajoute, jusqu'à l'écœurement et la nausée.

Que l'onsonge à la surcharge agressive des affiches, des slogans, des images publicitaires, des gros titres).

Notrecivilisation, loin d'avoir aboli les mythes en crée sans cesse de nouveaux.

Loin d'être des récits d'explication confusde notre monde, ils sont désormais nécessaires pour comprendre un monde sans cesse en reconstruction, ils sontdes valeurs sûres illusoires… Conclusion.

La poésie et le mythe ne contiennent pas de vérité au sens scientifique du terme, où ils pourraient être considérécomme fondé sur l'expérience, vérifiable.

S'ils se rejoignent dans leur manière de se traduire dans le langage, si lemythe se traduit le plus souvent sous une forme poétique ou oral ou visuelle, on ne peut totalement associer lesdeux.

La poésie peut très bien ne pas être « mythologique », décrire simplement la réalité, des sentiments, être ensomme réaliste.

La poésie à la différence du mythe peut avoir un point de départ réel ou se placer directement dansl'imaginaire et être pris comme tel.

Le mythe, lui aura une certaine prétention à la vérité, à fonder un récit capabled'expliquer le monde et ses origines.

La poésie, elle aura une visée essentiellement esthétique.. »

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