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Ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ?

Publié le 27/02/2004

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Introduction (remarques succinctes)
* Signification générale du désir : objet de multiples approches, car semble mettre en jeu la réalité même de l'être humain.
* Ambivalence du terme : à la fois conscience d'un manque et tendance permanente de l'être en quête de sa propre affirmation.
* Au-delà des jugements de valeur (éthique traditionnelle) : nécessité de cerner l'objet même du désir et son fonctionnement réel.
* Dimension sociale de toute existence humaine : si le désir implique l'autre dès les premières expériences relationnelles, son sens peut-il se réduire à une telle détermination?
* Présentation du libellé du sujet : «Ne désire-t-on que ce qui a du prix pour autrui ? «Première partie : analyse de la question et mise en place du problème
* Implications et présupposés de l'énoncé : on désire ce qui a du prix pour autrui. Le problème à étudier semble donc tenir tout entier dans la définition du désir. Dans quelle mesure celle-ci implique-t-elle une référence à autrui? Cette référence est-elle obligée? Une réflexion sur l'objet même du désir semble nécessaire.
C'est une illusion de croire que mon désir n'est pas soumis à celui des autres. Mon désir est le désir du désir de l'autre. Il suffit qu'autrui désire une chose ou une personne pour que j'en vienne également à la désirer. Mais, il serait impossible d'expliquer l'évolution des société, la création de nouvelles valeurs, si les hommes se contentaient de désirer ce qui a du prix pour autrui. Le désir a une existence singulière.

« Deuxième partie : réalité du désir et de ses objets • Tout être vivant est animé d'un instinct de conservation, qu'on peut aussi appeler « désir de persévérer dansl'être ».

Quand ce désir prend conscience de lui-même, il s'appelle tout simplement désir ou désir d'être (cf.

Spinoza: « le désir se rapporte généralement aux hommes, en tant qu'ils ont conscience de leurs appétits et peut, pourcette raison, se définir ainsi : le Désir et l'Appétit avec conscience de lui-même», L'Éthique, livre III, proposition 9,scolie). Le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle estconçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelque chose.EXPLICATION : Nous avons dit plus haut, dans le scolie de laproposition de cette partie, que le désir est l'appétit qui aconscience de lui-même, et que l'appétit est l'essence même del'homme, en tant qu'elle est déterminée à faire les choses qui sontutiles à sa conservation.

Mais, dans le même scolie, j'ai faitobserver aussi qu'en réalité, entre l'appétit de l'homme et le désir,je ne fais aucune différence.

Car, que l'homme soit conscient ounon de son appétit, cet appétit reste un et le même ; parconséquent, pour ne pas paraître énoncer une tautologie, je n'aipas voulu expliquer le désir par l'appétit, mais j'ai pris soin de ledéfinir de façon à y comprendre à la fois tous les efforts (conatus)de la nature humaine que nous nommons appétit, volonté, désirou impulsion (impetus).

J'aurais pu dire, en effet, que le désir estl'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçue commedéterminée à faire quelque chose ; mais de cette définition [...], onne pourrait pas tirer que l'esprit peut être conscient de son désir,autrement dit de son appétit.

Donc, voulant que la cause de cette conscience fût impliquée dans ma définition, il m'a été nécessaire d'ajouter : en tant qu'elle estdéterminée par une quelconque affection d'elle-même, etc.

Car, par affection de l'essence del'homme, nous entendons toute ,organisation de cette essence, qu'elle soit innée - ou acquise -qu'elle soit conçue par le seul attribut de la pensée ou par le seul attribut de l'étendue, ou en finrapportée à l'un et à l'autre à la fois.

J'entends donc ici sous le nom de désir tous les efforts,impulsions, appétits et volitions de l'homme ; ils sont variables selon l'état variable d'un mêmehomme, et souvent opposés les uns aux autres, au point que l'homme est entraîné en divers sens etne sait où se tourner. C'est dans le livre Ill de l'Éthique que l'on peut lire l'analyse essentielle du râle du désir dans a vie humaine.Alors que pour Platon le désir traduit un manque d'être, pour Spinoza, il revêt un caractère positif.

Le désir estun mouvement qui traduit l'effort de l'homme pour persévérer dans l'être, à a fois comme corps et commeesprit. Problématique La caractéristique fondamentale de l'homme est de désirer.

Le désir traduit le rapport que nous avons avec leschoses dans la mesure où il est déterminé par les affects que nous ressentons.

Ce fait conduit Spinoza àdévelopper l'idée selon laquelle l'effort pour persévérer dans l'être (conatus) prend d'abord la forme d'un appétitnon conscient qui détermine le sujet à agir.

Ce n'est que dans un second temps que cet appétit peut fairel'objet d'une prise de conscience. Enjeux Le désir, pour Spinoza, est d'une certaine manière une activité de l'homme comme essence.

Le désir n'est pasle résultat mécanique d'une cause extérieure.

Dans un mécanisme de cause à effet, la cause est à elle seulesuffisante.

Mais en définissant le désir comme l'appétit conscient de lui-même, Spinoza suggère que laconscience apporte quelque chose de nouveau.

En effet, si la conscience au premier degré ne change rien aufait de désirer, elle rend possible une distance avec l'objet du désir et donc une plus grande lucidité. • Différent du besoin (état de tension interne lié à une privation ressentie par le sujet), le désir implique, pour l'êtrehumain, la représentation d'un objet ou d'une satisfaction, et ceci en liaison avec ce que Freud appelle une «tracemnésique» laissée par des expériences antérieures de satisfaction.

Le désir implique donc autrui dans la mesure oùles expériences de satisfaction vécues et stratifiées mettent en jeu d'autres personnes.• Il faut en outre préciser que pour l'homme en tant qu'être de culture, besoin et désir sont historiquementdéterminés et peuvent varier dans leur contenu comme dans leur diversification.

Cf sur ce point, Marx : « La formedifférente que prend la vie matérielle est chaque fois dépendante des besoins déjà développés, et la production desbesoins, tout comme leur satisfaction, est elle-même un processus historique que nous ne trouvons jamais chez un. »

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